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Citations sur Aux racines du religieux: Jung et la religion (86)

Accusé par ses adversaires de psychologiser la notion de Dieu et d'en annuler le mystère, il se défend en faisant remarquer que le fait de considérer une affirmation métaphysique comme un "processus psychologique" n'empêche pas que Dieu puisse avoir une existence réelle en dehors de l'esprit humain. Mais cela n'est pas l'objet de la psychologie analytique et il fait partie de l'éthique d'un scientifique, de reconnaître les limites de sa science. Il était convaincu que les limites de la psychologie analytique dans la connaissance de Dieu, marquaient les frontières d'une connaissance supérieure qui nous renvoie au mystère divin.
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En proclamant que Dieu est une vérité psychologique, une forme archétypique qui se produit toujours et partout, Jung proclame que Dieu est une forme constante et vitale dans l'évolution humaine mais il ne répond pas à la question de la réalité métaphysique de Dieu. Mais en constatant son universalité, il nous indique l'endroit où la foi prend racine. Jung en signalant les limites de son discours religieux ne nie pas mais n'affirme pas non plus l'existence d'une présence métaphysique de la divinité, ce n'est pas le domaine de la psychologie clinique. Il admet néanmoins, l'existence d'une "conscience supérieure" basée sur la "pistis" ou la foi.
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Quand Jung parle ou écrit de Dieu ou de la religion il ne parle pas d'une confession ou profession de foi déterminée, mais d'une prise en considération de l'expérience "numineuse", expérience qui modifie la conscience et la vie de l'homme. "Le psychologue, s'il assume une attitude scientifique, ne doit pas prendre en considération la prétention de chacune des croyances à être la seule et éternelle vérité. Il doit porter son attention sur le côté humain du problème religieux, car il s'occupe de l'expérience religieuse primordiale, idépendamment de ce que les confessions en ont en fait."
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C'est dans l'écoute de l'hérésie et de la contestation que les institutions trouvent les questions qu'elles doivent se poser pour avancer, parce qu'il faut renoncer à la prétention de posséder la vérité absolue ou de considérer que l'autre, qui ne pense comme moi, est dans l'erreur totale. Seule une institution démocratique qui cherche la vérité, peut assumer et digérer une opposition nécessaire. Rien d'étonnant que ni les églises, ni certaines écoles psychanalytiques ne sachent pas quoi faire de la doctrine jungienne qui ne nie pas l'existence divine, mais ne l'affirme pas totalement et inconditionnellement.
Jung, comme tout homme qui cherche la vérité, est un homme inclassable dans une seule catégorie, école ou église.
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A ce point de notre réflexion nous pouvons, tout en suivant Jung, comprendre comment la contradiction entre la conception psychologique qui voit Dieu comme une idée primordiale et la théologique qui le voit comme une réalité métaphysique, est seulement apparente puisqu'il s'agit de deux conceptions qui se complètent au lieu de s'opposer. Si la psychanalyse ne peut pas démontrer l'existence d'un Dieu objectif et personnel, elle le voit comme une idée née dans l'expérience individuel, fruit de sa confrontation avec une image primordiale qui n'est pas le produit d'une expérience personnelle, mais qui fait partie intégrante de la personnalité de l'homme, tout en étant indépendante de sa volonté. L'image primordiale est donc une image essentiellement dynamique qui monte à la conscience de chacun d'entre nous où elle sera soumise à un travail d'élaboration intellectuelle et deviendra une idée qui nous saisit et qui produira l'expérience "numineuse". Cette expérience qui transforme la vie humaine, le psychanalyste la verra comme une expérience vitale. Jung écrit dans son texte fondamental "Réflexions théoriques sur la nature du psychisme": "L'émergence des archétypes a en effet un caractère numineux que l'on doit considérer... comme véritablement spirituel. Ce phénomène est par la suite de la plus haute importance pour la psychologie de la religion." Le théologien et le croyant verront à leur tour cette force "numineuse" comme la révélation d'un Dieu extérieur qui entre dans la vie de chaque et dans l'histoire de chaque peuple. Pour pouvoir accomplir cette entrée en l'homme, cette "incarnation", Dieu commence à "se parler" et à "se nommer" grâce au langage humain.
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On dit que Thomas d'Aquin étant petit, posait toujours la même question aux adultes qu'il rencontrait : "Qu'est-ce que c'est Dieu?" Question lancinante, tantôt embarrassante mais toujours passionnante à laquelle il conscrera sa vie et son oeuvre. Dans la vieillesse, cette époque où l'on moissonne ses souvenirs, Jung revient sur ses années d'enfance où il commençait à se poser la même question.
Fils de pasteur il reçoit en héritage l'existence de Dieu comme faisant partie intégrante de son patrimoine. Enfant intelligent et inquiet il n'acceptera pas benoîtement cette foi comme allant de soi et ainsi comme avant lui le petit Thomas, il fera de la recherche de Dieu un des piliers de sa vie.
