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Citations sur Les cent mille chants, tome 2 (20)

« ...
Le bruit de tonnerre est terrible mais sans substance,
Les couleurs de l’arc-en-ciel ravissantes mais éphémères.
Ce monde plaisant à l’esprit n’est pourtant (semblable) qu’(à) un rêve.
Les choses désirées procurent joie et causent la misère.
Ce qui est fabriqué semble éternel mais vite se décompose.

Les biens possédés hier n’existent plus aujourd’hui,
L’homme vivant l’an dernier, cette année se meurt.
L’ami attentif en ennemi s’est métamorphosé,
Les mets délectables sont devenus poison.
Les grandes discordes se guérissent par la bienveillance
Et les méfaits ne blessent que leurs auteurs.
...
p. 89
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Les douze bonheurs du yogi

Le yogi qui renonce à “ses terres*” est heureux
Comme un condamné réchappé de son trou.

Le yogi qui perd le réflexe de saisir et juger est heureux
Comme un cheval libéré des entraves.

Le yogi qui habite la solitude est paisible
Comme un bête blessée tapie en son repaire.

Le yogi assuré de la philosophie est heureux
Comme l’oiseau royal à l’assaut de l’azur.

Le yogi qui tout pénètre est heureux
Comme vent vagabond dans les cieux.

Le yogi protège le vide radieux de son inspiration est heureux
Comme pâtre dévoué au soin de ses brebis.

Le yogi que rien n’ébranle est heureux
A l’image de Mont Sumeru au “centre du monde”.

Le yogi qui n’interrompt pas son expérience est heureux
A l’image du flot continu des grands fleuves.

Le yogi qui refuse les devoirs est tranquille
A l’égal du cadavre dans un cimetière.

Le yogi qui ne régresse plus est “beau”
Comme pierre métamorphosée par l’océan.

Le yogi qui tout embrase de ses reflets est beau
Comme soleil à l’horizon.
...

* entendre par là “ses biens, ses richesses temporelles”
p. 21-22
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La partenaire mystique aux signes d’élection,
La jouissance mentale de l’expérience,
Le comportement sans peur de l’éléphant,
Garde et chéris ces trois amis !

Diffuser les instructions en de vils réceptacles,
Divulguer partout ses intuitions,
Déambuler dans les cités,
Évite ces trois formes de gâchis !
p. 235
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Milà-Djé à Salé Öd (Lueur Claire) ;
« ... L’arrivée initiale à la porte du Dharma
Se révèle étonnante avec une immense foi.
Prends d’exemple des hautes montagnes,
Pratique sans trembler la méditation.
Pour susciter les qualités de l’éveillé,
Résigne-toi à supporter les joies comme les peines.

Prends l’exemple des rivières tout en bas.
Médite ainsi que leur flot continu.
Pour entrer dans le courant de grâce du “Lama”,
N’interromps pas ta dévotion fervente.

Prends l’exemple de l’espace azuré,
Médite l’absence de centre et de limites.
Pour voir la vérité des choses en leur état naturel,
Réunis la sagesse et les moyens habiles.

Prends l’exemple du soleil et de la lune,
Médite une lumière qui jamais ne faiblit.
En reconnaissant tes parents dans les êtres des “six mondes”,
Dispense ta compassion partout et pour tous.

Prends l’exemple des grands lacs,
Médite sans langueur ni mélancolie.
Pour voir concrètement en ton esprit,
Pratique selon “les ordres du Lama”.
...
p. 251
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... Il n’est pas de libération possible dans la méditation volontariste
Qui rassasie comme avec des mets empoisonnés.
Le daim peut longtemps occuper une grotte,
Le noir corbeau augmenter ses récitations,
Le poisson argenté maîtriser sa respiration,
L’ours à la poitrine blanche se nourrir d’élixirs,
La marmotte méditer des mois silencieuse et calme,
Le brahmane se livrer à de longues macérations,
Le perroquet à de vains bavardages.
Le chemin de la liberté ne se trouve pas avec le seul désir,
L’émancipation monte de l’intérieur de soi.

