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Citations sur Plume (précédé de) Lointain intérieur (116)

Ce qui est divin est la nature. Les choses immédiates sont la nature. La transsubstantiation est la nature. Les miracles sont la nature. Les miracles, la lévitation . La joie parfaite. La fusion dans l'amour est la nature. La libération de l'âme.
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Quand les motocyclettes rentrent à l’horizon

La seule chose que j’apprécie vraiment, c’est une motocyclette. Oh ! Quelles jambes fines, fines ! A peine si on les voit.

Et pendant qu’on admire, déjà, tant elles sont rapides, elles regagnent prestement l’horizon qu’elles ne quittent jamais qu’à grand regret.

C’est ça qui fait rêver ! C’est ça qui fait pisser les chiens contre le pied des arbres ! C’est ça qui nous endort à tout le reste, et toujours nous ramène, recueillis aux fenêtres, aux fenêtres, aux fenêtres aux grands horizons.
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“Il cherche la jeunesse à mesure qu'il vieillit. Il l'espérait. Il l'attend encore. Mais il va bientôt mourir.”
Plume, Difficultés
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NAISSANCE


Pon naquit d’un œuf, puis il naquit d’une morue et en naissant la fit éclater, puis il naquit d’un soulier ; par bipartition, le soulier plus petit à gauche, et lui à droite, puis il naquit d’une feuille de rhubarbe, en même temps qu'un renard ; le renard et lui se regardèrent un instant puis filèrent chacun de leur côté. Ensuite il naquit d'un cafard, d'un œil de langouste, d'une carafe ; d'une otarie et il lui sortit par les moustaches, d'un têtard et il lui sortit du derrière, d'une jument et il lui sortit par les naseaux, puis il versait des larmes en cherchant les mamelles, car il ne venait au monde que pour téter. Puis il naquit d'un trombone et le trombone le nourrit pendant treize mois, puis il fut sevré et confié au sable qui s'étendait partout, car c'était le désert. Et seul le fils du trombone peut se nourrir dans le désert, seul avec le chameau. Puis il naquit d'une femme et il fut grandement étonné, et réfléchissant sur son sein, il suçotait, il crachotait, il ne savait plus quoi ; il remarqua ensuite que c'était une femme, quoique personne ne lui eût jamais fait la moindre allusion à ce sujet ; il commençait à lever la tête, tout seul, à la regarder d'un petit œil perspicace, mais la perspicacité n'était qu'une lueur, l'étonnement était bien plus grand et, vu son âge, son grand plaisir était quand même de faire glou glou glou, et de se rencoigner sur le sein, vitre exquise, et de suçoter…

p.124-125

Extraits PLUME précédé de LOINTAIN INTÉRIEUR, Nouvelle édition revue et corrigée, GALLIMARD 1963
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Difficultés (1930)
MOUVEMENTS DE L'ȆTRE INTÉRIEUR

La poudrière de l’être intérieur ne saute pas toujours. On la croirait de sable. Puis, tout à coup, ce sable est à l’autre bout du monde et, par des écluses bizarres, descend la cataracte de bombes.
En vérité, celui qui ne connait pas la colère ne sait rien. Il ne connait pas l’immédiat.
Puis la colère rencontre la patience lovée sur elle-même. Sitôt touchée, celle-ci se dresse et se confond avec celle-là, et fonce comme un obus et tout ce qu’elle rencontre elle le renie et le transperce.
Puis, roulant ensemble, elles rencontrent la confiance à la grosse tête et les autres vertus, et la débâcle s’étend à toutes les zones.
La vitesse remplace le poids et fait fi du poids.
Comme un cil pointant au bord d’une paupière y est mieux à sa place qu’au bout d’un nez, la vélocité est à sa place dans l’être intérieur. Elle y est plus naturelle que dans la patte d’une tortue atteint de paralysie.
Quand la concupiscence halant ses bateaux de fièvre dans la campagne immense de l’être intérieur… Quoi ! Qu’est-ce donc que cette brume qui monte ?
L’être intérieur combat continuellement des larves gesticulantes. Il se trouve tout à coup vidé d’elles comme d’un cri, comme de détritus emportés par un ouragan soudain.
Mais l’envahissement reprend bientôt par le bas, et le calme d’un instant est soulevé et troué comme le couvercle des champs par les grains de blé avides de croître.
Il faut voir l’être intérieur attaquant la concupiscence. Quel boulanger plongea jamais d’aussi énormes mains dans son pétrin ? Quel boulanger vit-on pareillement accablé par la montagne mouvante, montante, croulante, de la pâte ? Une pâte qui cherche le plafond et le crèvera.
L’être intérieur collabore avec la concupiscence dans la joie ou avec réserve. Mais toujours il est traqué par cet envahisseur gonflant.
L’être intérieur a tous les mouvements, il se lance à une vitesse de flèche, il rentre ensuite comme une taupe, il a d’infinie hibernations de marmottes. Quel être mouvementé ! Et la mer est trop mesquine, trop lente pour pouvoir lui être comparée, la mer à la gueule ravagée.
Enfin, s’attaquant à l’homme vaincu d’avance, la Peur,
Quand la peur, au ruissellement mercuriel, envahit la pauvre personnalité d’un homme qui devient aussitôt comme un vieux sac,
Écartant tout quand elle entre, en Souveraine, s’assied et se débraille sur les sièges culbutés de toutes les vertus,
Décongestif unique du bonheur, quand la Peur,
Quand la Peur, langouste atroce, agrippe la moelle épinière avec ses gants de métal…
Oh, vie continuellement infecte !
Le désespoir et la fatigue s’unissent. Et le soleil se dirige d’un autre coté.

