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EAN : 978B00005WR4N
Bantam (30/11/-1)
4.39/5   9 notes
Résumé :
SAYONARA ... C'est le triste mot japonais de l'adieu qui, à la fin du livre, monte aux lèvres du major Lloyd Gruver.
En dépit des directives rigoureuses de l'Armée, dix mille G.I. ont épousé de jeunes Japonaises. Ils croyaient pourtant, à l'époque, qu'il leur serait interdit de ramener leur compagne aux États-Unis, mais ils étaient conscients d'avoir découvert auprès d'elles l'amour tendre et fidèle qui fait un foyer.
Sur ce thème, James Michener a écr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pendant la guerre de Corée, « Ace » Llyod Gruver, pilote célèbre ayant descendu sept Migs, fils d'un général, est rappelé au Japon, à cette époque sous « occupation » américaine, à la base aérienne d'Itami, près de Kobe. Avec lui rentre un autre pilote, Joe Kelly, qui désire se marier avec une Japonaise (Katsumi). Llyod reçoit la mission de dissuader Joe de cette union, car, tout comme ses supérieurs, il ne voit ces femmes que comme des "naines hideuses" . Malgré tout, Joe refuse de se laisser convaincre, et lui demande même d'être son témoin.

À Osaka, les retrouvailles surprises de Llyod avec sa fiancée Heilen, fille du général Webster, à qui il doit son rappel au Japon, se passent moins bien que prévu : alors que Llyod veut une femme qui, connaissant la vie militaire, attende sagement son époux à la maison, Heilen veut le suivre sur tous les terrains, comme sa mère l'a fait avec son père. Cette future belle-mère étant un « cheval de bataille », la perspective d'épouser une femme devenant aussi directive qu'elle refroidit notre héros. de plus, il découvre l'existence de ce qu'il pensait impossible : de belles Japonaises ! Sa « future » belle-mère a en effet l'idée peu inspirée de l'emmener voir un spectacle de superbes danseuses, les Takarazuka-girl, dont une, Fumiko, est la compagne d'un soldat, Mike. Grâce à elle et à Katsumi, la femme du soldat qu'il devait convaincre, il approche une danseuse célèbre, dont le nom de scène est Hana-Ogi, qui le fascine dangereusement. Après une invitation chez Mike, qu'elle accepte contre toute attente, les deux jeunes gens font plus que fraterniser, malgré la barrière de la langue, ce qui donne lieu à quelques méprises cocasses.

Il va de soi que la relation entre un héros américain et une Japonaise, fût-elle une vedette, ne rencontre pas une grande popularité une fois révélée : bien que fêtée par les japonais, elle est vue avec horreur par nombre de supérieurs du major, et en premier lieu par le colonel Crawford, qui fait de son mieux pour persécuter tous ceux qui osent désirer se marier avec une Japonaise ; ainsi que par Mme Webster, la femme du général, qui partage l'opinion de l'armée selon laquelle les Américains doivent se garder et se défier, sous toutes les formes, de l'ennemi d'hier. Si l'on ferme un oeil hypocrite sur les bordels qui voisinent les bases américaines, si on déplore que quelques mauvais soldats se compromettent avec des femmes sans importance, il n'est pas question qu'un héros de guerre aux états de service jusqu'alors irréprochables puisse envisager de se marier avec une Japonaise, même si c'est une star dans son pays.

Llyod et Ana-Ogi vont devoir faire face à l'adversité, tout comme leurs ami Joe et Katsumi, qui vont les protéger et les loger, en attendant l'ordre inéluctable de rentrer aux Etats Unis, qui n'acceptent pas, à cette époque, que les militaires puissent revenir au pays en étant accompagnés de leur femme si cette dernière est japonaise…

J'ai lu ce roman, paru en 1954, en anglais, car bien qu'il ait été traduit (pas très bien, d'après les rares avis que j'ai pu consulter) en français par André Cubzac dans les années 50, il n'a jamais été réédité et on ne peut plus le trouver à un tarif raisonnable (une édition de 1960 à plus de 50 €, un exemplaire numéroté paru en 1954 chez Amiot Dumont est proposé à… 200 € !). Il existe toutefois quelques éditions en français plus accessibles venues du Québec. J'ai donc lu « sayonara » dans sa version originale Kindle, ayant été bien aidé par le dictionnaire anglais intégré pour éclaircir certaines tournures de phrase. J. Michener l'écrivit en 1953, et le roman est l'occasion de mesurer l'abîme entre les conceptions de l'époque et la nôtre. Disons le tout net, le héros de l'histoire, Llyod, se ferait étriper par nos modernes féministes lorsqu'il décrit sa quête de la femme idéale, ménagère docile dévouée corps et âme au bien être de son seigneur et maître. Certaines des expressions employées par les officiers militaires racistes ne passeraient plus les filtres des « sentisivity readers » : les soldats qui ont la faiblesse d'être amoureux de Japonaises sont des « nigger-lover », car comment comprendre qu'ils puissent être capables d'apprécier ces « bouddha-faces »…

