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Album de fiction basé sur des événements réels, «Algériennes » aux éditions Marabout, prend le parti pris, assez inédit, de raconter la guerre d'Algérie, du coté des femmes.

Evénement traumatisant des deux côtés de la Méditerranée, on voit la teneur du combat des femmes, grandes oubliées de la « grande guerre des hommes »... L'album nous livre un ensemble de points de vue qui nous fait aller d’un camp à l’autre : des militaires français, aux combattants algériens, des Harkis, aux fameux Pieds-noirs avec toujours une vision d'une femme liée à ce conflit…

A noter que ces récits, dressant le portrait de personnages fictifs, ont tous été construits à partir d'opinions et d'événements réalistes de l'époque.

Les traits sont clairs et particulièrement expressifs, la narration fluide et bien menée, voici donc un album parfaitement recommandable, instructif et captivant, .qui une fois de plus nous montre l'absurdité de la guerre quelque soit le camp d'où on la regarde.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'album s'ouvre sur l'étonnement d'une femme lisant un article sur les horreurs perpétrées lors de la guerre d'Algérie : « Mon père a été soldat en Algérie... Il ne m'en a jamais parlé ainsi. En fait il ne m'en avait jamais parlé du tout. »
Interrogé par sa fille, le père en question s'énerve : « J'étais gamin, et j'ai fait mon service militaire, et c'est tout ! Voilà comment ça s'est passé ! »

En effet les anciens « appelés » d'Algérie ne racontaient pas cette guerre. Et si ce tabou pouvait me surprendre à l'adolescence, où l'on nous sensibilisait au collège et au lycée sur les deux premières Guerres mondiales, je comprends maintenant le silence de nos pères, depuis que j'ai lu 'Un loup pour l'homme' (Brigitte Giraud)* : pour ces jeunes gens enrôlés de force « [les] mois qu'ils viennent de vivre seront comme un secret, une expérience embarrassante qu'ils tairont instinctivement. […] Ils sont priés de ne plus y penser. De chasser le mauvais rêve d'un revers de la main. La guerre d'Algérie n'a pas eu lieu. »

Les auteurs masculins de cet album racontent cette 'guerre qui ne disait pas son nom' à travers différents regards de femmes : des civiles, des proches de harkis et de pieds-noirs, des fellagas - 'terroristes' engagées pour l'indépendance. Cet album a le mérite de rappeler qu'une guerre, c'est moche, cruel, sanguinaire, meurtrier, et que chacun(e), quel que soit le camp, est capable du pire pour obéir, défendre une cause, sauver sa peau ou pour 'se venger', par chagrin, par colère :
« La pluralité des points de vue m'avait fait prendre conscience de la complexité d'englober un tel conflit... Et la difficulté d'appréhender un témoignage sans le juger. Plusieurs livres m'avaient dérangée quand ils abordaient les attentats comme un exploit... Les récits de soldats également quand ils parlaient de 'bicots qui trahissaient même leurs frères'... »

L'autre mérite de ce bel album est de situer la place des femmes dans le combat pour l'indépendance algérienne - place occultée dans l'Histoire officielle...

• Un grand merci à Babelio et à Marabulles (collection BD des éditions Marabout).
___
* lire aussi 'Des hommes' (Laurent Mauvignier), 'Corvée de bois' (Didier Daeninckx)...
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"Enfant d'appelé"
Cela a remué quelque chose en moi
comme si ça réveillait le silence
comme si ça éclairait l'ombre
l'ombre qui planait sur l'enfance
l'ombre qui suivait papa
Il n'est plus là depuis mai
Je range ses photos dans un album
je les paratage sur un groupe privé
avec les mots inscrits au dos
comme des murmures
des murmures d'une jeunesse
armée de sourires aussi
soudée de camaraderie
soudée dans l'épreuve
et les images indicibles