p.131-132-133
Extraits PLUME précédé de LOINTAIN INTERIEUR, Nouvelle édition revue et corrigée, GALLIMARD 1963
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LE GRAND VIOLON

Mon violon est un grand violon-girafe ;
j'en joue à l'escalade,
bondissant dans ses râles,
au galop sur ses cordes sensibles et son ventre affamé aux désirs épais,
que personne jamais ne satisfera,
sur son grand cœur de bois enchagriné,
que personne jamais ne comprendra.
Mon violon-girafe, par nature a la plainte basse et importante, façon tunnel,
l'air accablé et bondé de soi, comme l'ont les gros poissons gloutons des hautes profondeurs,
mais avec, au bout, un air de tête et d'espoir quand même,
d'envolée, de flèche, qui ne cédera jamais.
Rageur, m'engouffrant dans ses plaintes, dans un amas de tonnerres nasillards,
j'en emporte comme par surprise
tout à coup de tels accents de panique ou de bébé blessé, perçants, déchirants,
que moi-même, ensuite, je me retourne sur lui, inquiet, pris de remords, de désespoir,
et de je ne sais quoi, qui nous unit, tragique, et nous sépare.
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Quand la Peur, langouste atroce, agrippe la moelle épinière avec ses gants de métal...
Oh, vie continuellement infecte !
Le désespoir et la fatigue s'unissent. Et le soleil se dirige d'un autre côté.
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VIEILLESSE

Soirs ! Soirs ! Que de soirs pour un seul matin !
Îlots épars, corps de fonte, croûtes !
On s'étend mille dans son lit, fatal déréglage !

Vieillesse, veilleuse, souvenirs : arènes de la mélancolie !
Inutiles agrès, lent déséchafaudage !
Ainsi, déjà, l'on nous congédie !
Poussé ! Partir poussé !
Plomb de la descente, brume derrière...
Et le blême sillage de n'avoir pas pu Savoir.
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DANS LA NUIT

Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit.

Mienne, belle, mienne.

Nuit
Nuit de naissance
Qui m'emplit de mon cri
De mes épis.
Toi qui m'envahis
Qui fais houle houle
Qui fais houle tout autour
Et fumes, es fort dense
Et mugis
Es la nuit.
Nuit qui gît, nuit implacable.
Et sa fanfare, et sa plage
Sa plage en haut, sa plage partout,
Sa plage boit, son poids est roi, et tout ploie sous lui
Sous lui, sous plus ténu qu'un fil
Sous la nuit
La Nuit.
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LE PORTRAIT DE A.

Dans les livres, il cherche la révélation. Il les parcourt en flèche…

Il a toujours pensé qu'une idée de plus n'est pas une addition. Non, un désordre ivre, une perte de sang-froid, une fusée, ensuite une ascension générale.
Les livres lui ont donné quelques révélations. En voici une : les atomes. Les atomes, petits dieux. Le monde n'est pas une façade, une apparence. II est : ils sont. Ils sont, les innombrables petits dieux, ils rayonnent. Mouvement infini, infiniment prolongé.

Ah ! Comprendre le monde cette fois, ou jamais !

p.113-114
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