J. Michener nous fait ainsi voyager dans une époque et un lieu peu souvent décrit : le Japon sous intendance américaine, pendant la guerre de Corée. On y suit la confrontation de deux civilisations, de deux cultures. le major Lloyd est surpris des origines misérables de Hana-ogi, révulsé par le fait qu'elle ait été vendue par ses parents, mais il comprend mieux cela lors d'une promenade où il réalise qu'il y a « trop de monde au Japon pour trop peu de terres », ce qui ne peut mener qu'à la misère.

On découvre dans le roman la vie quotidienne de l'après-guerre, comme une description vivante de la rue populaire où vivent, chez Joe Kelly et sa femme Katsumi, Llyod et Hana-ogi, mais aussi certains travers japonais, comme celui d'accuser les Coréens de tous les méfaits possibles. Dans le récit apparaît également la fierté « incompréhensible » de ce peuple vaincu, cette volonté d'être avant tout japonais, et de refuser de devenir autre : lorsque Llyod décide de se marier avec Hana-ogo, sans lui en avoir parlé auparavant, alors même qu'ils ont des difficultés à communiquer, il n'envisage pas une seconde que cette dernière puisse refuser, et ne pas vouloir le suivre ensuite en Amérique ; bien que même l'administration de l'air force se rie de sa naïveté. le refus d'Hana-ogi plongera le major dans la plus grande stupéfaction : « comment quelqu'un vivant dans ce pays minuscule sans commodités et sans futur peut-il le préférer à l'Amérique ? »

Sayonara est donc un excellent roman sur le Japon écrit par un américain qui connaît bien le pays et le contexte (il était historien maritime dans l'US Navy pendant la Seconde Guerre mondiale, dans le Pacifique) et fait preuve, avec beaucoup d'avance, d'un solide esprit critique à l'égard de l'esprit étroit des militaires et des comportements racistes alors largement répandus. 

