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François Médéline s'est librement inspiré de l'affaire Jérôme Cahuzac pour composer un roman noir de politique fiction absolument jubilatoire. Son double littéraire, Serge Ruggieri, est ici ministre de l'Intérieur. Mediapart révèle l'existence d'un compte caché au Luxembourg via l'enregistrement d'une conversation privée compromettante, ce qui menace la promesse d'un Etat exemplaire prôné par un François Hollande fraichement élu président de la République. En attendant le résultat de l'instruction judiciaire, une guerre de communication féroce est lancée entre les différentes parties concernées ou possiblement éclaboussées par le scandale en cours.

Le récit reprend toutes les étapes de l'affaire Cahuzac, de ses débuts en décembre 2012 jusqu'au d'avril 2013. Ce qui frappe avec une évidence immédiate, c'est l'incroyable maitrise de l'auteur à fusionner fiction et faits réels, que ce soit au travers des personnages ou de leurs actions.

Ainsi le récit en lui-même est entrecoupé de « documents en encart » : des titres et sous-titres d'articles, des extraits d'interviews et surtout d'hilarantes transcriptions d'écoutes téléphoniques de la NSA ( grâce au lanceur d'alerte Edward Snowden, on sait que l'agence gouvernementale américaine a espionné la France ) classées confidentielles, entre des hommes politiques ( Hollande et le Foll, Sarkozy et Hortefeux ) ou des journalistes ( Edwy Plenel et Fabrice Arfi ). Les dialogues fusent à tout va, c'est drôle, cynique, irrévérencieux !

Quand les personnages fictifs entrent en piste, c'est tout aussi incisivement réjouissant : la députée suppléante de Ruggieri, Djamila Garrand-Boushaki ( « Je suis jeune, je suis une femme, je suis Arabe. Ça les arrangerait si ça tournait mal pour moi »), une vraie badass qu'on déteste au départ mais dont on finit par adorer la ténacité rageuse lorsqu'elle est prise pour cible pour allumer un contre-feu ) ; le commandant Dubak ( héros de L'Ange rouge ), toujours aussi flingué mais qui n'a rien à perdre pour mener une enquête parallèle ; et mon préf', un truculent barbouze dont on découvre la vie familiale à l'opposé des coups tordus dont il est expert.

Le rythme est ébouriffant, prend à la gorge, sensation renforcée par la performance stylistique syncopé, phrases courtes débit mitraillette à la James Ellroy ( la référence revendiquée de l'auteur ). Avec cette orchestration narrative magistrale, on a beau être quelque peu blasé par la multiplication des scandales politico-judiciaires, on a beau se souvenir parfaitement de l'affaire Cahuzac, le travail de Médéline est tellement bluffant de lucidité, sa plongée dans les arcanes peu reluisants de la République tellement sidérante que le lecteur est tour à tour écoeuré, désespéré, incrédule, révolté, alors même qu'il se marre (noir) sous la percussion de la charge.

Le titre est juste parfait. Evidemment on se demande comment vont résister les différents « organes » politiques avec leurs ramifications parfois consanguines, prêts à tout pour survivre. En novembre 2023, dix ans après sa chute puis sa condamnation ( quatre ans de prison dont deux ferme, 5 ans d'inéligibilité ) Jérôme Cahuzac est réapparu dans le paysage médiatique, laissant planer le doute sur un éventuel retour en politique ( les prochaines municipales ne sont pas si loin ) …

Ce roman est incontestablement brillant, je me suis régalée.
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« La politique c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop ».

En bon Lyonnais, François Médéline a sans doute fait sien cet adage d'Edouard Herriot, ancien maire de la capitale des Gaules. Mais en parfait connaisseur des arcanes off des élus, il sait mieux que quiconque l'importance de ce « mais pas trop ».

Dans La Résistance des matériaux, il nous en fournit l'éclatante démonstration, plongeant fin 2012 Serge Ruggieri, un ministre de François Hollande, dans les affres de la fraude fiscale via compte offshore, révélée au grand public par Médiapart.

La bombinette lancée, les camps se mettent en ordre de bataille : les journalistes enfoncent le coin, progressivement, sans surtout brûler les étapes pour garder quelques atouts en main ; le clan majoritaire fait bloc et convoque officines et barbouzes pour organiser la riposte. Ou plutôt les ripostes. L'opposition veille…

Les pièces sont en place et comme en physique, reste à voir comment vont résister les différentes composantes de cette structure politique placée sous pression maximale.

