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Critique de tolbiac


Sayonara Grand prix de ma rentrée Littéraire ; un roman de 1954.
Un magnifique roman oublié trouvé chez un bouquiniste.
C'est l'histoire d'un amour. D'un formidable amour. de la différence, de l'acceptation de celle-ci.
Le personnage central, le Major Lloyd Gruver le narrateur, est un officier américain. L'action ce situe pendant la guerre de Corée. La base arrière de l'armée Américaine est le Japon. le pays est occupé par les GI. Voilà pour le décor.
On découvre un Japon qui n'existe plus de nos jours. le temps des champs, des traditions, d'une culture millénaire. C'est décrit avec une profonde empathie, on sent que l'auteur aime ce Japon là. Il en parle comme un étranger qui serait tombé « En amour » pour cette terre là.
En fait, le personnage principal découvre lentement ce pays et nous avec. Il enlève ses aprioris au fur et à mesure qu'il se laisse surprendre, qu'il découvre et apprends à comprendre les différences entre les deux cultures. La force du roman vient qu'on suit les pensées de Gruver. L'écriture est fluide et pourtant rempli de détails qui ne sont jamais lourd. Les détails viennent souligner une pensée, un regard.
Au départ on ne connait rien de cette époque, on y pénètre à tâtons. Dès le début, on rentre dans le vif du sujet, Gruver essaye de faire entendre raison à un soldat, Joe Kelly, ça donne le ton. Ce dernier est fou amoureux d'une Japonaise et a décidé de se marié avec la femme qu'il aime. Sa hiérarchie si oppose et Gruver essaye de comprendre son collègue de guerre. C'est la faille de Gruver. Sa force aussi. Comment raconter les questionnements de Gruver, comment expliquer la tendresse qu'on vient à avoir pour lui, pour ses doutes, ses emportements, ses faiblesses, sa lâcheté, ses erreurs, sa force ? On l'écoute nous parler de ce pays si loin du sien. On le regarde apprendre ce pays et on apprend avec lui. On s'éprend avec lui de la belle Hana-Ogi, on s'émerveille de l'art théâtral japonais, on découvre cette terre Japonaise, cette époque révolue.
Tous les passages qui décrivent ce japon là, sont splendides. On est y, on remonte le temps.
Il ne faut pas oublier que l'écrivain qui nous raconte cette histoire, James A. Michener, a eu le prix Pulitzer en 1948 pour un roman “Pacifique Sud”, qui relate la deuxième guerre mondiale de ce côté-là du monde. Et pour cause, Michener était lieutenant de US navy, comme historien maritime. Et il connait ce monde là.
Et pour l'aparté, c'est bien loin des sagas qu'il écrira plus tard, Colorado Saga, Chesapeake, Texas etc… Là pas question de raconter l'histoire géologique d'une terre, sa naissance, la naissance d'une nation, de mélanger la grande histoire à la petite. On est dans le détail d'une vie en bascule, dans le tangage des sens. Dans ce moment ou un destin se décide.
Ici, on se retrouve dans un Japon post Hiroshima. Et la rencontre, la découverte, la relation entre Hana-ogi et le major Gruver est incroyablement juste. Et intemporelle. C'est la rencontre de deux mondes, de deux identités, toutes deux remplis de paradoxe tout autant que de ressemblances.
Les deux personnages principaux ont des rôles important dans leurs propres communautés (Gruver un officier de l'armée d'occupation et Hana-ogi star du théâtre traditionnel), ils vivent leurs émotions comme un combat, écartelés par l'influence de leurs mondes respectifs. Les nuances sont là, les questionnements des uns et des autres se délient au fils des pages. Pour faire croitre cet amour, pour le vivre malgré le poids de la morale qui s'oppose à leurs sentiments, ils affrontent ensemble les préjugés.
On est confronté à une écriture profondément humaniste, c'est limpide, ça touche ou ça fait mal, c'est sans pathos, c'est loin d'être mièvre, c'est roméo et Juliette à la sauce Nippon.
C'est pudique, intelligent.
Bien qu'écrit avant la mondialisation des amours, ce récit, cette histoire dégage un parfum intemporel.
C'est bouleversant ! Et je comprends qu'Hollywood ce soit précipité pour l'adapter au cinéma. Je regrette d'autant plus qu'aucun éditeur ne le porte pas plus en avant et qu'il soit abandonné dans leurs catalogues. A l'heure ou tout et rien est publié, le mauvais comme le très bon, ça serait rendre justice que ce genre de roman reste en haut de l'affiche, comme les raisins de la colère, comme le pont de la rivière Kwai. Comme Upton Sinclair et son « pétrole » le Zola américain comme ils disent, faudra-t-il attendre une nouvelle adaptation cinématographique pour que le public français redécouvre cette pépite ? Dommage. Vraiment dommage.
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