AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 79 notes
5
11 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'album s'ouvre sur l'étonnement d'une femme lisant un article sur les horreurs perpétrées lors de la guerre d'Algérie : « Mon père a été soldat en Algérie... Il ne m'en a jamais parlé ainsi. En fait il ne m'en avait jamais parlé du tout. »
Interrogé par sa fille, le père en question s'énerve : « J'étais gamin, et j'ai fait mon service militaire, et c'est tout ! Voilà comment ça s'est passé ! »

En effet les anciens « appelés » d'Algérie ne racontaient pas cette guerre. Et si ce tabou pouvait me surprendre à l'adolescence, où l'on nous sensibilisait au collège et au lycée sur les deux premières Guerres mondiales, je comprends maintenant le silence de nos pères, depuis que j'ai lu 'Un loup pour l'homme' (Brigitte Giraud)* : pour ces jeunes gens enrôlés de force « [les] mois qu'ils viennent de vivre seront comme un secret, une expérience embarrassante qu'ils tairont instinctivement. […] Ils sont priés de ne plus y penser. De chasser le mauvais rêve d'un revers de la main. La guerre d'Algérie n'a pas eu lieu. »

Les auteurs masculins de cet album racontent cette 'guerre qui ne disait pas son nom' à travers différents regards de femmes : des civiles, des proches de harkis et de pieds-noirs, des fellagas - 'terroristes' engagées pour l'indépendance. Cet album a le mérite de rappeler qu'une guerre, c'est moche, cruel, sanguinaire, meurtrier, et que chacun(e), quel que soit le camp, est capable du pire pour obéir, défendre une cause, sauver sa peau ou pour 'se venger', par chagrin, par colère :
« La pluralité des points de vue m'avait fait prendre conscience de la complexité d'englober un tel conflit... Et la difficulté d'appréhender un témoignage sans le juger. Plusieurs livres m'avaient dérangée quand ils abordaient les attentats comme un exploit... Les récits de soldats également quand ils parlaient de 'bicots qui trahissaient même leurs frères'... »

L'autre mérite de ce bel album est de situer la place des femmes dans le combat pour l'indépendance algérienne - place occultée dans l'Histoire officielle...

• Un grand merci à Babelio et à Marabulles (collection BD des éditions Marabout).
___
* lire aussi 'Des hommes' (Laurent Mauvignier), 'Corvée de bois' (Didier Daeninckx)...
Commenter  J’apprécie          390
"Enfant d'appelé"
Cela a remué quelque chose en moi
comme si ça réveillait le silence
comme si ça éclairait l'ombre
l'ombre qui planait sur l'enfance
l'ombre qui suivait papa
Il n'est plus là depuis mai
Je range ses photos dans un album
je les paratage sur un groupe privé
avec les mots inscrits au dos
comme des murmures
des murmures d'une jeunesse
armée de sourires aussi
soudée de camaraderie
soudée dans l'épreuve
et les images indicibles

Ces anciens combattants, tous émouvants
le font un peu revivre
honorent sa mémoire, le rendent beau
aux yeux de l'enfant que j'étais
que je suis encore dans un creux sombre
Ils me donnent des pistes
une lampe torche
Merci
Commenter  J’apprécie          244
Un album qui traite d'un sujet toujours sensible, la guerre d'Algérie, sans aucun manichéisme ni angélisme.
Algériennes, car ce sont les femmes qui parlent ici. La narratrice, le double de l'auteure, sait que son père a fait la guerre d'Algérie, mais il refuse d'en parler. Elle part donc en quête d'informations. D'abord auprès d'une amie de sa mère, Algérienne vivant en France, puis en Algérie, au fil de ses rencontres.
Pieds-noirs, harkis, membres du FLN, simple civile... Elles racontent toutes leur histoire, parfois terrible et difficilement soutenable, mais sans haine. Il y a beaucoup d'apaisement en fait, de la compréhension, une envie de ne pas juger l'autre. Tout n'est ni rose, ni noir. Il n'y a pas de regret réellement non plus. Juste des histoires personnelles, le besoin de parler, de transmettre pour que ce genre de choses ne recommencent pas.
Une bande dessinée sensible, mais qui ne tombe pas dans le pathos. Et qui remet les choses à taille humaine.
Commenter  J’apprécie          201
Magnifique album que cette nouvelle BD signée Deloupy, pour le dessin et la couleur, et Swann Meralli pour le scénario. Tous les deux, ils se sont attaqués courageusement à un sujet difficile et délicat à aborder : les Algériennes. S'ils n'oublient personne, ils réussissent à captiver et à toucher le lecteur comme je l'ai été grâce à Vincent que je remercie pour ce beau cadeau, magnifiquement dédicacé par Deloupy.

