AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782385530495
496 pages
La manufacture de livres (04/01/2024)
3.37/5   34 notes
Résumé :
L’affaire débute dans Médiapart. Serge Ruggieri, ministre de François Hollande, dissimulerait des millions au Luxembourg. L’image de l’état exemplaire se ternit et tandis qu’une guerre de communication s’engage, président, ministres, députés placent leurs pions pour éviter de couler si Ruggieri tombait. Nicolas Sarkozy, lui, espère profiter de la situation. Dans les marges grises de la République, un géant du BTP ne compte pas attendre les résultats de l’enquête pou... >Voir plus
Que lire après La Résistance des matériauxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 34 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
3 avis
François Médéline s'est librement inspiré de l'affaire Jérôme Cahuzac pour composer un roman noir de politique fiction absolument jubilatoire. Son double littéraire, Serge Ruggieri, est ici ministre de l'Intérieur. Mediapart révèle l'existence d'un compte caché au Luxembourg via l'enregistrement d'une conversation privée compromettante, ce qui menace la promesse d'un Etat exemplaire prôné par un François Hollande fraichement élu président de la République. En attendant le résultat de l'instruction judiciaire, une guerre de communication féroce est lancée entre les différentes parties concernées ou possiblement éclaboussées par le scandale en cours.

Le récit reprend toutes les étapes de l'affaire Cahuzac, de ses débuts en décembre 2012 jusqu'au d'avril 2013. Ce qui frappe avec une évidence immédiate, c'est l'incroyable maitrise de l'auteur à fusionner fiction et faits réels, que ce soit au travers des personnages ou de leurs actions.

Ainsi le récit en lui-même est entrecoupé de « documents en encart » : des titres et sous-titres d'articles, des extraits d'interviews et surtout d'hilarantes transcriptions d'écoutes téléphoniques de la NSA ( grâce au lanceur d'alerte Edward Snowden, on sait que l'agence gouvernementale américaine a espionné la France ) classées confidentielles, entre des hommes politiques ( Hollande et le Foll, Sarkozy et Hortefeux ) ou des journalistes ( Edwy Plenel et Fabrice Arfi ). Les dialogues fusent à tout va, c'est drôle, cynique, irrévérencieux !

Quand les personnages fictifs entrent en piste, c'est tout aussi incisivement réjouissant : la députée suppléante de Ruggieri, Djamila Garrand-Boushaki ( « Je suis jeune, je suis une femme, je suis Arabe. Ça les arrangerait si ça tournait mal pour moi »), une vraie badass qu'on déteste au départ mais dont on finit par adorer la ténacité rageuse lorsqu'elle est prise pour cible pour allumer un contre-feu ) ; le commandant Dubak ( héros de L'Ange rouge ), toujours aussi flingué mais qui n'a rien à perdre pour mener une enquête parallèle ; et mon préf', un truculent barbouze dont on découvre la vie familiale à l'opposé des coups tordus dont il est expert.

Le rythme est ébouriffant, prend à la gorge, sensation renforcée par la performance stylistique syncopé, phrases courtes débit mitraillette à la James Ellroy ( la référence revendiquée de l'auteur ). Avec cette orchestration narrative magistrale, on a beau être quelque peu blasé par la multiplication des scandales politico-judiciaires, on a beau se souvenir parfaitement de l'affaire Cahuzac, le travail de Médéline est tellement bluffant de lucidité, sa plongée dans les arcanes peu reluisants de la République tellement sidérante que le lecteur est tour à tour écoeuré, désespéré, incrédule, révolté, alors même qu'il se marre (noir) sous la percussion de la charge.

Le titre est juste parfait. Evidemment on se demande comment vont résister les différents « organes » politiques avec leurs ramifications parfois consanguines, prêts à tout pour survivre. En novembre 2023, dix ans après sa chute puis sa condamnation ( quatre ans de prison dont deux ferme, 5 ans d'inéligibilité ) Jérôme Cahuzac est réapparu dans le paysage médiatique, laissant planer le doute sur un éventuel retour en politique ( les prochaines municipales ne sont pas si loin ) …

Ce roman est incontestablement brillant, je me suis régalée.
Commenter  J’apprécie          11424
« La politique c'est comme l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop ».