Ces anciens combattants, tous émouvants
le font un peu revivre
honorent sa mémoire, le rendent beau
aux yeux de l'enfant que j'étais
que je suis encore dans un creux sombre
Ils me donnent des pistes
une lampe torche
Merci
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Un album qui traite d'un sujet toujours sensible, la guerre d'Algérie, sans aucun manichéisme ni angélisme.
Algériennes, car ce sont les femmes qui parlent ici. La narratrice, le double de l'auteure, sait que son père a fait la guerre d'Algérie, mais il refuse d'en parler. Elle part donc en quête d'informations. D'abord auprès d'une amie de sa mère, Algérienne vivant en France, puis en Algérie, au fil de ses rencontres.
Pieds-noirs, harkis, membres du FLN, simple civile... Elles racontent toutes leur histoire, parfois terrible et difficilement soutenable, mais sans haine. Il y a beaucoup d'apaisement en fait, de la compréhension, une envie de ne pas juger l'autre. Tout n'est ni rose, ni noir. Il n'y a pas de regret réellement non plus. Juste des histoires personnelles, le besoin de parler, de transmettre pour que ce genre de choses ne recommencent pas.
Une bande dessinée sensible, mais qui ne tombe pas dans le pathos. Et qui remet les choses à taille humaine.
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Magnifique album que cette nouvelle BD signée Deloupy, pour le dessin et la couleur, et Swann Meralli pour le scénario. Tous les deux, ils se sont attaqués courageusement à un sujet difficile et délicat à aborder : les Algériennes. S'ils n'oublient personne, ils réussissent à captiver et à toucher le lecteur comme je l'ai été grâce à Vincent que je remercie pour ce beau cadeau, magnifiquement dédicacé par Deloupy.

J'avais déjà beaucoup apprécié ce dessinateur dans Love Story à l'iranienne, publié en collaboration avec Jane Deuxard et, pour ce nouvel album paru chez Marabout, je n'ai pas été déçu. Les personnages sont fictifs mais les faits sont réels.
Face à « des mots de douleur, de solitude, d'amour », il faut suivre Béatrice dont le père a été soldat en Algérie mais n'a jamais voulu en parler. La lutte contre l'oubli est lancée. Vaincre les tabous n'est pas facile. La mère de Béatrice se souvient de 1956, d'Alger, d'une déflagration en pleine ville, l'horreur sous les yeux de cette femme en robe rouge. le dessin devient bistre et comme dans tout l'album, les visages sont formidablement expressifs, attachants, émouvants.
Béatrice rencontre Saïda dont le père était devenu harki parce que son frère avait été tué par d'autres Algériens : « Il y a eu beaucoup de meurtres entre Algériens… En plus grand nombre, peut-être, que ceux causés par les Français. » Ce passage me rappelle Alice Zeniter dans L'art de perdre car Saïda raconte le départ en pleine nuit, la France, les camps, le froid, la tente, la douche collective, la surveillante qui appelle toutes les femmes Fatma et souligne l'aide précieuse de la Cimade.
Comme l'héroïne d'Alice Zeniter, Béatrice part en Algérie pour en savoir plus. Deloupy offre alors une magnifique double page avec cinq vignettes : Alger, des tombes et, au fond, le mémorial des martyrs. C'est là qu'elle rencontre Djamila qui fut résistante et regrette que ce mémorial soit uniquement à la gloire du FLN.
Ainsi va le parcours de Béatrice fait de rencontres et de retours en arrière. Djamila est claire : « Je regrette de ne pas avoir eu le choix… mais je ne regrette pas d'avoir participé à l'indépendance. L'indépendance, c'est la liberté, et c'est important de se battre pour la liberté. » Alger 1961 : c'est la guerre dans toute son horreur, des attentats, des viols collectifs, l'humiliation, des rôles subalternes pour les femmes dans la résistance et des tortures effroyables.
Les auteurs n'oublient pas de parler des pieds noirs qui sont restés (200 000 en 1962, une centaine aujourd'hui) avec Bernadette qui affirme : « mon pays, c'est l'Algérie ! » mais regrette : « J'aurais aimé que les Algériens fassent la guerre contre les différences sociales et pas contre les différences culturelles. »
Ainsi la pluralité des points de vue est respectée pour finir avec la rencontre de Malika Yelless. Elle raconte les massacres dans les villages, les insultes subies à l'hôpital, l'OAS qui tente par tous les moyens d'empêcher l'indépendance.