L’esprit endigué comme l’eau d’un bassin,
La simple clôture des cheminements imaginaires
Ne libère pas de l’océan des transmigrations.
Par la chaleur de la pratique des symboles*,
Il faut révéler une sagesse impartiale.
Par la chaleur que recèle l’esprit à sa source,
Il faut dans le bardö s’emparer de la connaissance.
Par la chaleur de la vérité première,
Il faut réaliser le sens de l’absence de fin et de commencement.
Par la chaleur de l’énergie créatrice,
Il faut se couper de toute saisie matérielle.

Authentique, spontanément surgi, pur dès l’origine,
“Nada” se tient loin des discours.
Le nœud de la discrimination se défait seul.
La vérité du grand symbole, son essence,
L’avez-vous réalisé, Salé Öd ?

* Cette chaleur intérieure (gToum-mo), née du yoga, consume tous les obstacles et les “illusions” confuses. Exercices pratique où grâce aux “lung”, on visualise plusieurs symboles.
p. 254
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« Le Bouddha précisa qu’il existait quatre-vingt-quatre mille types d’enseignements. Et pour tenir compte du mental de chaque individu à convaincre, il enseigna différentes voies de “salut”. Mais la destination finale n’est qu’une. La base unique en est l’ultime et authentique réalité. On ne se libère pas avec une connaissance théorique du monde d’existence des choses. Il faut, en chemin, prouver son expérience pratique. »
p. 142
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LES CENT MILLE CHANTS
Parmi les six leçons de Naropa, l'embrasement de la chaleur intérieure (tib. : gtum-mo) paraît la pratique presque obligée de tout anachorète. L'essence séminale se trouve transmutée par le travail du corps et la concentration de l'esprit en la plus pure des énergies créatrices. « L'adepte ne doit pas se laisser aller à l'orgasme normal descendant, mais inverser la force et la projeter dans le canal central jusqu'au centre du cœur, où cette énergie se transformera en souffle », résume Patrick Carré dans sa riche introduction au poète Han-Shan. La chaleur corporelle n'apparaît qu'accessoirement, en cadeau pourrait-on dire.
Dans sa pratique, le disciple de la lignée Kagyüpa peut choisir de se livrer à cette expérience de la chaleur intérieure ou encore à l'expérience plus périlleuse de karma mudrâ; le sceau de l'action, la pratique avec la partenaire mystique aux signes d'élection. « Formidable rencontre de deux forces qui laissent une très profonde impression », écrit Chogyam Trungpa, mais Khenpo Yéshé Chôdar Rinpoché insiste sur la frontière très mince qui sépare l'union ordinaire avec une femme ordinaire et la fusion mystique avec la partenaire possédant une des quatre caractéristiques des dakinis. Celui qui ne se livre pas à la pratique de karma mudrâ, comment pourrait-il en parler ? Sa compréhension théorique semble dérisoire. En dévoilant la moelle de ses expériences, celui qui pratique karma mudrâ s'expose au courroux des messagères du secret, car sa parole interrompt le courant de l'intuition et de la grâce. Il nous faut donc savoir déchiffrer, sans pouvoir transgresser les trois sceaux du secret qui ferment le chapitre 31.
... d’autres chapitres dispensent de simples cours de morales à l’usage des “esprits simples”. Par leur style et leur sens, certains de ces passages se devinent comme des ajouts plus tardif* à l’œuvre, comme l’endoctrinement d’une “église” déjà structurée. Il s’agit, pour citer Paul Jacob, de “doctrine mise en vers”, souvent bien triste. Les préoccupations du Jetsün concernant la façon de circumambuler, ainsi que le nombre requis des salutations ou encore la façon de poser les questions, n’emportent pas notre adhésion. Elles semblent des tentatives visant à codifier un cérémonial, elles apparaissent comme la volonté d’instaurer des conventions qu’en réalité Milarépa avait fuies dans la montagne et contre lesquelles il déploie ailleurs toutes sa verve. Ces “dérives” ne suffisent pas à affadir l’œuvre mais le lecteur ou traducteur aimeraient peut-être les ignorer à l’occasion.
p. 14 et 15