En bon Lyonnais, François Médéline a sans doute fait sien cet adage d'Edouard Herriot, ancien maire de la capitale des Gaules. Mais en parfait connaisseur des arcanes off des élus, il sait mieux que quiconque l'importance de ce « mais pas trop ».

Dans La Résistance des matériaux, il nous en fournit l'éclatante démonstration, plongeant fin 2012 Serge Ruggieri, un ministre de François Hollande, dans les affres de la fraude fiscale via compte offshore, révélée au grand public par Médiapart.

La bombinette lancée, les camps se mettent en ordre de bataille : les journalistes enfoncent le coin, progressivement, sans surtout brûler les étapes pour garder quelques atouts en main ; le clan majoritaire fait bloc et convoque officines et barbouzes pour organiser la riposte. Ou plutôt les ripostes. L'opposition veille…

Les pièces sont en place et comme en physique, reste à voir comment vont résister les différentes composantes de cette structure politique placée sous pression maximale.

Au milieu de tout cela, il y a les pièces collatérales, pas encore victimes du souffle de l'explosion, mais ça viendra : Dubak le flic marginal déjà entrevu dans L'Ange rouge et Djamila, la beurette devenue élue régionale, députée suppléante du ministre et épouse de son dircab.

Continuant à alterner le roman historique et le polar politique, François Médéline renoue avec ce dernier genre et signe assurément son livre le plus abouti.

Jouant avec beaucoup d'aisance entre faits réels (2012, ministre d'Hollande, compte offshore, déni… : toute ressemblance nananinanère…) et fiction, il excelle à reproduire les réactions du microcosme et on se délecte des échanges entre le Foll, Mosco, Sarko, Guéant et consorts, sous l'écoute attentive des grandes oreilles de l'Oncle Sam. Un régal !

Il réussit surtout à parfaitement décrire les incidences politiques entre le national et le local, cette dernière dimension étant particulièrement bien traitée pour qui connaît un peu ses arcanes.

C'est punchy, cash, cynique et la trame se déroule sans temps mort au rythme d'un fil de dépêches AFP. Avec au passage, quelques clins d'oeil appuyés de l'auteur à des seconds rôles de choix : un chef de sécurité au nom de Corvoisier et un pote de la DCRI fan du PSG au nom de Wespiser

Au même titre qu'un Dugain ou qu'un Leroy, Médéline est un as de la littérature politique fictionnelle. Et perso, j'adore cela quand c'est aussi bien traité. Alors amateurs du genre, on se précipite !
Commenter  J’apprécie          330
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la tentative de retour aux affaires politiques de Jérôme Cahuzac paraît quelque peu compromise face au tollé que cet ancien ministre délégué au Budget a provoqué dans l'ensemble des médias, en affirmant avoir toute la légitimité pour briguer un nouveau mandat en estimant qu'il avait payé sa dette après avoir purgé sa peine suite à sa condamnation pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale. Exit donc tous les aspects de la confiance qu'il avait piétiné en s'inscrivant dans une logique de mensonge. Mais finalement, on saluera cette tentative de come-back mettant en perspective La Résistance Des Matériaux, nouveau roman noir de François Médéline qui, avec un sens du timing se révélant plus que parfait, s'inspire très librement de la trajectoire hallucinante de cet homme politique qui avait nié avec ferveur, "les yeux dans les yeux", les assertions des journalistes de Médiapart faisant état de la possession d'un compte non-déclaré à l'étranger. Il faut dire que François Médéline connait parfaitement les rouages du monde politique en ayant occupé, durant dix ans, des fonctions de conseiller, de chargé en communication et même de chef de cabinet auprès de divers élus de la République avant de se lancer dans l'écriture pour retranscrire son expérience avec La Politique du tumulte (La Manufacture de livres 2014), un premier roman noir s'articulant notamment autour du clivage entre Chirac et Balladur lors de la campagne présidentielles de 1995. François Médéline réitèrera l'expérience du thriller politique avec Tuer Jupiter où il imagine toute une machination autour de l'orchestration et de la mise en oeuvre d'un attentat visant le président Emmanuel Macron. On le voit, il y a cet esprit de provocation et de singularité qui rejaillit dans l'ensemble de ses textes à l'instar de polars sombres tels que Les Rêves de Guerre (La Manufacture de livres 2014) ou plus récemment L'Ange Rouge (La Manufacture de livres 2020) dont on retrouve certains protagonistes dans La Résistance Des Matériaux à l'instar du commandant Alain Dubak qui va donc évoluer dans les arcanes d'un monde politique dévoyé que l'auteur dézingue avec une énergie peu commune.