Ce sont des réflexions très pertinentes sur L Histoire et le récit qu'on en fait pour terminer sur une nouvelle superbe page au dessin toujours précis : « Et nous, que raconterons-nous de notre histoire et de nos mémoires ? C'est la question que nous devrons, un jour, nous poser à notre tour… »


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Tout commence sur le silence d'un père qui a du participer à la guerre d'Algérie. Cette guerre d'Algérie est encore pleine de tabou : que ce soit du côté français, du côté algérien ou encore du côté de ceux qui se réclament - à juste titre - d'être des franco-algériens. L'originalité de cette bande-dessinée, c'est que les auteurs - Deloupy et Swann Meralli - ont décidé de laisser la parole aux femmes dans un conflit où l'on a surtout retenu l'histoire des hommes.

Les graphismes comme l'histoire sont très réalistes. Les mots posés sur les souvenirs des personnages sont douloureux et on voit bien qu'il y a une vraie complexité dans cette guerre où toutes les parties se sont entre-tuées. Cette bande-dessinée a d'ailleurs le mérite de montrer qu'il n'y avait pas d'un côté les Algériens et d'un autre côté les Français. C'est tout un imbroglio humain qui s'entre déchire. Toutes ces parties ont participé aux horreurs commises. C'est terrible d'admettre ça.
Les femmes, les enfants, les personnes fragiles, ont beaucoup souffert. On les a considéré comme des pertes nécessaires. Leurs souffrances ont été tues pendant longtemps. Cette bande-dessinée remet les choses en place. On découvre les rôles qu'ont pu jouer les femmes : l'attente, l'attaque, le maintien de la famille, l'engagement politique, etc. On découvre également des destins qui s'entrecroisent : chaque personnage a joué un rôle important, souvent sans le savoir, dans la vie des autres. Je trouve que cette bande-dessinée est brillante, tant historiquement qu'humainement.
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La guerre fait de l'homme une bête. Et la bête de tous les algériens des traitres et de tous les français des bourreaux. L'histoire pourrait être aussi simple et se répéter sans cesse, triste et têtue. Heureusement il y a la mémoire, et les femmes quand les hommes ne parlent pas, ne parlent plus. Une jeune femme d'aujourd'hui part à la recherche de ses racines en Algérie : elle en croise d'autres, plus âgées, que la guerre a meurtries, entend et note leurs destins, pour nous et les siens. Les récits se complètent et se croisent. La guerre nous saisit, dans toute son horreur. Et ces femmes, tout à la fois ordinaires et exemplaires, aux destins hors du commun, nous en disent beaucoup plus que nos livres d'histoire . Un album poignant et captivant aux récits saisissants et aussi, pleins d'humanité.
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C'est vrai que lorsqu'on parle de l'Algérie, on préfère changer de sujet. Il y a eu une colonisation de la France dès 1830 avant même que la Savoie ne rejoigne la France. Les français qui y ont habité depuis plusieurs générations et qui ont été contraint de partir en 1962 ont beaucoup souffert car ils avaient perdu leur pays sans véritablement se sentir chez eux dans la Métropole.

Une fille d'un soldat ayant fait la guerre d'Algérie se rend compte de l'opacité qui règne sur ce sujet. Aussi, elle décide de mener sa propre enquête qui l'a conduit naturellement dans l'Algérie actuelle du président à vie Bouteflika. La vision sera centrée sur celle des femmes ayant participées car elles sont souvent omises au profit d'une société très masculine.