Au milieu de tout cela, il y a les pièces collatérales, pas encore victimes du souffle de l'explosion, mais ça viendra : Dubak le flic marginal déjà entrevu dans L'Ange rouge et Djamila, la beurette devenue élue régionale, députée suppléante du ministre et épouse de son dircab.

Continuant à alterner le roman historique et le polar politique, François Médéline renoue avec ce dernier genre et signe assurément son livre le plus abouti.

Jouant avec beaucoup d'aisance entre faits réels (2012, ministre d'Hollande, compte offshore, déni… : toute ressemblance nananinanère…) et fiction, il excelle à reproduire les réactions du microcosme et on se délecte des échanges entre le Foll, Mosco, Sarko, Guéant et consorts, sous l'écoute attentive des grandes oreilles de l'Oncle Sam. Un régal !

Il réussit surtout à parfaitement décrire les incidences politiques entre le national et le local, cette dernière dimension étant particulièrement bien traitée pour qui connaît un peu ses arcanes.

C'est punchy, cash, cynique et la trame se déroule sans temps mort au rythme d'un fil de dépêches AFP. Avec au passage, quelques clins d'oeil appuyés de l'auteur à des seconds rôles de choix : un chef de sécurité au nom de Corvoisier et un pote de la DCRI fan du PSG au nom de Wespiser

Au même titre qu'un Dugain ou qu'un Leroy, Médéline est un as de la littérature politique fictionnelle. Et perso, j'adore cela quand c'est aussi bien traité. Alors amateurs du genre, on se précipite !
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François Médéline propose un roman noir, sur fond de politique et de manoeuvres financières, s'inspirant fortement d'une affaire réelle. Au coeur du pouvoir français, La résistance des matériaux montre à travers son intrigue le monde du pouvoir où hommes et femmes sont prêts à tout pour le garder. Tous les coups sont permis dans leur monde à condition que le scandale passe inaperçu ou soit caché par un autre, même si c'est un autre mensonge. L'écrivain raconte le pouvoir qui rend fou avec précision et documentation. Est-ce que la fiction est en deçà de la réalité ?

Djamila jeune politicienne “beurette” est vice-présidente de la Région et députée de Lyon, suppléante du ministre Rugieri. Elle est la soixante-douzième députée la plus active de l'Assemblée. Son mari est le chef de cabinet du ministre. Elle porte d'ailleurs son nom, Garand-Boushaki.

Le Commandant Alain Dubak fait partie de la brigade financière. Ce poste lui fut attribué après de nombreux échecs et dérives personnelles. Difficile de faire moins motiver, tant Dubak chemine avec son mal-être encombrant ! Son équipe est restreinte avec le capitaine Joseph Filippo et la lieutenante Peggy Guilleminot, appelée à des responsabilités futures, certaines.

Gérald Hebert, issu d'une formation à la DST, choisit d'arrondir ses fins de mois avec des contrats complètement illégaux. Ses anciennes connaissantes lui servent dans ses projets actuels.

Et, pour Serge Ruggieri, ministre de l'intérieur sous Hollande, on lui reproche d'avoir détenu un compte bancaire non déclaré dans une banque du Luxembourg.

Vous trouvez que cela ressemble à une affaire connue. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes n'est pas fortuite !

Tous les meilleurs journalistes d'investigation financière sont dans le roman de François Médéline : Denis Robert, l'homme de Clearstream, I et II, bien sûr, et, Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart, y tient une place centrale au titre de l'enquêteur de l'affaire Cahusac. Au moment où l'ancien ministre refait surface en politique croyant qu'en morale, on peut repartir à zéro sous prétexte qu'on a purgé sa peine de prison, ce roman apporte des éclairages significatifs concernant le traitement médiatique, social et politique d'une affaire comme celle-ci.

François Médéline implante son décor en prenant son temps afin de permettre au lecteur d'appréhender toutes les ramifications de l'affaire. Celle-ci devient alors une tragédie à quatre protagonistes dont l'un pourrait être anéanti ! Car, il s'agit bien d'un roman et non d'une enquête. La fiction est très réaliste entre ces personnages qui racontent, comme un roman choral, leurs points de vue, entrecoupés d'articles ou d'extraits de documents de toutes sortes.