Le gouvernement exemplaire de François Hollande a du plomb dans l'aile lorsque Serge Ruggieri, ministre de l'Intérieur, est mis en cause dans les colonnes de Médiapart affirmant qu'il posséderait un compte caché au Luxembourg qui lui aurait permis de dissimuler, pendant des années, des fonds aux origines douteuses. S'ensuit une guerre de communication avec un ministre qui s'emploie à affirmer son innocence auprès de tous les médias et de toutes les instances politiques, ceci jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Mais dans les arcanes de la République chacun se prépare pour tirer son épingle du jeu au cas où Ruggieri tomberait, en prenant soin de ne pas se laisser entrainer dans sa chute. Nicolas Sarkozy se dit qu'il y a un coup à jouer dans le cadre des prochaines élections présidentielles. Dans de telles circonstances, un important entrepreneur du pays, principal soutien de Ruggieri, s'emploie à mettre en place un contre-feu afin de détourner l'attention du public, en mandatant Gérald Hébert, un homme de main inquiétant, qui va monter un pseudo scandale pour impliquer la jeune députée Djamila Garrand-Boushaki dans une affaire de terrorisme. Une machination qui risque de tourner court avec l'intervention du commandant Dubak de la SRPJ de Lyon qui est chargé d'établir un rapport administratif en lien avec l'affaire Ruggieri. Une enquête de routine qui va pourtant révéler quelques zones d'ombre extrêmement troublantes.

Il y a chez François Médéline, cette capacité tout à fait hallucinante à concilier la fiction aux faits réels en atteignant un seuil de perfection absolue avec La Résistance Des Matériaux dont l'intrigue reprend les étapes de l'affaire Cahuzac, ce scandale d'état qui a défrayé la chronique et que l'auteur a décidé d'attribuer au personnage fictif de Serge Ruggieri afin de s'accorder une marge de manoeuvre lui permettant de piloter son intrigue à sa convenance. Mais pour distiller davantage de vraisemblance dans les entrelacs d'une affaire abondamment commentée et dont nous connaissons les principaux ressorts, François Médéline a eu l'heureuse idée d'intégrer sa perception des parties prenantes de ce scandale au gré du procédé tout "ellroyen" de transcriptions de la NSA captant les conversations téléphoniques entre François Hollande et ses ministres François le Foll et Pierre Moscovici, de celles mettant en exergue les velléités de reconquête de Nicolas Sarkozy conversant avec Claude Guéant et Eric Woerth empêtré jusqu'au cou dans la prise illégale d'intérêt dans le cadre de la vente d'une partie du domaine de Compiègne, ainsi que les discussions entre les journaliste Edwy Plenel et Fabrice Arfy s'interrogeant sur le moment de point de rupture d'un homme politique acculé et empêtré dans ses mensonges. Il faut y ajouter quelques encarts des journaux ainsi que l'interview de Jean-Michel Apathie, où le ministre de l'intérieur s'enferre dans le déni, pour observer les manoeuvres malsaines qui se mettent en place sur l'échiquier du marigot politique français. A partir de cette orchestration dynamique, on observera les entrelacs des arcanes du pouvoir par le prisme de la députée Djamila Garrand-Boushaki dont on suit le parcours chahuté par les éclats du scandale rejaillissant notamment sur les épaules de son mari qui, en tant que chef du cabinet de Serge Ruggieri, s'emploie à limiter la casse avec l'aide de toute une armée de communicants. On appréciera la force de caractère de cette femme ambitieuse qui s'aperçoit avec un certain fatalisme que tous les moyens sont bons pour sauver sa peau tout en faisant les frais d'une machination savamment orchestrée pour la mettre dans l'embarras en impliquant ses frères dans une affaire de terrorisme islamiste. L'homme des basses-oeuvres, c'est Gérald Herbert, un ancien barbouze de la DST se mettant désormais au service d'individus puissants et dont il faut souligner l'ambivalence géniale entre une vie de famille banale de père et mari aimant et les machinations occultes, parfois mortelles, qu'il organise pour discréditer les adversaires de ses employeurs. Pour contrer les manoeuvre visant à discréditer la députée, ce sera le commandant Alain Dubak qui fera office de preux chevalier, même si le policier semble avoir un peu morflé après l'affaire de L'Ange Rouge qui l'avait mis sur le grill il y a de cela 15 ans. Désormais affecté à la brigade financière de la SRPJ de Lyon, le personnage, débarrassé de ses excès, ftrimbale son ennui et son désenchantement même si une étincelle paraît l'animer à la rencontre de la députée qu'il va tenter de protéger par tous les moyens. Tout cet ensemble parfaitement orchestré se décline au rythme de petites phrases cinglantes et brutales qui vous bousculent en permanence en alimentant un texte maitrisé de bout en bout qui font de la Résistance Des Matériaux un récit lucide et mordant nous permettant d'appréhender, avec une certaine aisance, les entrelacs complexes des arcanes de la politique française que François Médéline dynamite sans complaisance, ceci pour notre plus grand plaisir.