J'ai bien aimé ce qui ressort de ce roman graphique qui fait un peu documentaire grâce aux témoignages recueillis. On se rend compte que les livres d'histoire ne sont pas vraiment dans la réalité même si certains essayent de tendre vers une opinion neutre et nuancée. Au final, je retiens qu'il y a du bon et du mauvais dans chaque camp mais surtout que cela a entrainé des souffrances de part et d'autre. La relation de la France avec ce pays ayant acquis chèrement son indépendance sera toujours particulière.
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Une BD pour (essayer) de comprendre un pan de l'Histoire franco-algérienne vu a travers le regard des femmes et le rôle qu'elles ont eu. Elle donne la parole aux oubliées et permet par ce biais de leur rendre hommage et de comprendre les motivations de leur engagement. le seul bémol, c'est qu'on ai pas un dossier ou une explication en fin de lecture qui aurait permit d'éclairer certains points.
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Une jolie édition (couverture très efficace) avec petite bio des auteurs et bibliographie très intéressante à la fin. Les auteurs avertissent le lecteur sur le caractère fictionnel de cet album... basé sur des personnages et faits réels. On reste donc bien dans de la BD docu.

Béatrice, fille d'appelé d'Algérie n'a jamais pu entendre son père parler de cette guerre qui a pourtant marqué la famille comme beaucoup d'autres foyers. Elle décide de partir en Algérie à la recherche de témoignages pour comprendre ce qu'a été cette guerre. Elle y découvre un versant enfoui: celui de la place et du rôle des femmes dans la guerre d'Algérie.

Le grand intérêt de cette BD est son caractère pédagogique et le fait de traiter du rôle et de la situation des femmes dans cette salle guerre. le scénario reprend le classique cheminement en entretiens avec différents témoins lors du voyage en Algérie que fait le personnage focus, ce qui permet à la fois de structurer le récit et de décrire différents points de vue, intelligemment reliés les uns aux autres. On suppose que cet enchevêtrement des récits est inventé mais son efficacité est pertinente en évitant que l'album ne soit qu'une succession de témoignages.

Sous un schéma classique, les auteurs nous permettent de parcourir un plan large de ce qu'a été la guerre d'Algérie. Depuis quelques années on a un nombre non négligeable d'ouvrages, films, documentaires, articles traitant de cette dernière guerre coloniale mais la complexité qu'elle recouvre rend salutaire la démarche de Merali et Deloupy. de manière accessible, sans reculer devant la dureté de montrer (la torture, les mutilations,...), ils nous font entrer dans ce qu'ont vécu ces femmes très différentes, avec leur subjectivité. Mais la relativité des faits est une partie de la mémoire. Ce qui importe c'est la parole (ce qui ressort de tous les témoignages de périodes de génocides et de guerres). L'ouvrage s'ouvre sur les silences du père et l'on comprend très vite que tout va tourner autour du récit. L'une des femmes a été moudjahidine, a vécu la torture mais aussi les premières heures de la Nation algérienne, avec ses corruptions et sa perte d'idéal. Une autre, pied-noire restée sur place, n'a pas compris pourquoi on lui enlevait son Algérie, niant le sort fait aux indigènes. Une fille de Harki se souvient de cette fuite du rapatriement et l'internement dans des camps en Provence,... Ce sont autant de facettes de la réalité d'une guerre sale, grise, sans héros, sans victoire. Il ne manque plus que le récit de l'histoire de la colonisation, seule à même d'expliquer l'inexplicable. Ce n'était pas l'objet de l'album et aucune oeuvre ne peut aborder une problématique si complexe, s'étalant sur 130 ans.

Le prisme adopté est celui des femmes. Mais l'on comprend à la lecture qu'il aurait pu être celui des pieds-noirs ou des berbères, des enfants d'appelés,... autant de victimes de la guerre menée par des hommes chrétiens et des hommes arabes qui ont oublié pourquoi ils se battaient. Cette BD est une vraie belle action citoyenne et une très bonne porte d'entrée sur un sujet souvent évité. Une belle occasion.

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