Mais qui se cache sous le pseudonyme de François Médéline pour être aussi bien informé ! Ex-conseiller politique, directeur de cabinet et directeur de communication, en fait, il connaît le milieu, les coups bas. Aussi, il décrit parfaitement les mensonges racontés droit dans les yeux, toute cette perversion du sens des mots qui gangrène actuellement notre classe politique. de par ses compétences en communication, les techniques de contre-feux médiatiques y sont détaillées.

La complexité de l'affaire est parfaitement documentée ! François Médéline réussit une fiction si réelle que le lecteur se prend à la détricoter en faisant des comparaisons avec des affaires réelles. Passionnante et très bien écrite, cette intrigue mérite toute notre attention pour comprendre les méandres des relations des puissants et tenter d'en déjouer leurs manipulations.
Une belle découverte pour moi !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que la tentative de retour aux affaires politiques de Jérôme Cahuzac paraît quelque peu compromise face au tollé que cet ancien ministre délégué au Budget a provoqué dans l'ensemble des médias, en affirmant avoir toute la légitimité pour briguer un nouveau mandat en estimant qu'il avait payé sa dette après avoir purgé sa peine suite à sa condamnation pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Exit donc tous les aspects de la confiance qu'il avait piétiné en s'inscrivant dans une logique de mensonge. Mais finalement, on saluera cette tentative de come-back mettant en perspective La Résistance Des Matériaux, nouveau roman noir de François Médéline qui, avec un sens du timing se révélant plus que parfait, s'inspire très librement de la trajectoire hallucinante de cet homme politique qui avait nié avec ferveur, "les yeux dans les yeux", les assertions des journalistes de Médiapart faisant état de la possession d'un compte non-déclaré à l'étranger. Il faut dire que François Médéline connait parfaitement les rouages du monde politique en ayant occupé, durant dix ans, des fonctions de conseiller, de chargé en communication et même de chef de cabinet auprès de divers élus de la République avant de se lancer dans l'écriture pour retranscrire son expérience avec La Politique du tumulte (La Manufacture de livres 2014), un premier roman noir s'articulant notamment autour du clivage entre Chirac et Balladur lors de la campagne présidentielles de 1995. François Médéline réitèrera l'expérience du thriller politique avec Tuer Jupiter où il imagine toute une machination autour de l'orchestration et de la mise en oeuvre d'un attentat visant le président Emmanuel Macron. On le voit, il y a cet esprit de provocation et de singularité qui rejaillit dans l'ensemble de ses textes à l'instar de polars sombres tels que Les Rêves de Guerre (La Manufacture de livres 2014) ou plus récemment L'Ange Rouge (La Manufacture de livres 2020) dont on retrouve certains protagonistes dans La Résistance Des Matériaux à l'instar du commandant Alain Dubak qui va donc évoluer dans les arcanes d'un monde politique dévoyé que l'auteur dézingue avec une énergie peu commune.

Le gouvernement exemplaire de François Hollande a du plomb dans l'aile lorsque Serge Ruggieri, ministre de l'Intérieur, est mis en cause dans les colonnes de Médiapart affirmant qu'il posséderait un compte caché au Luxembourg qui lui aurait permis de dissimuler, pendant des années, des fonds aux origines douteuses. S'ensuit une guerre de communication avec un ministre qui s'emploie à affirmer son innocence auprès de tous les médias et de toutes les instances politiques, ceci jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Mais dans les arcanes de la République chacun se prépare pour tirer son épingle du jeu au cas où Ruggieri tomberait, en prenant soin de ne pas se laisser entrainer dans sa chute. Nicolas Sarkozy se dit qu'il y a un coup à jouer dans le cadre des prochaines élections présidentielles. Dans de telles circonstances, un important entrepreneur du pays, principal soutien de Ruggieri, s'emploie à mettre en place un contre-feu afin de détourner l'attention du public, en mandatant Gérald Hébert, un homme de main inquiétant, qui va monter un pseudo scandale pour impliquer la jeune députée Djamila Garrand-Boushaki dans une affaire de terrorisme. Une machination qui risque de tourner court avec l'intervention du commandant Dubak de la SRPJ de Lyon qui est chargé d'établir un rapport administratif en lien avec l'affaire Ruggieri. Une enquête de routine qui va pourtant révéler quelques zones d'ombre extrêmement troublantes.