François Médéline : La Résistance Des Matériaux. Editions La Manufacture de livres 2024.

A lire en écoutant : The World's Smiling Now de Jim James. Eternally Even. 2016 ATO Records.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
Commenter  J’apprécie          130
François Médéline propose un roman noir, sur fond de politique et de manoeuvres financières, s'inspirant fortement d'une affaire réelle. Au coeur du pouvoir français, La résistance des matériaux montre à travers son intrigue le monde du pouvoir où hommes et femmes sont prêts à tout pour le garder. Tous les coups sont permis dans leur monde à condition que le scandale passe inaperçu ou soit caché par un autre, même si c'est un autre mensonge. L'écrivain raconte le pouvoir qui rend fou avec précision et documentation. Est-ce que la fiction est en deçà de la réalité ?

Djamila jeune politicienne “beurette” est vice-présidente de la Région et députée de Lyon, suppléante du ministre Rugieri. Elle est la soixante-douzième députée la plus active de l'Assemblée. Son mari est le chef de cabinet du ministre. Elle porte d'ailleurs son nom, Garand-Boushaki.

Le Commandant Alain Dubak fait partie de la brigade financière. Ce poste lui fut attribué après de nombreux échecs et dérives personnelles. Difficile de faire moins motiver, tant Dubak chemine avec son mal-être encombrant ! Son équipe est restreinte avec le capitaine Joseph Filippo et la lieutenante Peggy Guilleminot, appelée à des responsabilités futures, certaines.

Gérald Hebert, issu d'une formation à la DST, choisit d'arrondir ses fins de mois avec des contrats complètement illégaux. Ses anciennes connaissantes lui servent dans ses projets actuels.

Et, pour Serge Ruggieri, ministre de l'intérieur sous Hollande, on lui reproche d'avoir détenu un compte bancaire non déclaré dans une banque du Luxembourg.

Vous trouvez que cela ressemble à une affaire connue. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes n'est pas fortuite !

Tous les meilleurs journalistes d'investigation financière sont dans le roman de François Médéline : Denis Robert, l'homme de Clearstream, I et II, bien sûr, et, Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart, y tient une place centrale au titre de l'enquêteur de l'affaire Cahusac. Au moment où l'ancien ministre refait surface en politique croyant qu'en morale, on peut repartir à zéro sous prétexte qu'on a purgé sa peine de prison, ce roman apporte des éclairages significatifs concernant le traitement médiatique, social et politique d'une affaire comme celle-ci.

François Médéline implante son décor en prenant son temps afin de permettre au lecteur d'appréhender toutes les ramifications de l'affaire. Celle-ci devient alors une tragédie à quatre protagonistes dont l'un pourrait être anéanti ! Car, il s'agit bien d'un roman et non d'une enquête. La fiction est très réaliste entre ces personnages qui racontent, comme un roman choral, leurs points de vue, entrecoupés d'articles ou d'extraits de documents de toutes sortes.

Mais qui se cache sous le pseudonyme de François Médéline pour être aussi bien informé ! Ex-conseiller politique, directeur de cabinet et directeur de communication, en fait, il connaît le milieu, les coups bas. Aussi, il décrit parfaitement les mensonges racontés droit dans les yeux, toute cette perversion du sens des mots qui gangrène actuellement notre classe politique. de par ses compétences en communication, les techniques de contre-feux médiatiques y sont détaillées.

