Le culte républicain est un plagiat grossier de la liturgie monarchique. La souveraineté populaire est son trompe-l'oeil.
Je ne connais rien de mieux que le terrorisme islamiste pour affoler l'opinion.
Tous les jeux de la gloire ont été inventés par des hommes. Les règles sont faites pour eux. La testostérone a la faveur des foules.
L'assemblée est une chambre d'enregistrement. Seule la salle des Quatre-colonnes compte : monuments aux morts de la République, bustes de Jean Jaurès et d'Albert de Mun, magnétophones, micros, caméras.
Le président du Département sera absent. Il fut ségoléniste opportuniste mais Ségolène Royal est mort-née. Il a rallié Bertrand Delanoë puis François Hollande, ne négligeant pas la voie Strauss-Kahn jusqu’à ce que l’autre obsédé de la queue se fasse sucer dans un hôtel new-yorkais. Viol ou pas : le président du Département s’en fout.
Le président du Département est aussi sénateur et sa directrice de cabinet a fait des pieds et des mains pour décaler la visite de DGB, l’acronyme que la presse a donné à Djamila et qui sonne moins bougnoule que son nom de famille. »DGB », Djamila aime bien. C’est aussi neutre que ses cheveux mi-longs.
La directrice de cabinet n’a pas réussi à faire décaler sa visite. Le maire de Privas pense avoir réussi un coup. Il n’y aura vraisemblablement que lui sur la photo du Dauphiné Libéré.
Aurélien n’a circonscrit que des rancœurs politiques. Djamila connaît les rivalités intestines. Elle demande :
– C’est quoi l’histoire, déjà ?
Djamila évacue la pression d’un ricanement cynique. Le pouvoir monte toujours trop vite aux amygdales. Le chauffeur n’en perd pas une miette. Il sait pourquoi le président du Département et le maire de Privas ne peuvent pas s’encadrer. Les chauffeurs de la République savent tout. Djamila dit :
– Il va paumer Privas en 2015, comme il l’a paumée elle. Et l’autre n’y sera pas pour rien, encore une fois…
La concurrence libre et non faussée n’existe qu’à l’intérieur du parti. Ailleurs, le marché est régulé par les élections. Avec le camp ennemi, on accepte les règles du jeu. Dans le parti, on se hait sans foi ni loi. Djamila referme la pochette.
Djamila avance sur la banquette. Sa naïveté de façade est son cheval de Troie. Elle tend le dossier à Aurélien.
Aurélien est en saturation émotionnelle H24. Djamila sait tout principalement grâce à lui. Ainsi va la vie.
Le chauffeur les débarque devant un immeuble années 70 sur l’avenue Paul Riou. Le président et la directrice de l’association font le pied de grue. Le maire de Privas est radieux.
Djamila par-ci, Djamila par-là. Le maire de Privas se permet les embrassades. Il a gagné la ville grâce aux écolos. Il s’est fait désosser aux législatives par le député UMP sortant à qui il avait ravi la préfecture en 2008. Sur une vague rose. Djamila le gère à la va-vite. C’est un illuminé des étages inférieurs.
Djamila survivra grâce à son agressivité génétique. La violence est la tasse de thé dans laquelle elle ne s’est pas noyée et ne se noiera jamais. Elle a été sélectionnée parce qu’elle est née à Bron-Terraillon.
Djamila se tape un énarque. Elle l’a marié. L’énarque ne le sait pas mais elle va le quitter.
Pourtant, Djamila l’a aimé. Oui, elle l’a aimé. Surtout, elle n’aurait pas dû.
Djamila croyait que les règles étaient différentes chez les riches et les Blancs. Elle est subrepticement tombée dans le piège des sentiments. Elle sait désormais que les règles sont les mêmes partout : la réussite sourit spécialement aux voleurs, aux vicieux et aux fils de putes.
Hébert se remémore le théorème de Pasqua : quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l'affaire, et si nécessaire...
- Dans ton metier, on écrit des livres et des articles. Dans le mien, on déstabilise et on manipule.
La politique a ses logiques qu'un novice ne peut comprendre. L'humiliation y est proportionnelle à la quantité d'honneur. L'honneur fabrique de la haine et la haine fabrique des morts. Les vaincus sont prêts à tout.
-Tu sais que le Monopoly a été créé par une Américaine pour montrer les dérives du capitalisme ? Au début, les joueurs pouvaient nationaliser les banques, l'eau, l'électricité, les gares . C'est pour ça que ces cartes existent.
Le charisme n'est que de l'ambition projetée sur ke front et reconnue par des interlocuteurs serviles.