J'avais déjà beaucoup apprécié ce dessinateur dans Love Story à l'iranienne, publié en collaboration avec Jane Deuxard et, pour ce nouvel album paru chez Marabout, je n'ai pas été déçu. Les personnages sont fictifs mais les faits sont réels.
Face à « des mots de douleur, de solitude, d'amour », il faut suivre Béatrice dont le père a été soldat en Algérie mais n'a jamais voulu en parler. La lutte contre l'oubli est lancée. Vaincre les tabous n'est pas facile. La mère de Béatrice se souvient de 1956, d'Alger, d'une déflagration en pleine ville, l'horreur sous les yeux de cette femme en robe rouge. le dessin devient bistre et comme dans tout l'album, les visages sont formidablement expressifs, attachants, émouvants.
Béatrice rencontre Saïda dont le père était devenu harki parce que son frère avait été tué par d'autres Algériens : « Il y a eu beaucoup de meurtres entre Algériens… En plus grand nombre, peut-être, que ceux causés par les Français. » Ce passage me rappelle Alice Zeniter dans L'art de perdre car Saïda raconte le départ en pleine nuit, la France, les camps, le froid, la tente, la douche collective, la surveillante qui appelle toutes les femmes Fatma et souligne l'aide précieuse de la Cimade.
Comme l'héroïne d'Alice Zeniter, Béatrice part en Algérie pour en savoir plus. Deloupy offre alors une magnifique double page avec cinq vignettes : Alger, des tombes et, au fond, le mémorial des martyrs. C'est là qu'elle rencontre Djamila qui fut résistante et regrette que ce mémorial soit uniquement à la gloire du FLN.
Ainsi va le parcours de Béatrice fait de rencontres et de retours en arrière. Djamila est claire : « Je regrette de ne pas avoir eu le choix… mais je ne regrette pas d'avoir participé à l'indépendance. L'indépendance, c'est la liberté, et c'est important de se battre pour la liberté. » Alger 1961 : c'est la guerre dans toute son horreur, des attentats, des viols collectifs, l'humiliation, des rôles subalternes pour les femmes dans la résistance et des tortures effroyables.
Les auteurs n'oublient pas de parler des pieds noirs qui sont restés (200 000 en 1962, une centaine aujourd'hui) avec Bernadette qui affirme : « mon pays, c'est l'Algérie ! » mais regrette : « J'aurais aimé que les Algériens fassent la guerre contre les différences sociales et pas contre les différences culturelles. »
Ainsi la pluralité des points de vue est respectée pour finir avec la rencontre de Malika Yelless. Elle raconte les massacres dans les villages, les insultes subies à l'hôpital, l'OAS qui tente par tous les moyens d'empêcher l'indépendance.

