Il est des livres qui produisent sur moi le même effet qu'un violon qui grince manipulé par un musicien inexpérimenté. Dieu que ce « Bruit des pages » a mis mes nerfs à rude épreuve ! Prix du livre romantique, organisé par les éditions Charleston, il est censé mettre en scène « une héroïne au caractère fort, fière et libre », mais Eva, la protagoniste de ce roman, sidère par sa mollesse et sa passivité. Après avoir hérité une librairie d'un vieil homme sans famille (très plausible !), elle y vit recluse sans être fichue ne serait-ce que de la ranger (elle va devoir attendre que quelqu'un d'autre prenne les choses en main). Soi-disant passionnée depuis toujours de la Russie, elle n'a même pas pris la peine d'en apprendre la langue et accomplit en tout et pour tout un seul geste « héroïque » : elle s'achète un billet d'avion pour Saint-Pétersbourg.
Je passe outre le name-dropping de tous les auteurs et artistes russes que
Livia Meinzolt a pu dénicher et dont elle nous inflige le résumé des oeuvres, les descriptions interminables de monuments et autres sites de la belle cité russe, qui ne font que rajouter au côté insupportablement artificiel d'un récit poussif, totalement impuissant à nous faire croire une seule seconde à ces histoires d'amour censées se vivre hors du temps, pour déplorer un style qui mêle un goût immodéré pour les adjectifs censément poétiques à des fautes de langue à répétition.
Bref, si tous les autres Prix du livre romantique sont de cet acabit, ce sera le premier et le dernier que je lirai.