La complexité de l'affaire est parfaitement documentée ! François Médéline réussit une fiction si réelle que le lecteur se prend à la détricoter en faisant des comparaisons avec des affaires réelles. Passionnante et très bien écrite, cette intrigue mérite toute notre attention pour comprendre les méandres des relations des puissants et tenter d'en déjouer leurs manipulations.
Une belle découverte pour moi !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          180
La résistance des matériaux de François Médéline
Il y a quelques jours, j'ai reçu dans ma boite aux lettres le livre de François Médéline, La résistance des Matériaux ayant gagné celui-ci lors d'une invitation à le lire et en faire une critique. Il est vrai qu'au vu de l'annonce présentée ce livre me paraissait alléchant. L'affaire débute dans Médiapart. Serge Ruggieri, ministre de l'intérieur de François Hollande, dissimulerait des millions au Luxembourg. Sous ce pseudo ministre, l'on fera le lien avec le ministre délégué au budget François Cahuzac. L'image du gouvernement sous François Hollande qui voulait un état exemplaire en prend un coup ! Tous les ministres en exercice, mais aussi le Président, les députés et quelques professionnels du bâtiment et des travaux publics, s'empressent de mettre en place des contre-feux pour éviter de couler. C'est ce récit au jour le jour d'une descente aux enfers de ce ministre qui droit dans les yeux des députés à l'assemblée nationale jurait que tout cela était une cabale contre lui et qu'il n'avait rien à voir avec les informations du journal Médiapart. L'on connait la suite, ce ministre démissionnera et reconnaitra l'existence d'un compte en Suisse.
Ce livre, j'ai failli l'abandonner car devant le foisonnement des personnages, j'avais perdu un peu le fil de qui faisait quoi et avec qui. Toutefois après quelques soir je me suis raccroché à cette histoire romancée, goutant les chapitres des retranscriptions « mots pour mots » des écoutes de la NSA qui s'insèrent entre les chapitres, permettant de croiser François Hollande, Stéphane le Foll, Edwy Plenel, Fabrice Arfi, Ziane Takkiedine, Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, Eric Woerth, Ayrault, Mélanchon et je vous en laisse découvrir la suite. Ayant persévéré et cela est pour moi exceptionnel, car un livre qui tombe des mes mains, je ne le relève pas, je me suis pris dans ce jeu qui se déroulait devant nous ou tous les coups sont et seront permis notamment par une jeune députée Djamila Garrand-Boushaki qui prête à tout et ambitieuse. Je ne sais pas si cela vous dira aussi surement quelque chose mais en regardant dans le paysage gouvernemental actuel vous penserez surement à elle. Mais aussi en suivant un homme de main inquiétant Gérard Hubert, qui pour impliquer la jeune députée Djamila Garrand-Boushaki dont le frère est dealer si je me souviens bien va mettre en place un contre-feu dans une pseudo affaire de terrorisme. Cela commence à faire beaucoup ! D'autant plus que le commandant Dubak du SRPJ de Lyon est chargé de faire un rapport administratif, alors qu'il a été débarqué sur l'affaire d'un compte en banque au Luxembourg ou ailleurs du ministre de l'intérieur Serge Rugierri. Ce commandant borderline, va s'apercevoir dans une enquête de routine, ou la procédure pénale sera aux oubliettes, que lui aussi pourrait être manipulé par qui, je vous laisse le plaisir de le découvrir.
Si vous vous laissez prendre dans cet imbroglio, vous suivrez le résultat d'une instruction judiciaire hors norme, une guerre de communication intensive ou chacun plus ou moins proche des ministres en exercice ou du pouvoir, va essayer se positionner pour prendre le moins de coup possible. Vous découvrirez un ancien président de la République pas aussi mou que l'on a bien voulu le faire croire. Certes il ne prendra pas de décision, ne sera pas éclaboussé, ayant prôné un État exemplaire et qui aura toujours le dernier mot, en laissant la justice de son pays faire son travail jusqu'au bout. Ce n'est pas tout à fait exact mais vous reconnaitrez que cela a été finement joué.
