Et puis il reste la grande raison, la seule valable :
l'incompétence. Vous savez mieux que quiconque
combien elle a cours dans notre chère Province. Et
l'incompétence existe chez l'écrivain au même niveau
qu'elle existe chez la plupart de nos spécialistes ou
de nos professionnels. Je définis ainsi nos écrivains,
en deux classes bien distinctes, et je ne crois pas me
tromper : Il y a ceux qui ont quelque chose à dire
mais ne savent pas le dire et ceux qui n'ont rien à
dire mais le disent bien.. Le malheur pour ces der-
niers, c'est que personne n'est intéressé à payer deux
ou trois dollars pour savoir si monsieur X connaît
ou non sa grammaire. L'autre malheur c'est que
celui qui aurait quelque chose à raconter est impuis-
sant. Et quand je dis impuissant, je dis impuissant.
Il faudrait vous faire lire quatre-vingt-dix-neuf pour
cent des manuscrits que nous recevons.
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