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Critique de MarcoKerma


(excusez-moi je vais être un peu long). 1er bouquin de Robert Merle et 1er de lui que je lis (mieux vaut tard..). J'ai vu le film il y a longtemps (qui ne m'avait pas tellement plu mais il faut que je le revoie) et c'est un peu dommage car difficile de ne pas avoir en tête Belmondo, Mondy, Marielle .. alors qu'ils ne correspondent pas vraiment, physiquement, à la description des personnages. Vaudrait mieux regarder une photo du Robert Merle de cette époque puisque ce récit est du vécu, vu qu'il s'est retrouvé coincé, comme les centaines de milliers de soldats français, belges et britanniques, sur les plages autour de Dunkerque, du 26 mai au 4 juin 1940, avec l'obligation d'attendre que les soldats britanniques soient évacués avant d'espérer monter sur un bateau (je suis étonné qu'aucun lecteur ne le dise sur Babélio)
Le titre est génialement ironique et peut correspondre à ce qu'a vécu R. Merle le week-end du 1er et 2 juin, avant d'être fait prisonnier.
Au petit jeu des correspondances avec d'autres livres, Week-end à Zuydcoote commence avec la gouaille d'un soldat "titi parisien" (transportant une femme morte dont les cuisses nues s'agitent..) qui semble déjà assez surprenante (ah la gouaille joyeuse et simple des Français !..), un peu comme le début du Voyage au Bout de la Nuit et continue par toute une série de scènes, comme dans une "vie quotidienne" normale, au cours desquelles les 4 soldats français se préoccupent de ce qu'ils mangent (la popotte..), de comment ils dorment (dans une grosse estafette ambulance qu'ils nomment la roulotte) etc.. se chamaillent.., bref, des préoccupations dérisoires au regard de ce qu'ils "vivent" ( et surtout de ce qu'ils risquent - la mort, tout simplement, si on peut dire..) et on se retrouve un peu, comme le dit chez Babelio theobservor, chez le Godot de Beckett.Le personnage principal (Merle/Bebel au ciné) déambule beaucoup, à pieds et dans sa tête, et l'on n'est pas loin de l'Absurde, du détachement désorienté de l'Etranger de Camus ou de pensées métaphysiques basiques. J'avoue - sous la torture - qu'au début (à part 2 bonnes pages - 26/27 dans l'édition de poche de 1962 - sur l'absurdité de la Guerre) avoir été un peu déçu et m'être un peu ennuyé face à ces personnages qui radotent, qui répètent souvent les mêmes phrases, avant de me rendre compte que ce n'était pas eux qui étaient ridicules mais la situation dans laquelle ils sont ensablés et que la répétition rendait bien cette absurdité. (page 244 : "c'était comme un cauchemar où il n'arrêtait pas de redire et de refaire les mêmes choses pour l'éternité")
Vers les pages 200 est écrite magnifiquement une scène très forte (n'abandonnez pas le livre en cours de (route) qui hisse le livre vers La Littérature, quand elle est puissante et exprime avec justesse ce qui est difficile à mettre en mots et qui m'a fait penser à la scène du crime dans la Bête Humaine de Zola et le film de Renoir sorti 2 ans avant juin 40 (Robert Merle l'avait-il vu ?).
La toute fin - c'est le cas de le dire - n'a pas été sans me rappeler les dernières lignes de Martin Eden de Jack London.
Donc, finalement, un bon bouquin sur l'étrangeté et l'incroyable - si on ne l'a pas vécue - absurdité cruelle de la Guerre. Pour un coup d'essai ce fut un coup de maître.
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