Mais si l'objet de la recherche est le même, les chemins empruntés par les deux hommes sont différents: Thomas, religieux, dominicain, suivra la voie droite de la théologie dans le sein de l'église, Jung, psychanlyste pragmatique, le fera dans le labyrinthe, mais en un homme libre qui refuse par principe tout engagement qui puisse nuire à sa liberté de recherche. Le questionnement sur Dieu est si présent chez les deux hommes que Thomas consacrera sa vie à écrire la "somme des connaissances" sur Dieu alors que Jung marquera la sienne et son oeuvre du même questionnement; ainsi fera-t-il graver sur le linteau de la porte d'entrée de sa maison de Kusnacht cette phrase qu'il considère comme la devise de sa vie: "Vocatus atque non vocatus, Deus aderit" qu'on peut traduire par: "appelé ou non, Dieu sera présent".
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Freud a cherché à trouver une explication purement naturaliste au "mysterium supremum" que la présence des croyances religieuses suppose. Les religions sont toutes pour lui des illusions indémontrables, que nul ne saurait être contraint de tenir pour vraies et d'y croire. Que toutes les religions soient indémontrables, quoi de plus certain? Que personne ne soit obligé d'y adhérer, quoi de plus évident? Mais que faire du "mystère" qui est au centre de la religion? Freud tourne autour de lui tout au long de son oeuvre et essaye de le nier et le rationaliser sans y parvenir, d'autres par contre le prennent au sérieux et se laissent saisir par lui. Cela dépend du travail et de la décision personnelle de chacun.
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Les forces mystérieuses des archétypes parlent à notre conscience à travers les images de notre réalité quotidienne. La "révélation religieuse", qui fait référence continuelle au "mystère suprême", essaye d'expliquer celui-ci et le rendre présent à la conscience, au moyen d'images et d'histoires, qui, tout en s'exprimant sous des formes différentes, gardent à travers le temps et l'espace une étonnante unité de contenu. Ce sont les récits mythologiques consignés dans les livres sacrés qui nous racontent l'action créatrice des dieux qui firent naître les mondes et qui donnent toujours un sens aux mystères de la vie et de la mort. Toutes les "révélations" ont donc le même objet : rassurer l'homme, qui se débat parmi ses peurs et ses angoisses, par la promesse d'une vie éternelle où il serait restauré dans la "perfection" initiale, par laquelle il était fait à "l'image et à la ressemblance de Dieu", et qu'il avait avant sa déchéance.
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Nous devons commencer en dénonçant les équations : "histoire = vérité" et "légende= erreur". On ne peut plus aujourd'hui opposer mythe et histoire, comme le firent à l'époque Lévi-Strauss et les évolutionnistes, qui considéraient le mythe comme les ténèbres qui auraient précédé l'aube de l'histoire. (...)
L'essentiel du mythe ne se trouve pas dans les faits plus ou moins historiques qu'il nous raconte, mais dans le sens symbolique de ces faits, souvent imaginaires, et dans les sentiments qui s'y expriment. Leur message et leur sens symbolique, ne peuvent être compris qu'au moyen des images qui, naissant dans notre inconscient, permettent une prise de conscience qui change l'existence de celui qui s'en laisse pénétrer. Jung dit que la vérité symbolique est une réalité plus vraie que la scientifique ou l'objective. Comme l'écrit Drewermam, les vérités mythiques sont les seules capables de nous communiquer quelque chose de la réalité spirituelle de l'homme. Qui peut, aujourd'hui, croire à la vérité historique des premiers chapitres de la Genèse? Mais, qui peut nier l'importance pour l'homme du XXIe siècle, de son message symbolique?
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"Le voyageur qui arrive à la galerie Tetriakov de Moscou et monte à la salle des icônes, a la chance de se trouver devant une des oeuvres maîtresses de l'art iconographique : la Trinité de Saint Serge. Peinte au XVe siècle par le moine Andrei Rublev pour présider l'iconoclaste du célèbre monastère de Saint Serge, elle est sans doute, non seulement la plus belle des icônes, mais aussi une des pièces fondamentales de l'art universel. (...)
Le visiteur, même incroyant, se sent irrésistiblement attiré par la beauté infinie de l'oeuvre. Mais bientôt il se rend compte qu'il y a quelque chose de plus que la beauté artistique, en effet, de la sérénité des visages, de la beauté des couleurs, de l'austérité du paysage, se dégage une force mystérieuse qui le retient devant l'icône. (...)
Sans doute l'artiste était-il un grand mystique qui a exprimé, à l'égal de notre Fra Angelico, ses expériences "numineuses" dans sa peinture. Ce qui est certain, c'est que Rublev a dépassé l'art humain pour pouvoir exprimer l'indicible."
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