Si vous faites abstraction du style syncopé de phrases courtes, d'un vocabulaire souvent grossier au débit de mitraillette. Style revendiqué par l'auteur comme celui de James Elroy ; l'alternance qui peut vous perdre entre le roman historique et le polar politique ; que vous ne craignez pas de pénétrer la complexité des arcanes de la politique française qui sans complaisance sont dynamitées par François Médéline, vous goutterez avec plaisir ce roman la résistance des matériaux.
Quant à moi ce livre La résistance des matériaux de François Médéline, que j'ai voulu a tout pris terminé, m'a laissé sur ma faim pensant découvrir un tout autre récit sur les coulisses du monde politique et de nos dirigeants. Bien à vous.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
LePoint
22 février 2024
Médéline nous entraîne comme un guide de haute montagne dans les cabinets ministériels et chez les consultants en communication, les ex-flics et les hauts fonctionnaires qui tentent d'éteindre l'incendie avec d'inavouables et cruels moyens.
Lire la critique sur le site : LePoint
Culturebox
22 janvier 2024
François Médéline, plutôt bon connaisseur des arcanes du monde politique, nous plonge dans les trous noirs de la République comme dans un monde de violence où l’ivresse du pouvoir justifie tout.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le président du Département sera absent. Il fut ségoléniste opportuniste mais Ségolène Royal est mort-née. Il a rallié Bertrand Delanoë puis François Hollande, ne négligeant pas la voie Strauss-Kahn jusqu’à ce que l’autre obsédé de la queue se fasse sucer dans un hôtel new-yorkais. Viol ou pas : le président du Département s’en fout.
Le président du Département est aussi sénateur et sa directrice de cabinet a fait des pieds et des mains pour décaler la visite de DGB, l’acronyme que la presse a donné à Djamila et qui sonne moins bougnoule que son nom de famille. »DGB », Djamila aime bien. C’est aussi neutre que ses cheveux mi-longs.
La directrice de cabinet n’a pas réussi à faire décaler sa visite. Le maire de Privas pense avoir réussi un coup. Il n’y aura vraisemblablement que lui sur la photo du Dauphiné Libéré.
Aurélien n’a circonscrit que des rancœurs politiques. Djamila connaît les rivalités intestines. Elle demande :
– C’est quoi l’histoire, déjà ?
Djamila évacue la pression d’un ricanement cynique. Le pouvoir monte toujours trop vite aux amygdales. Le chauffeur n’en perd pas une miette. Il sait pourquoi le président du Département et le maire de Privas ne peuvent pas s’encadrer. Les chauffeurs de la République savent tout. Djamila dit :
– Il va paumer Privas en 2015, comme il l’a paumée elle. Et l’autre n’y sera pas pour rien, encore une fois…
La concurrence libre et non faussée n’existe qu’à l’intérieur du parti. Ailleurs, le marché est régulé par les élections. Avec le camp ennemi, on accepte les règles du jeu. Dans le parti, on se hait sans foi ni loi. Djamila referme la pochette.
Djamila avance sur la banquette. Sa naïveté de façade est son cheval de Troie. Elle tend le dossier à Aurélien.
Aurélien est en saturation émotionnelle H24. Djamila sait tout principalement grâce à lui. Ainsi va la vie.
Le chauffeur les débarque devant un immeuble années 70 sur l’avenue Paul Riou. Le président et la directrice de l’association font le pied de grue. Le maire de Privas est radieux.
Djamila par-ci, Djamila par-là. Le maire de Privas se permet les embrassades. Il a gagné la ville grâce aux écolos. Il s’est fait désosser aux législatives par le député UMP sortant à qui il avait ravi la préfecture en 2008. Sur une vague rose. Djamila le gère à la va-vite. C’est un illuminé des étages inférieurs.
Djamila survivra grâce à son agressivité génétique. La violence est la tasse de thé dans laquelle elle ne s’est pas noyée et ne se noiera jamais. Elle a été sélectionnée parce qu’elle est née à Bron-Terraillon.
Djamila se tape un énarque. Elle l’a marié. L’énarque ne le sait pas mais elle va le quitter.
Pourtant, Djamila l’a aimé. Oui, elle l’a aimé. Surtout, elle n’aurait pas dû.
Djamila croyait que les règles étaient différentes chez les riches et les Blancs. Elle est subrepticement tombée dans le piège des sentiments. Elle sait désormais que les règles sont les mêmes partout : la réussite sourit spécialement aux voleurs, aux vicieux et aux fils de putes.