La qualité du récit et le talent de son auteur ont inspiré le cinéma, car un film avec Marlon Brando et Ricardo Montalbán en a été tiré et est sorti le jour de Noël 1957. Ce film diffère quelque peu du roman par sa fin, plus conforme à un « Happy end », et l'on peut noter que l'interprète japonaise de Katsumi, Miyoshi Umeki, a été la première femme d'origine japonaise à remporter un Oscar, celui de meilleure actrice dans un second rôle.
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Sayonara Grand prix de ma rentrée Littéraire ; un roman de 1954.
Un magnifique roman oublié trouvé chez un bouquiniste.
C'est l'histoire d'un amour. D'un formidable amour. de la différence, de l'acceptation de celle-ci.
Le personnage central, le Major Lloyd Gruver le narrateur, est un officier américain. L'action ce situe pendant la guerre de Corée. La base arrière de l'armée Américaine est le Japon. le pays est occupé par les GI. Voilà pour le décor.
On découvre un Japon qui n'existe plus de nos jours. le temps des champs, des traditions, d'une culture millénaire. C'est décrit avec une profonde empathie, on sent que l'auteur aime ce Japon là. Il en parle comme un étranger qui serait tombé « En amour » pour cette terre là.
En fait, le personnage principal découvre lentement ce pays et nous avec. Il enlève ses aprioris au fur et à mesure qu'il se laisse surprendre, qu'il découvre et apprends à comprendre les différences entre les deux cultures. La force du roman vient qu'on suit les pensées de Gruver. L'écriture est fluide et pourtant rempli de détails qui ne sont jamais lourd. Les détails viennent souligner une pensée, un regard.
Au départ on ne connait rien de cette époque, on y pénètre à tâtons. Dès le début, on rentre dans le vif du sujet, Gruver essaye de faire entendre raison à un soldat, Joe Kelly, ça donne le ton. Ce dernier est fou amoureux d'une Japonaise et a décidé de se marié avec la femme qu'il aime. Sa hiérarchie si oppose et Gruver essaye de comprendre son collègue de guerre. C'est la faille de Gruver. Sa force aussi. Comment raconter les questionnements de Gruver, comment expliquer la tendresse qu'on vient à avoir pour lui, pour ses doutes, ses emportements, ses faiblesses, sa lâcheté, ses erreurs, sa force ? On l'écoute nous parler de ce pays si loin du sien. On le regarde apprendre ce pays et on apprend avec lui. On s'éprend avec lui de la belle Hana-Ogi, on s'émerveille de l'art théâtral japonais, on découvre cette terre Japonaise, cette époque révolue.
Tous les passages qui décrivent ce japon là, sont splendides. On est y, on remonte le temps.
Il ne faut pas oublier que l'écrivain qui nous raconte cette histoire, James A. Michener, a eu le prix Pulitzer en 1948 pour un roman “Pacifique Sud”, qui relate la deuxième guerre mondiale de ce côté-là du monde. Et pour cause, Michener était lieutenant de US navy, comme historien maritime. Et il connait ce monde là.
Et pour l'aparté, c'est bien loin des sagas qu'il écrira plus tard, Colorado Saga, Chesapeake, Texas etc… Là pas question de raconter l'histoire géologique d'une terre, sa naissance, la naissance d'une nation, de mélanger la grande histoire à la petite. On est dans le détail d'une vie en bascule, dans le tangage des sens. Dans ce moment ou un destin se décide.
Ici, on se retrouve dans un Japon post Hiroshima. Et la rencontre, la découverte, la relation entre Hana-ogi et le major Gruver est incroyablement juste. Et intemporelle. C'est la rencontre de deux mondes, de deux identités, toutes deux remplis de paradoxe tout autant que de ressemblances.
Les deux personnages principaux ont des rôles important dans leurs propres communautés (Gruver un officier de l'armée d'occupation et Hana-ogi star du théâtre traditionnel), ils vivent leurs émotions comme un combat, écartelés par l'influence de leurs mondes respectifs. Les nuances sont là, les questionnements des uns et des autres se délient au fils des pages. Pour faire croitre cet amour, pour le vivre malgré le poids de la morale qui s'oppose à leurs sentiments, ils affrontent ensemble les préjugés.
On est confronté à une écriture profondément humaniste, c'est limpide, ça touche ou ça fait mal, c'est sans pathos, c'est loin d'être mièvre, c'est roméo et Juliette à la sauce Nippon.
C'est pudique, intelligent.
Bien qu'écrit avant la mondialisation des amours, ce récit, cette histoire dégage un parfum intemporel.
C'est bouleversant ! Et je comprends qu'Hollywood ce soit précipité pour l'adapter au cinéma. Je regrette d'autant plus qu'aucun éditeur ne le porte pas plus en avant et qu'il soit abandonné dans leurs catalogues. A l'heure ou tout et rien est publié, le mauvais comme le très bon, ça serait rendre justice que ce genre de roman reste en haut de l'affiche, comme les raisins de la colère, comme le pont de la rivière Kwai. Comme Upton Sinclair et son « pétrole » le Zola américain comme ils disent, faudra-t-il attendre une nouvelle adaptation cinématographique pour que le public français redécouvre cette pépite ? Dommage. Vraiment dommage.
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Ce roman rédigé en plein Japon des années 50 est une belle découverte. Durant cette période, la culture du pays du Soleil levant fascine les occidentaux.
A une époque où la hache de guerre n'est pas encore enterrée, et que le Japon s'occidentalise, un officier américain accepte un mariage arrangé qui contribuera à sa carrière. Mais il se heurte à une artiste japonaise qui va bouleverser le reste de sa vie.

Avec bienveillance et passion, l'auteur nous décrit au travers d'une romance ce pays si mystique. le lecteur contemple avec la même fascination que les soldats américains ces femmes japonaises et il apprend à aimer leur élégance asiatique. Sans grande surprise, ce beau roman a eu droit à une adaptation cinématographique en 1957, film que je vais évidemment regarder pour satisfaire ma curiosité.
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Sayonara, VO 1954 - James Michener, EU

Romance. Officier américain aime jeune femme japonais. Une histoire merveilleuse. Adapté au cinéma avec Marlon Brando.
Mes excuses, je n'ai pas trouvé une édition franc,aise de ce beau roman.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
A notre chemin, et au canal, et aux petites maisons, et au café où l'on joue au pachinko, et aux flûtes qui jouent dans la nuit, je dis : Sayonara. Et à toi, Japon, à tes îles surpeuplées, à ta terre tragique : Sayonara, terre ennemie, terre amie. Mais bien que je prononçasse ces mots, je savais qu'il me fallait le chasser de mon esprit. Il me fallait bien admettre que je vivais à une époque où le seul métier honorable est celui de soldat, et où la seule attitude convenable à l'égard des pays étrangers et des gens d'une autre couleur ne doit pas être l'amour, mais la peur.
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