Il y a chez François Médéline, cette capacité tout à fait hallucinante à concilier la fiction aux faits réels en atteignant un seuil de perfection absolue avec La Résistance Des Matériaux dont l'intrigue reprend les étapes de l'affaire Cahuzac, ce scandale d'état qui a défrayé la chronique et que l'auteur a décidé d'attribuer au personnage fictif de Serge Ruggieri afin de s'accorder une marge de manoeuvre lui permettant de piloter son intrigue à sa convenance. Mais pour distiller davantage de vraisemblance dans les entrelacs d'une affaire abondamment commentée et dont nous connaissons les principaux ressorts, François Médéline a eu l'heureuse idée d'intégrer sa perception des parties prenantes de ce scandale au gré du procédé tout "ellroyen" de transcriptions de la NSA captant les conversations téléphoniques entre François Hollande et ses ministres François le Foll et Pierre Moscovici, de celles mettant en exergue les velléités de reconquête de Nicolas Sarkozy conversant avec Claude Guéant et Eric Woerth empêtré jusqu'au cou dans la prise illégale d'intérêt dans le cadre de la vente d'une partie du domaine de Compiègne, ainsi que les discussions entre les journaliste Edwy Plenel et Fabrice Arfy s'interrogeant sur le moment de point de rupture d'un homme politique acculé et empêtré dans ses mensonges. Il faut y ajouter quelques encarts des journaux ainsi que l'interview de Jean-Michel Apathie, où le ministre de l'intérieur s'enferre dans le déni, pour observer les manoeuvres malsaines qui se mettent en place sur l'échiquier du marigot politique français. A partir de cette orchestration dynamique, on observera les entrelacs des arcanes du pouvoir par le prisme de la députée Djamila Garrand-Boushaki dont on suit le parcours chahuté par les éclats du scandale rejaillissant notamment sur les épaules de son mari qui, en tant que chef du cabinet de Serge Ruggieri, s'emploie à limiter la casse avec l'aide de toute une armée de communicants. On appréciera la force de caractère de cette femme ambitieuse qui s'aperçoit avec un certain fatalisme que tous les moyens sont bons pour sauver sa peau tout en faisant les frais d'une machination savamment orchestrée pour la mettre dans l'embarras en impliquant ses frères dans une affaire de terrorisme islamiste. L'homme des basses-oeuvres, c'est Gérald Herbert, un ancien barbouze de la DST se mettant désormais au service d'individus puissants et dont il faut souligner l'ambivalence géniale entre une vie de famille banale de père et mari aimant et les machinations occultes, parfois mortelles, qu'il organise pour discréditer les adversaires de ses employeurs. Pour contrer les manoeuvre visant à discréditer la députée, ce sera le commandant Alain Dubak qui fera office de preux chevalier, même si le policier semble avoir un peu morflé après l'affaire de L'Ange Rouge qui l'avait mis sur le grill il y a de cela 15 ans. Désormais affecté à la brigade financière de la SRPJ de Lyon, le personnage, débarrassé de ses excès, ftrimbale son ennui et son désenchantement même si une étincelle paraît l'animer à la rencontre de la députée qu'il va tenter de protéger par tous les moyens. Tout cet ensemble parfaitement orchestré se décline au rythme de petites phrases cinglantes et brutales qui vous bousculent en permanence en alimentant un texte maitrisé de bout en bout qui font de la Résistance Des Matériaux un récit lucide et mordant nous permettant d'appréhender, avec une certaine aisance, les entrelacs complexes des arcanes de la politique française que François Médéline dynamite sans complaisance, ceci pour notre plus grand plaisir.


François Médéline : La Résistance Des Matériaux. Editions La Manufacture de livres 2024.

A lire en écoutant : The World's Smiling Now de Jim James. Eternally Even. 2016 ATO Records.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Alors : oui, l'écriture est dingue et la plume-mitraillette rend le récit glaçant et palpitant MAIS c'est quoi ce synopsis qui dévoile 400 pages de l'intrigue, sérieux ?

Je suis blasé car cette plongée dans les arcanes du pouvoir aurait pu être spectaculaire mais tout était couru d'avance. le bouquin s'auto-divulgâche et c'est super rageant.
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Je découvrait Médeline avec ce roman. d'emblee on sent derrière ce roman l affaire Cahuzac qui a été une épine dna sle pied du gouvernement Hollande. Et l auteur nous fait vivre cette bombe politique de l intérieur. Ce que l on peut souligner c est le travail d orfèvre de l auteur pour nous décrire l envers du décor politique, et les petites conversations d archives (vraies ou inventées ?) Avec nos hommes politiques.
En revanche l intrigue je la trouve relativement faiblarde car tout tourne autour de ce compte luxembourgeois, et 450 pages la dessus me paraît très long. Et même le contre feu terroriste allumé pour faire contre poids à cette info, manque de place. Je trouve également un manque de rythme et de personnages forts dans ce roman. Je n ai pas été totalement convaincu même si je trouvais l idée plutôt bonne.
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Un polar dense et aride, à l'image du sujet abordé. On y suit, par l'histoire de trois personnages, dans les dessous de l'affaire Ruggieri, qui n'est que la modification du nom de Jérôme Cahuzac.