Commenter  J’apprécie          20
Djamila mordille sa lèvre inférieure.
À l’intérieur, vers le coin droit. C’est le coupe mulet qui amorce. Il lève la main. Corinne dit :
– Oui, Didier ?
Djamila enregistre le prénom. Le gars est véhément. Djamila écoute. Elle pourrait tout aussi bien entrer au gouvernement au prochain remaniement. Secrétaire d’Etat aux droits des femmes. Elle ferait dans la cosmétique. La balance des minorités ethniques et de la parité joue en sa faveur.
Chirac a eu ses femmes. Sarkozy a eu ses beurettes. Hollande n’échappe pas à la règle. Les portes du royaume s’entrouvrent avec les moyens du bord.
Le coupe mulet ne parle ni de formation professionnelle, ni de son parcours. Les muscles de sa mâchoire sont tendus. Il vitupère. Il parle du véritable-adversaire-qui-n’a-pas-de-nom-pas-de-visage-pas-de-parti-et-qui-ne-présentera-jamais-sa-candidature-à-une-élection : le monde de la finance.
Le coupe mulet veut surtout faire son original. Djamila en croise des pelletées chaque semaine. Hollande, Hollande, Hollande… Tout est de sa faute. Djamila n’est pas désarçonnée.
Djamila cherche pourtant Aurélien du regard. Aurélien n’est pas dans la pièce, pas dans la cour. Djamila préfère quand il est dans son champ de vision.
Mitterrand a dit que le pays se prend à cinq. Pour l’instant, ils sont deux. Ils pourraient être trois mais le mari de Djamila ne travaille pas pour elle. Il pense même qu’elle travaille pour lui.
Jean-Michel Garrand est le chef de cabinet de Serge Ruggieri. Il est à la solde d’un immigré italien naturalisé à dix-huit ans qui s’est donné comme mission de se sentir plus Français que les autres.
Jean-Michel Garrand la prend pour une idiote. Djamila ne l’aime plus maintenant. Sa malveillance est à la hauteur de ses anciennes espérances.
Djamila ne pourra plus jamais lui faire confiance. Elle a soutenu Ségolène en cachette et depuis le début, alors que son mari l’exècre et que Ruggieri l’a ralliée bon gré mal gré. Lors de la primaire, Djamila avait un penchant pour Martine Aubry. Elle a finalement soutenu Hollande. Pas pour son mari mais pour être des vainqueurs.
Djamila pourrait encore l’aimer. Sauf que Mila est fière, qu’il n’a pas d’empathie et qu’elle finira par en avoir moins que lui. Djamila ne l’a pas revu depuis dix jours. Il était en déplacement à l’étranger puis en reconnaissance terrain.
Djamila a un mauvais goût dans la bouche, comme une saveur de bidoche. Son mari vit derrière le ministère. Il se prend pour une machine sexuelle. Il la trompe avec des conseillères ministérielles et des députées baisables.
Djamila sera toujours seule. C’est la loi. Elle jurerait que Jean-Michel Garrand l’a aimée. Cependant, elle est cocue, la putain de sa race.
Djamila passe l’ongle de son index sur une incisive inférieure. Elle roule des poussières de crasse sur sa langue. Elle déglutit.
Le coupe mulet verse sa bile sur le Parti socialiste. Djamila tripote son alliance. Comment Hollande peut faire confiance à Ruggieri ? Certes, Ruggieri est le seul à incarner l’autorité aux yeux de l’opinion mais l’opinion se fabrique. De plus, tous ceux qui règnent place Beauvau savent avec qui couche le président de la République.
Le coupe mulet accélère : Hollande, Hollande, Hollande, Hollande. Évidemment, il ne nomme pas toujours. En gros : « Pépère » n’est pas seulement un traître, c’est le fossoyeur du socialisme. Grand ennemi de classe, gros enfoiré.
Le coupe mulet cogne. Il est le roi de la petite assemblée. Il balance sa bombe : social-libéral. A priori, c’est une insulte.
Djamila patiente. Dans le fond, elle ne comprend pas plus que lui. Personne ne comprend Hollande. Il n’avait qu’à nommer Martine Aubry à Matignon et la larguer lessivée au bout de trois ans. Au lieu, il a choisi Jean-Marc Ayrault.
Ayrault a une tête d’endive, il est de Nantes. Psychologie papier alu et combi VW. Un prof d’allemand. Son patronyme n’entrera dans aucun livre d’histoire.
Commenter  J’apprécie          10
On l’envoie dans la préfecture de l’Ardèche bavasser avec des gens en reconversion professionnelle. Elle est sûre d’en être capable.
