AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une Odyssée : Un père, un fils, une épopée (57)

J'ai toujours trouvé cette étymologie du mot "proème" fascinante, car, partant de l'introduction d'un chant, elle nous entraîne vers l'idée élémentaire de mouvement: l'idée, tout simplement, de "cheminer"; Pour les Grecs, la poésie était mouvement.
et de fait, elle est censée de mettre en mouvement le corps et l'âme: mouvoir et émouvoir. (p. 67)
Commenter  J’apprécie          180
Pour un helléniste, le simple fait d’ouvrir un exemplaire de l’Iliade ou de l’Odyssée est un rappel de cette longue lignée, de l’immense travail d’abeilles qui en vingt-cinq siècles a lentement ajouté des gouttes de savoir à notre compréhension de ce que sont les poèmes et de ce qu’ils racontent.
Commenter  J’apprécie          132
J’étais surtout captivé par les temps des verbes, avec leurs incroyables métastases, les changements de temps signalés par des préfixes qui s’agrégeaient comme des cristaux, par des suffixes qui perlaient à la fin des mots, comme du miel gouttant d’une cuillère sur une soucoupe.
 
paideu-ô j’éduque
e-paideu-on j’éduquais
paideu-s-ô j’éduquerai
e-paideu-sa j’éduquai
pe-paideu-ka j’ai éduqué
e-pe-paideu-ka j’avais éduqué
 
Je trouvais merveilleux que par de minuscules ajouts de part et d’autre du radical, -paideu-, l’on puisse faire de tels bonds dans le temps : le présent, se métamorphosant à la faveur d’un simple e au début du mot, pour glisser vers le passé flou de l’imparfait, ou, tout aussi facilement, s’insinuant vers l’avenir par l’imbrication d’un sigma, s, entre le radical et la terminaison personnelle ;
Commenter  J’apprécie          113
Si elle ( L'Odyssée) est bien une histoire de maris et de femmes, cette épopée est tout autant, sinon plus, une histoire de pères et de fils. (p. 39)
Commenter  J’apprécie          110
Le garçon, l’adulte, l’ancêtre ; les trois âges de « l’homme ». Ce qui revient à dire que, parmi les voyages que retrace ce poème, il y a aussi le voyage d’un homme d’un bout à l’autre de la vie, de la naissance à la mort.
Commenter  J’apprécie          90
Par un soir de janvier, il y a quelques années, juste avant le début du semestre de printemps au cours duquel je devais enseigner un séminaire de licence 1 sur l’Odyssée, mon père, chercheur scientifique à la retraite alors âgé de quatre-vingt-un ans, m’a demandé, pour des raisons que je pensais comprendre à l’époque, s’il pouvait assister à mon cours, et j’ai dit oui. Ainsi, pendant les seize semaines qui suivirent, il fit une fois par semaine le long trajet entre le pavillon de la banlieue de Long Island dans lequel j’ai grandi, une modeste maison à un étage où il vivait encore avec ma mère, et le campus en bordure de fleuve de la petite université où j’enseigne, qui s’appelle Bard College. Chaque vendredi matin à dix heures et demie, il prenait place parmi les étudiants de première année, des gamins de dix-sept ou dix-huit ans qui n’avaient pas le quart de son âge, et participait aux discussions sur ce vieux poème, une épopée où il est question de longs voyages et de longs mariages et de ce que peut signifier le mal du pays.

(INCIPIT)
Commenter  J’apprécie          94
La grande ode aux voyages, donc, aux navigations et aux périples s’ouvre sur des personnages figés sur place. Cette étrange paralysie qui s’est abattue sur Ithaque pose aussi une série de questions qui sont, fondamentalement, d’ordre littéraire. Comment amorcer un poème ? Où débute l’histoire ? Comment tourner la page du passé pour ouvrir sur le présent ?
Commenter  J’apprécie          70
Le proème est indispensable à l’épopée, car il nous donne l’assurance, au moment où nous nous embarquons sur ce qui ressemble à un vaste océan de mots, que cette étendue n’est pas un « vide informe » (tel celui sur lequel s’ouvre un autre grand récit fondateur, la Genèse), mais un parcours, un chemin qui nous mènera à un endroit qui vaut le voyage.
Commenter  J’apprécie          70
Pas étonnant que les Grecs aient pensé que peu de fils sont l'égal de leur père ; que la plupart en sont indignes, et trop rares ceux qui le surpassent. Ce n'est pas une question de valeur; c'est une question de savoir. Le père sait tout du fils tandis que le fils ne peut jamais connaître le père.
Commenter  J’apprécie          60
"Qui sait vraiment quel père l'a engendré ? " demande amèrement Télémaque dès le début de l'Odyssée. Qui le sait, en effet? Nos parents sont, à bien des égards, mystérieux, plus mystérieux que nous ne le serons jamais pour eux.
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (532) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1742 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}