Je le formule de manière lourde volontairement : on parle beaucoup d'un livre qui serait "librement inspiré" par l'affaire Cahuzac. Il est cependant truffé d'archives réelles, d'articles de presse ou de compte-rendu d'émissions radio-télévisuelles, in extenso (où seuls les noms réels sont modifiés).

Il arrive parfois de perdre un peu le fil dans ces personnages qui oeuvrent de différentes manières pour exploiter l'affaire à leurs propres fins. Pour le côté fictif, on y retrouve un inspecteur de police proche du placard, une députée issue des minorités et un homme de main sans scrupules, qui vont finir par tous se rencontrer.

L'intrigue fictionnelle, est en elle-même assez froide et factuelle, mais c'est à l'image du style lapidaire de François Médéline, qui divise mais qui fait mouche. le travail de recherche, d'exhumation de documents donne le vertige, et laisse envisager tout le cynisme d'un système politique qui change parfois de couleurs, mais pas de fond.

Sans aller dans la rapidité d'un "tous pourris", les écoutes téléphoniques donnent à voir de manière intéressante l'image de l'homo politicus qui n'a pas à faire attention à ce qu'il dit (Sarkozy est fidèle à lui-même, là où Hollande, le gentil Casimir, se montre bien plus fin et redoutable qu'il n'y paraît). Médéline joue d'ailleurs sur le flou, puisque les enregistrements sont de l'ordre du fictif.

Un thriller politique exigeant mais satisfaisant : s'il fait preuve de sécheresse, le style de Médéline est aussi profondément drôle. Les phrases sont lapidaires et sans pitié pour les personnages qui ont eu le malheur de finir sous sa plume. Un livre qui oscille entre le roman de gare et la fine connaissance des dessous cradingues de la République, dont on attend toujours l'exemplarité tant promise, et qui ne semble pas au programme, dix ans après.
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Cette histoire rappelle "étrangement" l'affaire Cahuzac du nom du ministre des finances ayant un compte en suisse et qui nia farouchement pendant de longues semaines en posséder un.
Donc, pas vraiment de "suspense" à attendre.
Par ailleurs, l'écriture me rebute un peu.
Surtout après avoir lu Ken Follett ou des prix Goncourt.
Ce livre n'est donc pas pour moi.
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Brûlante et sombre, d'un humour noir irrésistible, une brillante et sauvage transposition policière de l'affaire Cahuzac et des avidités d'argent et de pouvoir qui irriguent une si grande part de la politique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/15/note-de-lecture-la-resistance-des-materiaux-francois-medeline/

Alain Dubak est de retour. Nous avions laissé notre commandant du SRPJ lyonnais fort mal en point, humainement, psychologiquement, physiquement et administrativement, à la fin de « L'ange rouge » (2020). Placardisé depuis des années par sa hiérarchie, il va se retrouver mêlé, en ce début 2013, à une affaire qui fait (une fois de plus ?) trembler la République : le journal en ligne Médiapart accuse le ministre de l'intérieur du gouvernement du premier ministre Jean-Marc Ayrault et du président François Hollande, Serge Ruggieri, de détenir un compte caché au Luxembourg. le puissant politicien nie, oubliant trop vite la technique du rasoir à deux lames (ou même trois) souvent utilisée par les meilleurs journalistes d'investigation (Fabrice Arfi, Edwy Plenel et Denis Robert jouent ainsi leur propre rôle dans ce roman – qui constitue par bien des aspects parfois inattendus une forme d'hommage à leur travail) : attendre le déni initial du politicien ou de l'affairiste fautif pour mieux le confronter à ses mensonges en publiant les preuves suivantes quelque temps après ses déclarations outrées. Tandis que la panique s'empare du Parti Socialiste et que la droite revancharde ricane et se prépare, un puissant groupe de BTP – qui ne voudrait pas que la chute envisagée du ministre entraîne de graves révélations sur certaines de ses activités – cherche à allumer en urgence un contre-feu le plus diabolique et efficace possible, et croit avoir trouver la martingale de rêve en ciblant la jeune députée Djamila Garrand-Boushaki, issue de l'immigration comme disent certains, épouse du chef de cabinet de Serge Ruggieri, et soeur d'un islamiste qui pourrait bien avoir été radicalisé. Dans cette tourmente qui n'a rien à envier à celle mise en scène par l'auteur dans « La politique du tumulte », à l'époque des rivalités exacerbées entre Jacques Chirac et Édouard Balladur, Alain Dubak et son équipe joueront-ils à nouveau leur rôle de grain de sable imprévisible, pourtant destiné à faire capoter au moins en partie les machinations de celles et ceux pour qui l'argent et le pouvoir comptent plus que tout.

