Étrange histoire que tout ceci, car finalement, en quelques tours de plume tracés avec justesse, ce jeune journaliste n'aurait-il pas, en fait, réussi son premier coup d'essai ?
En effet, en refermant le livre, je me suis dit : "Tu as encore lu trop vite! Tu as dû décrocher et passer des chapitres sans t'en rendre compte!". Mais, en fait, cette impression qu'il manquait des liaisons entre les événements, je l'ai eue tout le long du livre. Je n'ai pas arrêté de faire des marche-arrière, buttant sans cesse sur des "coqs à l'âne". Déjà au début, de but en blanc, le jeune homme semble hors sol, hors réel, en supposant que les adultes à l'avant de la voiture sont ses parents. le livre dans son ensemble sera construit sur ce mode. Les personnages et les événements tombent, sans préparation, comme des pierres dans la soupe projetant leur présence incongrue, leur violence. Et à chaque fois, la sensation, bien réelle, que quelqu'un me frappe la tête, brusquement, sèchement. Peut être était-ce voulu ? Peut être n'étais-je pas disposée à appréhender ce type de conte ? Mais, est-ce un conte ? Peut être que le choix de ce style d'écriture de la part de l'auteur a été choisi pour souligner l'absurdité du monde du travail actuellement ? Son organisation perpétuellement au bord de l'implosion ? Sa hiérarchie où les pouvoirs se conjuguent de prétentions et d'abus ? La résignation lasse de ceux qui en sont victimes ? de ceux qui sont sensés les défendre ?
Seulement voilà, mise à part le souvenir nauséeux du personnage central, affublé d'une muselière entouré de harpies, il ne me reste pour seule sensation qu'un immense vide de sens, de sentiments, d'humains.
Et la souffrance ? Celle du héros ? Celle qu'il est sensé ressentir aux vues et regards des humiliations subies ? Rien ? Et à la fin, le jeune homme que j'appelle celui à «
la chance que tu as » qui disparaît, se volatilise avec le silence cotonneux d'une averse de neige alors qu'il croise son remplaçant! C'est tout ? Trois petits tours et puis s'en vont ? Pas de trace ? Pas de crime ? Une âme sans vie est passée entre les serres du domaine ?
Ainsi, je n'ai pas aimé! Mais alors, pas du tout aimé ce que j'ai lu! Car si c'était pour me faire toucher de l'esprit « le monde comme il va », et bien l'auteur a réussi! Mes mains en tremblent encore. Je suis hors de moi!
… Et j'attends son prochain roman avec impatience.