Aurore força le trait de khôl sur ses yeux. Elle coinça sous son béret quelques mèches revêches, déposa deux gouttes de parfum à la naissance de son cou et enfila son caban.
Elle s’apprécia une dernière fois dans le miroir. «La plus belle, c’est moi. Et merde à Blanche Neige !», gloussa-telle.
"J'étais fort autrefois", soupira-t-il.
"Non. Non, vous n'avez jamais été fort. Vous étiez puissant. C'est autre chose", répliqua Aurore.
Une chouette effraie, en retard ou en avance, traversa le chemin. Un halo de buée se formait à chacune des expirations d'Aurore. La peau des joues tendue par l'effet du froid, la tête engoncée dans les épaules, Aurore souriait. Les feuilles du sol émettaient de légers craquements sous ses pas. L'activité feutrée de la faune engourdie l'enveloppait. Aurore et la forêt ne faisait qu'un. Elle ne pouvait s'imaginer vivre sans se promener dans les bois.
Elle ne pouvait s'imaginer vivre sans se promener dans les bois.
Je veux croire qu’il est possible de devenir grand sans devenir méchant.
Aurore força le trait de khôl sur ses yeux. Elle coinça sous son béret quelques mèches revêches, déposa deux gouttes de parfum à la naissance de son cou et enfila son caban.
Elle s’apprécia une dernière fois dans le miroir. «La plus belle, c’est moi. Et merde à Blanche Neige !», gloussa-telle. La quarantaine généreuse, une allure de jeune femme et un teint de gamine, en vérité Aurore n'avait besoin d'aucun artifice pour faire ravage. Mais les soins précautionneux qu'elle portait à son apparence étaient pour elle comme le bon pain : une nécessité heureuse.
Même pour une balade dans la forêt avec un vieillard impotent, elle voulait être irrésistible.
"Vous avez faim ? ", demanda-t-elle.
"Toujours !", répondit-il.