Dans cette transposition échevelée et acérée de l'affaire Cahuzac (même si le ministre de l'intérieur Serge Ruggieri emprunte ici également de nombreux traits à Manuel Valls, en plus de ceux du ministre du budget – et de la lutte contre la fraude fiscale, donc – de l'époque), François Médéline déploie son art au sommet.

Même si on adore sur ce blog son travail de pénétration sulfureuse de certaines heures noires encore récentes de notre histoire (dans « La sacrifiée du Vercors » ou dans « Les larmes du Reich », par exemple), c'est certainement lorsqu'il nous plonge dans les dessous immensément retors de la politique française contemporaine, en mêlant les citations directes de personnages bien réels et les inventions pures mais (hélas, souvent) si crédibles, qu'il atteint son apogée acérée. Comme Jérôme Leroy ou Dominique Manotti, et bien qu'utilisant des moyens techniques et littéraires bien différents, il excelle ici (mobilisant aussi écoutes de la NSA et entretiens avec de grands médias français – « Tuer Jupiter » n'est bien entendu pas si loin) à mettre en scène les coups de billard à bandes nombreuses et les instrumentations multiples et ramifiées, au service permanent du détournement des moyens (et de l'esprit) de l'État à des fins largement personnelles.

En goûtant la subtile présence en arrière-plan des deux personnages que sont Hugues Corvoisier et Thierry Wespiser – car les clins d'oeil et les private jokes peuvent aussi être parfaitement élégants -, on appréciera à leur immense valeur le réalisme cru, l'inventivité rusée et l'humour sombre de ce roman brûlant, publié en janvier 2024 chez La Manufacture de Livres.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Sujet, verbe, complément…
J'aime bien les phrases courtes, habituellement, elles donnent du rythme au récit. Hélas, ce n'est pas le cas ici. Il s'agit plutôt, de phrases hachées, sèches comme un coup de trique.
Exemple « Zinedine est pieds-nus. Djamila lui roule une pelle. Zinedine lui léchouille les orteils. »
« Hicham mange des momos. Il plonge les raviolis dans la sauce pimentée. Il s'arrache la bouche et boit beaucoup trop d'eau. »
« Mamy se sert un autre pastaga. Dubak boit un deuxième soda. Ils ne jouent pas au Scrabble. Dubak dort sur le canapé. »
Je ne parle pas de l'intérêt de détails complètement inutiles comme le montrent les citations précédentes…
Peut-être un nouveau style d'écriture, peut-être inspiré du rap. En tous cas, pas du James Ellroy dont l'auteur s'en revendique…

Bon, il faut se concentrer et suivre l'intrigue. D'autant plus que le thème me passionne, il s'agit des coulisses de la politique
On comprend immédiatement que le personnage central, Serge Ruggieri, est le double littéraire de Jérôme Cahuzac. On apprend aussi l'existence d'un compte caché au Luxembourg, via Médiapart, avec le risque de dégrader l'image « zéro scandale financier » prôné par François Hollande. La guerre de la communication commence.
Des personnages fictifs entrent en jeu, tous plus improbables, les uns que les autres.
450 pages autour du compte luxembourgeois, c'est bien long. D'autant plus que l'intrigue fait pschitt très rapidement.

Personnages peu crédibles, récit qui traine en longueur, écriture insupportable… Un livre à oublier…
Désolée, c'est rare quand cela m'arrive, mais il est important aussi de dire quand on n'aime pas un roman et pourquoi.
Et bien sûr, cela n'engage que moi.

Merci à lecteurs.com et à La Manufacture de Livres



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