Citations sur Sur les traces d'Enayat Zayyat (92)
Le Dr Sadek
nous explique qu’il est d’usage que la famille propriétaire du tombeau enterre les siens dans les chambres
principales et fasse l’aumône du patio, voire d’une ou
deux petites chambres, à des parents nécessiteux ou aux
gens qui étaient à son service, dans ses maisons ou dans
ses terres. Pour faire passer ma nervosité, je pense à l’acacia. Où ai-je lu qu’en égyptien ancien, cet arbre s’appelait shent, les pharaons faisaient des bouquets avec ses
fleurs et son bois était utilisé pour construire portes, sarcophages et bateaux ? Qu’est-ce qu’on attend ici, alors
qu’Enayat repose à quelques mètres de là ?
J’ai traversé l’avenue de Roda et me suis installée au café à l’entrée de la rue Dar-el-Sinaa, dont on
dit qu’il fait face à l’appartement où a vécu l’actrice
Souad Hosni. Je pensais à elle tout en luttant contre le
mauvais pressentiment que personne n’allait venir. C’est
l’été, ils doivent encore dormir. À onze heures et demie,
Youssef Ossama m’a appelée, il était en route pour
Mohandessine avec une amie, ils allaient passer prendre
le Dr Sadek chez lui. J’essayai de maîtriser ma colère. Quelle
amie ? Et qui est ce Dr Sadek ? On avait un rendez-vous
de travail, non ? Est-ce qu’on ne s’était pas mis d’accord
pour commencer tôt pour éviter à la chaleur ?
Il fait
des visites guidées dans Le Caire fatimide tous les vendredis et samedis pour les Égyptiens. Je suis allé avec
lui dans les cimetières de Qarafa et de l’imam Chafi’i.
Il a une page Facebook qui s’appelle Al-Mamalik (« les
mamelouks »).
J’ai
l’impression d’avoir déjà vécu ma vie. Pourquoi alors existé-je à nouveau ! J’ai longtemps regardé la porte, j’ai cherché
dans ma mémoire une trace de cette vie que j’ai vécue, mais
je n’ai trouvé que l’image des escaliers de pierre, alors je
me suis retournée et je suis descendue, continuer le voyage
dans mon avenir passé !
Beauté malheureuse, le champ de la mort est silencieux,
terre vide de toute sensation, le froid parcourt les corps des
fleurs, passe la vie et naît la mort. J’ai vu à Alexandrie
des scènes que j’avais vécues en imagination, j’ai entendu
des expressions anciennes dans mes oreilles, j’ai vu des gens
dans des vêtements que je connaissais… mais d’où exactement, je ne sais pas. Il y a une barrière qui a fondu dans
ma mémoire. Les deux vies se sont confondues. Pourtant
j’ignore ce que demain apportera. S’il le veut, il laissera
mon cadavre vivant se lever à la surface de la nuit pour
m’amener jusqu’à demain, à d’autres pages anciennes.
Toutes les semaines précédentes, Enayat s’est sentie
comme un épouvantail. Sa main tremble dès qu’elle
prend une tasse de café, son humeur passe d’un extrême
à l’autre à la vitesse de l’éclair, les crises de panique l’assaillent sans crier gare, les somnifères sont impuissants à
vaincre l’insomnie. Les journées sont des traversées périlleuses des heures de travail, les nuits des gouffres où elle
tombe sans espoir d’en remonter.
La clinique ne
donne aucune information sur ses patients, même au-delà
de cinquante ans. Si vous voulez des informations sur
un patient ancien, il faut vous adresser au Conseil national de la santé mentale et demander l’autorisation de
consulter le dossier dans les archives.
Évidemment, aujourd’hui, si le psychiatre devait tester tous les médicaments, il deviendrait fou. Il y avait essentiellement trois techniques à l’époque pour soigner les malades mentaux. D’abord, l’imipramine, connu sous le nom de Tofranil, un antidépresseur qui stimule l’activité corporelle, améliore l’appétit et redonne au patient le goût de la vie quotidienne. La deuxième technique était l’abréaction, un traitement par le langage mis au point par Freud dès 1893. Dans ses études sur l’hystérie, il s’est intéressé aux désirs et affects réprimés et à leur lien avec un traumatisme. L’idée est de libérer les émotions refoulées en accédant au moment inconscient qui leur est lié. Jung aussi s’est intéressé à la psychanalyse, mais il ne croyait pas aux effets du traumatisme sur les troubles psychiques.
Évidemment, aujourd’hui, si le psychiatre devait tester tous les médicaments, il deviendrait fou. Il y avait essentiellement trois techniques à l’époque pour soigner les malades mentaux. D’abord, l’imipramine, connu sous le nom de Tofranil, un antidépresseur qui stimule l’activité corporelle, améliore l’appétit et redonne au patient le goût de la vie quotidienne. La deuxième technique était l’abréaction, un traitement par le langage mis au point par Freud dès 1893. Dans ses études sur l’hystérie, il s’est intéressé aux désirs et affects réprimés et à leur lien avec un traumatisme.
Dans les comptes
rendus qu’il envoyait à la revue scientifique Brain à
Londres, il estime que plus de 30 % des cas de folie qu’il
a observés sont causés par le haschisch chez l’homme et
par le sexe chez la femme35. Tout cela fit de lui une autorité consultée par les occupants français de l’Afrique
du Nord comme par ses compatriotes basés en Inde
ou en Extrême-Orient. Beniamin Behman n’était pas
convaincu par ces théories. Il n’appréciait guère non
plus le règlement intérieur mis en place par Warnock à
Abbasseya comme à l’hôpital de Khanka, fondé par ce
dernier en 1911, qui traitait différemment les malades
en fonction de leur degré de proximité par rapport à
la civilisation : il y avait un règlement pour les sujets
britanniques, un autre pour les Égyptiens de la classe
supérieure, un troisième pour les Égyptiens fonctionnaires
et un quatrième pour les pauvres ; en outre, les moyens
de l’hôpital, malgré tous les efforts, restaient sans comparaison avec ce qu’il avait vu en Angleterre.Beniamin Behman réalisa son rêve : il ouvrit une clinique psychiatrique de niveau international, où il établit
une formation à la psychiatrie en coopération avec l’université de Durham.