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Critique de iris29


Elle s'appelle Catherine, elle est bonne à tout faire dans une exploitation du nord de la France. La première fois qu'elle l'a vue, sa patronne a décidé que Catherine n'était pas assez présentable pour servir à table : "Elle fait sale, cette petite"... Imaginez la claque, la honte, l'humiliation...
Alors Catherine se fera toute petite, (transparente si elle pouvait ), elle baissera les yeux, c'est que voyez-vous, elle a besoin d'argent. Là où elle habite , à part travailler pour monsieur Demest, il n'y a rien d'autre. Véritable seigneur de son domaine (qui n'est qu'une immense exploitation de betteraves), notable influent dans la région, il possède 500 hectares et quand sa petite-fille de quatre ans est enlevée, qu'une rançon est demandée, c'est tout une "petite armée" qui se met au service de l'enquête, gendarmes et policiers.

Et nous lecteurs, nous suivrons le plus souvent, le duo de policiers ( le vieux à la moustache fatiguée, pèpère et philosophe, proche de la retraite, et le jeune plus fringuant, fonceur) envoyés de Paris, qui découvrent la région, le domaine, la famille, qui déroule les événements, depuis que la petite Sylvie a échappé à la vigilance de Catherine. Catherine qui , comme les autres, ne parle pas. Trop peur de se faire renvoyer, trop peur de Monsieur ...

On est en Février 1969, et nos flics dorment à l'hôtel-restaurant du village. Il fait un froid de canard dans leurs chambres, l'unique salle de bain est au rez-de chaussée, tout comme l'unique téléphone à pièces , ce qui est parfait pour les oreilles qui trainent. On est en 1969, mais dans cet endroit, c'est comme si notre duo avait fait un bond de trente ans en arrière au niveau des mentalité. le jeune policier râle, mais il veut du fond de ses tripes retrouver la petite. Il voudrait que cette enquête soit bouclée au plus vite, rapport au froid, à la boue, au mutisme des gens, au journaliste qui les dérange un peu, et surtout il voudrait retrouver sa Claudia, celle qui illumine ses journées, celle qu'il traite d'égal à égale, pas comme d'autres hommes qui habitent ce coin perdu


Ce roman est , en dehors de l'enquête, un roman sur les oppositions, sur les contrastes : une France qui, peu à peu disparaîtra engloutie par les années 60, la ruralité par rapport à la France citadine, des classes sociales différentes , hommes forts/faibles femmes, jeunesse/ vieillesse, boue/ soleil, chaleur/ froid, gentillesse / froideur ou mépris de classe...

Lorsque le roman commence , j'ai pensé à " L'Analphabéte" de Ruth Rendell (devenu La Cérémonie au cinéma avec Claude Chabrol), dans la façon qu'a Louise Mey de décrire sa Catherine. Puis, avec l'arrivée des policiers parisiens, j'ai pensé au commissaire Maigret , car tous les soirs ,ils rentrent à leur hôtel et dînent (tard ) dans la salle commune de plats bien français et roboratifs...
Et puis j'ai pensé à l'avant dernier roman de l'auteure, l'excellent "La deuxième femme" qui parlait de la cause des femmes. Louise Mey continue à parler des femmes, les riches, les pauvres, les petites sales avec beaucoup d'intensité. Formidablement bien écrit , on sent la boue, on sent la petite ville de province , on sent la domination, on sent le travail de fourmi des policiers et gendarmes, on sent le froid, l'inconfort, et puis on sent ( pour certains ) la lumière au bout du tunnel. La fin est légérement malicieuse...


Louise Mey est une grande de la littérature française, lisez aussi " Deuxième femme", un chef d'oeuvre, ni plus, ni moins !







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