Le voyage en Renault Vel Satis, c’est les Rhônalpins qui paient. Modèle luxe, sièges chauffants. Le comptable public ponctionnera une ligne budgétaire de la deuxième Région de France. Personne n’en a vraiment conscience. Pas même Aurélien, assis sur le siège avant passager, un grand rouquin à cravate étroite.
À l’extérieur de la berline, tout le monde se dirait pourtant :
À quoi ça rime ? Rendez-nous le blé !
Le trajet est sans histoire. Le chauffeur avale l’A7 à 150 kilomètres par heure. Tout schuss. Il s’appelle Pascal. C’est un taiseux au crâne glabre, bon mec populo qui n’aime pas les Arabes et qui mourrait pour elle.
Dehors, il fait 4 degrés Celsius. Météo France annonce la neige pour demain. Elle arrive des Ardennes.
Djamila a la nausée depuis le réveil. Ça a empiré à la sortie de Lyon. Djamila déteste l’hiver.
Djamila ingurgite la note qu’Aurélien a placée dans une sous-pochette rose puis dans la pochette rouge du mardi. Chaque jour a sa couleur et les week-ends sont bleus.
Aurélien la surveille du coin de l’œil. Il a peaufiné le déplacement aux petits oignons. Le président de la Région est ami avec le président de l’association. Sa patronne sera en terrain conquis.
Djamila opère méthodiquement. Elle qui laboure chaque patelin. Elle qui s’empiffre d’inaugurations. Elle qui constitue ses réseaux à coup de subventions et de sourires sexy.
Djamila devrait siéger au palais Bourbon ce mardi. Elle y est d’habitude jusqu’aux jeudis. Elle consacre ses vendredis à la Région et ses week-ends à la circonscription. Mais Djamila a séché les bancs de l’Assemblée nationale. Une première depuis bientôt six mois.
Les députés discutent la loi de finances rectificative. C’est de la pantomime. Djamila l’a découvert en supplémant Serge Ruggieri.
L’Assemblée est une chambre d’enregistrement. Seule la salle des Quatre-Colonnes compte : monuments aux morts de la République, bustes de Jean Jaurès et d’Albert de Mun, magnétophones, micros, caméras.
La loi de finances se décide entre fonctionnaires zélés à Bercy. Les ministres ne transigent avec le secrétaire général de l’Élysée qu’en cas de litige. Le cabinet du président de la République est à la ramasse et n’a pas été formé pour ça.
Le secrétaire général adjoint met son grain de sel partout. Il sort de la banque Rothschild et se pense omniscient. C’est un connard arrogant avec les dents du bonheur. Il s’appelle Emmanuel Macron.
Serge Ruggieri est ministre de l’Intérieur du gouvernement Ayrault. Djamila est un bon soulier de marche du président qu’on dit le moins taillé de la Ve République. François Hollande a pourtant avalisé des opérations homos dès son entrée au Château. François Hollande tue partout où nécessité fait loi.
Djamila se rend à Privas pour contenter le patron de l’exécutif régional. De facto, c’est une façon de ménager la chèvre et le chou. Serge Ruggieri et lui se détestent.
Aurélien l’observe dans le miroir du pare-soleil, baba. Il lui a fallu trois heures de coups de fil en tout genre et de compilation de notes de service pour boucler la séquence.
Djamila n’a besoin que de sept minutes pour traiter les informations. Elle est rapide. Elle a développé cette aptitude sur les terrains de football.
Commenter  J’apprécie          00
Le culte républicain est un plagiat grossier de la liturgie monarchique. La souveraineté populaire est son trompe-l'oeil.
Commenter  J’apprécie          70
L'assemblée est une chambre d'enregistrement. Seule la salle des Quatre-colonnes compte : monuments aux morts de la République, bustes de Jean Jaurès et d'Albert de Mun, magnétophones, micros, caméras.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de François Médéline (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Médéline
À l'occasion de la 20ème édition du festival "Quais du Polar" à Lyon, François Médéline vous présente son ouvrage "La résistance des matériaux" aux éditions La manufacture de livres.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2979551/francois-medeline-la-resistance-des-materiaux
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (128) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..