Ce sont des réflexions très pertinentes sur L Histoire et le récit qu'on en fait pour terminer sur une nouvelle superbe page au dessin toujours précis : « Et nous, que raconterons-nous de notre histoire et de nos mémoires ? C'est la question que nous devrons, un jour, nous poser à notre tour… »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          180
Tout commence sur le silence d'un père qui a du participer à la guerre d'Algérie. Cette guerre d'Algérie est encore pleine de tabou : que ce soit du côté français, du côté algérien ou encore du côté de ceux qui se réclament - à juste titre - d'être des franco-algériens. L'originalité de cette bande-dessinée, c'est que les auteurs - Deloupy et Swann Meralli - ont décidé de laisser la parole aux femmes dans un conflit où l'on a surtout retenu l'histoire des hommes.

Les graphismes comme l'histoire sont très réalistes. Les mots posés sur les souvenirs des personnages sont douloureux et on voit bien qu'il y a une vraie complexité dans cette guerre où toutes les parties se sont entre-tuées. Cette bande-dessinée a d'ailleurs le mérite de montrer qu'il n'y avait pas d'un côté les Algériens et d'un autre côté les Français. C'est tout un imbroglio humain qui s'entre déchire. Toutes ces parties ont participé aux horreurs commises. C'est terrible d'admettre ça.
Les femmes, les enfants, les personnes fragiles, ont beaucoup souffert. On les a considéré comme des pertes nécessaires. Leurs souffrances ont été tues pendant longtemps. Cette bande-dessinée remet les choses en place. On découvre les rôles qu'ont pu jouer les femmes : l'attente, l'attaque, le maintien de la famille, l'engagement politique, etc. On découvre également des destins qui s'entrecroisent : chaque personnage a joué un rôle important, souvent sans le savoir, dans la vie des autres. Je trouve que cette bande-dessinée est brillante, tant historiquement qu'humainement.
Commenter  J’apprécie          110
La guerre fait de l'homme une bête. Et la bête de tous les algériens des traitres et de tous les français des bourreaux. L'histoire pourrait être aussi simple et se répéter sans cesse, triste et têtue. Heureusement il y a la mémoire, et les femmes quand les hommes ne parlent pas, ne parlent plus. Une jeune femme d'aujourd'hui part à la recherche de ses racines en Algérie : elle en croise d'autres, plus âgées, que la guerre a meurtries, entend et note leurs destins, pour nous et les siens. Les récits se complètent et se croisent. La guerre nous saisit, dans toute son horreur. Et ces femmes, tout à la fois ordinaires et exemplaires, aux destins hors du commun, nous en disent beaucoup plus que nos livres d'histoire . Un album poignant et captivant aux récits saisissants et aussi, pleins d'humanité.
Commenter  J’apprécie          80
Quel bel ouvrage que ce roman graphique qui nous présente la guerre d'Algérie comme elle a été vécue par les femmes. On parle déjà peu de cette guerre en elle-même et on peut dire que le rôle des femmes a été totalement mis de côté.
Je trouve que tout est dépeint avec justesse dans ce livre.
Tout d'abord, la difficulté pour certaines personnes de parler de cette douloureuse expérience. Ne pas en parler pour ne pas y penser comme le fait le père de Béatrice dès le début de l'histoire.
Ensuite, j'ai aimé retrouver les points de vue des différents acteurs : harkis, pieds-noirs, FLN, gouvernement français… aucun n'a été oublié.
Mon grand-père a fait la guerre l'Algérie mais il en parlait peu et je me rends compte que bien des éléments manquent dans mes connaissances sur ce conflit qui se révèle bien plus compliqué qu'il n'y paraît.
Les auteurs soulèvent aussi ici l'importance de ce que l'on transmet de nos histoires et souvenirs aux générations futures.
Une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          30
Le père de Béatrice a participé à la guerre d'Algérie, mais n'en a jamais parlé. Intriguée par des lectures, Béatrice s'interroge et commence par poser des questions à Saida, fille de Harki et vieille amie de sa mère. Suite à cette rencontre Béatrice décide de se rendre en Algérie. Au mémorial des martyrs, elle rencontre Djamila, ancienne moudjahidate engagée dans la lutte pour l'indépendance, mais qui a fini par fuir le FLN dont elle n'approuvait plus les missions de destruction. Par la suite, Béatrice recueillera le témoignage de Bernadette, une des 200.000 pieds-noirs qui sont restés en Algérie après 1962. En dernier lieu, Béatrice retiendra le récit de Malika, résistante moudjahidate, torturée, mais sauvée par un para français, puis membre du gouvernement algérien après l'indépendance.

