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sur 49 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il faut, pour entreprendre cette lecture, reprendre son souffle et le tenir d'un bout à l'autre, se noyer dans les phrases longues et exigeantes, s'immerger dans le style brut, les mots crus, l'impératif d'une vérité brutale, sans concession, sombre et écoeurante, glissée à chaque page.

Ce roman est dur et indispensable et est indéniablement à lire parce que :

- L'auteure manie la phrase et le verbe avec un immense talent dans une logorrhée qui frôle l'urgence – urgence de tout dire, sans oublier, ni l'essentiel, ni le détail, peu importe le mot, même s'il est pornographique, même s'il heurte, il est réel.

- le Mexique se livre, cash, distillant tout ce sur quoi la société s'appuie écrasée par les rites et les croyances, fondamentales et immuables, jusqu'aux peurs les plus secrètes.

- le Mexique dénonce ses abus, de l'exploitation des femmes à la prostitution tout sexe confondu, les violences et la corruption, la drogue, le viol, l'inceste, l'homosexualité. Il décrit ses travers marqués de souffrances et égratigne le silence.

- le récit est d'une telle richesse qu'il absorbe sans répit jusqu'à la dernière ligne et percute longtemps encore après que le livre soit refermé

Ce roman est une fresque sociale incontournable que l'on ne peut ignorer.

Une lecture brillante
Lien : http://aufildeslivresblogetc..
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Un ami – grand amateur de jeux vidéo plutôt violents – m'expliquait qu'après la naissance de son fils, il lui avait été impossible de se remettre à tirer à bout portant sur des ennemis - aussi virtuels soient-ils - et de tuer des anonymes, bien que tout de pixels vêtus.
Cela m'avait amusée bien sûr, mais je n'avais pas vraiment saisi la portée de ses paroles.


Il y a quelques jours pourtant, en entamant La saison des ouragans de Fernanda Melchor, elles me sont revenues de plein fouet, battant mon visage de la force de leur vérité : j'avais sous les yeux quelques 300 pages de fureur et de tempêtes et ce concentré de violence était devenu insupportable à la jeune mère que j'étais désormais.


Cela faisait en fait des mois que ce roman figurait sur le dessus de ma délicieusement haute pile de livres à lire. Il avait été évoqué dans un blog littéraire que je consulte régulièrement et la magnifique photo qui en ornait la couverture m'avait immédiatement attirée.


Bien que très heureuse de commencer enfin la lecture de ce qui était pour le New York Times le « roman mexicain de l'année », j'avais, dès les premières pages, été stoppée dans mon élan : toute cette violence en quelques lignes seulement !, ces phrases débordant de sexe glauque et anxiogène, ce déchainement d'agressivité qui me semblait gratuit …
Il m'avait fallu reprendre mon souffle. Me détacher de ces sombres pages, digérer ces mots atroces et ces phrases interminables.


Alors seulement, j'avais repris ma lecture, certaine qu'autre chose se cachait sous cet amoncellement de crasse, sous cette débauche de haine et de sévices.


Et grand bien m'en a pris car j'ai cette fois, été emportée,
Dans le courant de ces phrases démesurées,
Dans le flot de cette parole suintante de tristesse, de hargne et de colère,
Dans les vagues de cette folie meurtrière.


J'avais entre les mains un roman d'une brutalité sans nom et d'une force inqualifiable.
Pur et sans concession.
Un roman qui dressait un incroyable portrait du Mexique contemporain, désabusé, empli de démons et ravagé par la drogue.


Un roman qui prenait aux tripes et foutait la gerbe,
enivrant et malsain.


Un roman sans soleil,
moite et sauvage.
Désespérément fascinant.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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Une sorcière, deux sorcières, le Mexique et une province paumée ... Un cadavre surgi des égouts et toute la violence de ce pays entre prostitution, drogue, illettrisme, magie et au milieu le diable qui danse ... Un roman puissant, comme un Garcia Marquez sous acide : superbe
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Mon avis :
Comme une épreuve sportive, La saison des ouragans est un roman qu'on n'aborde pas sans échauffement, sous peine de n'en pas voir le bout. Et pour rester dans le thème de comparaison, sa lecture se rapproche plus de la course de fond que du sprint.
Chaque chapitre se présente comme un long paragraphe durant lequel les phrases se suivent à un rythme soutenu, aussi serrées que le peloton d'un marathon pendant les premiers kilomètres. Au début, on se demande quand on va pouvoir reprendre son souffle, puis, comme toujours dans ce genre d'épreuve, on trouve son pas, sa cadence, et on avance en accord avec le paysage littéraire qui défile. Et quel paysage !
Avec une écriture nerveuse, presque à l'arraché, Fernanda Melchor nous projette dans un Mexique bien loin des plages de Cancún ou d'Acapulco. En effet, si le Mexique fait partie des vingt premières puissances mondiales, il est aussi parmi ceux où la disparité économique est la plus forte. Et les provinces les plus pauvres souffrent aussi d'un taux de criminalité extrêmement élevé, largement entretenu par le trafic de drogue, la prostitution et la corruption que tout cela engendre.
Dans ce Mexique où la misère et le crime organisé sont le quotidien d'une partie de la population, où les jeunes les plus défavorisés n'ont pour rêver que la drogue et l'alcool, cette chronique d'une mort annoncée se déroule dans une espèce d'urgence, de logorrhée presque névrotique. C'est âpre et brûlant, comme un bol de tequila le matin à jeun. Très vite, on attrape le tournis, certaines images deviennent mouvantes, nous tournent autour de manière lancinante ; l'environnement apparaît soudain comme déformé dans un miroir de foire et les proportions semblent obéir à une échelle qui n'est pas la nôtre. Sans doute parce que les préoccupations des personnages sont d'une importance capitale : survivre… et trouver le moyen d'oublier un peu un présent trop oppressant. Fernanda Melchor nous place au plus près des protagonistes, de leur vie, de leur intimité ; elle en fait un récit sans concession ni jugement, et c'est ce qui fait la force de ce magnifique roman dont le New York Time a dit, à sa sortie, qu'il était « le plus grand roman mexicain de l'année. »
Lien : https://poljackleblog.blogsp..
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