L'effet placebo et autres textes

Les yeux du policier devinrent brillants. Il n’en parlait jamais, mais Robitaille, qui en avait vu d’autres, soupçonnait qu’il était un écorché et qu’une faille immense traversait son enfance comme une longue et douloureuse cicatrice serpente les chairs.

Joyeux, rieur, il m’a raconté des histoires comme seul un être à l’imaginaire aussi débordant pouvait le faire. Conscient de la gravité du moment, je suis demeuré sans appétit et sans paroles.

Je ne crois plus au Père Noël, mais j’imagine que c’est plus facile d’accepter la mort si on a la foi... Et ceci est mon corps, livré pour vous.

La jeune vamp avait la réputation d’être assez libertine, particulièrement avec les associés principaux du cabinet, dont elle collectionnait les scalps.

Mon corps est insensible et froid à l’instar d’une enveloppe vide, me semble étranger à ma personne, alors que mon esprit ravagé par ta perte veut pleurer, se fendre et se dissoudre.

Caligo termine sa dernière consultation avec plus de quarante minutes de retard, mais il a toutes les raisons du monde de se réjouir. « Une autre cliente satisfaite », songe-t-il alors qu’il remonte sa braguette avec malice.

- Tu crois qu’elle a besoin d’une psychanalyse ?
- C’est difficile à dire...
- Écris-le, alors...

Il a onze ans. L’oreille qu’il a arrachée ne repoussera pas. Il n’a pas de remords. Mais il sait depuis ce jour que n’importe qui est capable de réactions violentes.

Quand on a commencé à le rouer de coups, il s’est roulé en boule, recroquevillé sur lui-même. Les coups ne lui faisaient plus mal. Seule la honte et l’humiliation lui étaient insupportables.

Lupà a neuf ans. C’est à cet âge qu’elle comprend que les personnages des films à la télé sont joués par des acteurs. C’est à ce moment qu’elle prend la décision de faire de sa vie un long métrage, encore qu’elle ne comprenne pas, à cet âge, qu’elle finira par flotter quelque part entre la fiction et la réalité.