La multiplicité des points de vues permet de comprendre la complexité de la situation pendant la guerre d'Algérie et d'appréhender aussi le rôle joué par les femmes. Les souvenirs sont représentés en bichronie, alors que le récit au présent s'approprie les couleurs, le tout avec un dessin sobre, qui laisse la part belle aux témoignages.
Commenter  J’apprécie          30
Lors d'un repas de famille Béatrice décide d'interroger son père sur la Guerre D'Algérie.
Mais traumatisé , ce dernier reste silencieux : le sujet est tabou.
Béatrice décide alors de se rendre en Algérie afin de découvrir les multiples facettes de ces terribles combats et de comprendre cette terrible guerre .
A travers le destin de 5 femmes ,Béatrice va se rendre compte que chacune exprime des ressentis, des traumatismes : une vérité propre à chacune.
Ces femmes mises de côté : françaises d'Algérie ou algeriennes qui ont souffert du conflit ou au contraire ont participé aux combats. Tous ces témoignages donnent un éclairage nouveau sur une guerre finalement mal connue

Ces femmes les premières sacrifiées de l'Histoire mais qui libèrent la parole des hommes notamment celle du père de Béatrice qui acceptera finalement de se confier a sa fille.
Le récit est vif, cette B.D est poignante.
Commenter  J’apprécie          30
A l'image de sa couverture choc, cet album ne laisse pas indifférent. Algériennes 1954-1962 est un roman graphique passionnant et poignant.
.
En résumé, Béatrice aimerait savoir ce qu'a vécu son père, lui qui a fait la guerre d'Algérie. Face à son silence, elle interroge sa mère qui lui fait part de l'attentat auquel elle a assisté et encourage sa fille à en savoir plus en l'orientant vers son amie Saïda, second témoignage de ce roman. Puis une fois en Algérie, viendront ceux de Djamila, Bernadette et Malika.
.
Le scenario fluide et vivant, réunit toutes ces femmes autour de l'attentat de Milk-Bar qui a eu lieu le 30 septembre 1956. Un même évènement. 5 témoignages. Aucun parti pris sauf celui de donner la parole aux femmes, « la guerre d'indépendance ça a aussi été les guerre des femmes dans la guerre des hommes. » le dessin est épuré, expressif et d'une lisibilité extrême. La mise en couleur de l'album est splendide et met en lumière la grande force et l'incroyable dignité ces femmes.

Le machisme des combattante et le choix du gouvernement en place d'effacer le rôle des femmes est également dénoncé. « Dans les livres, tu ne trouveras que les exploits des hommes. Tu ne trouveras pas les noms des femmes qui ont fait la guerre. On les a effacé. »
.
Autre point fort de cet album, les témoignages retracent aussi le quotidien des habitants de l'époque et souligne ainsi les inégalités de droits entre les communautés fondées sur le racisme. « Notre institutrice était une femme aigrie et raciste, c'est à cause de personne comme elle que la guerre a éclaté. » La partie sombre de la guerre est également évoquée. Un passage de tortures insoutenable et violent. « J'aurai aimé que les arabes face la guerre contre les différences sociales et pas contre les différences culturelles. »
.
Ce roman est une oeuvre de mémoire très intéressante que je recommande en support pédagogique car la thème sensible de la guerre d'Algérie est abordé avec finesse et nuance. Ces témoignages retracent habilement les grandes lignes de la guerre d'Algérie.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (155) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5234 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}