* hagiographie (1490) de Milàrépa par Tsang-Nyön Hérouka (1452-1507), XIVe.
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Le lendemain matin, entouré de quelques moines, Darlo et Loteun vinrent présenter une offrande en signe de contrition. Ils apportaient un quartier de viande et comme ils demandaient à rencontrer le Jetsün, Rétchungpa leur répondit : — Les excuses ne sont pas nécessaires, non plus que les discussions. Il n'y a plus à se revoir. Et il s'opposa à l'entrevue. D'autres disciples prévinrent leur maître, qui s'en amusa.
— Il vaut mieux éviter les fautes, mais après celles-ci, il est excellent de présenter des excuses.
Introduisez les Teunpas, dit Milarépa. Et l'audience fût accordée. Offrant à l'ermite le quartier de viande, les religieux lui dirent :
— Hier vous étiez dans le vrai, nous donnons cette viande et reconnaissons nos torts. Quand à ces livres qui nous servent de témoins, ils tiennent lieu d'écharpes de congratulations avant le débat théologique. En plein accord, discutons amicalement de la doctrine.
— Enseignants, leur répondit Milarépa, comme le dit le proverbe : On devine au teint d'un homme s'il a oui ou non mangé. La connaissance de la loi bouddhiste se devine au fait qu'un homme a oui ou non dompté son égoïsme et ses émotions. S'il a dominé son ego et ses passions, on sait qu'il connaît le dharma, et c'est aussi le signe qu'il l'a pratiqué. Telle est la victoire définitive de tous les débats. Celui qui n'a pas avancé d'un pas sur le chemin qui éloigne de l'égoïsme et des émotions est naturellement victorieux dans les disputes creuses farcies de banalités théoriques et par là il renforce son orgueil. Ces arguties imposent cependant de constantes défaites, fournissent le moyen de repousser encore le fond des enfers ...)
p. 214
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Les Trente Instructions de Mati (Marpa) à Milà-Djè

« Fils, la triade des protecteurs est le premier des soutiens.
La “foi*” est ta meilleure amie,
Le “désordre” mental le pire des démons,
L’orgueil le pire des liens,
La calomnie la pire des fautes,
La jalousie le pire danger sur la voie,
La boisson** la pire des déchéances
...
Ceux qui cherchent le renom, les honneurs, le profit
Se jettent dans la gueule du “malin”.
Ceux qui se glorifient et déprécient les autres
Tombent dans les abysses de l’angoisse.
Ceux qui ne domptent pas “l’éléphant” de leur esprit
S’abusent avec des mots et des enseignements.
...
Observez votre esprit ou rien ne se crée !
N’espérez aucune joie (vraie) du monde “matériel” !
Ne prenez pas les souffrances pour des fautes ! »

* entendre la confiance de la certitude profonde de la spiritualité
** ou toutes substances addictives aliénant la lucidité
p. 30-31
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« Trois précieux protecteurs, ô maître du refuge,
Suprême félicité, vous qui ornez ma tête,
Je vous supplie ardemment de ne pas vous éloigner !
De votre cœur aimant, aidez toujours
“Mes pères et mères” des “six mondes” d’existence,
Entraînez-les par votre compassion constante !

Le yogi du grand véhicule n’a rien à étudier,
Sa doctrine est au-delà des mots.
Il n’a pas à réfléchir pour atteindre la vacuité,
Il n’a rien à méditer pour toucher à l’incréé.
Il s’est détourné des actions impies.

Pour qui ne défait les nœuds de l’avarice,
A quoi bon la générosité verbale ?
Pour qui ne renonce aux ruses et aux artifices,
A quoi bon la moralité hypocrite ?
Pour qui ne maîtrise un rude langage,
A quoi bon la patience d’une ambition ?
Pour qui n’abandonne paresse ni langueur,
A quoi bon le désir de s’efforcer aux vertus ?
Pour qui ne laisse l’agitation de son propre esprit,
A quoi bon la concentration qui n’arrache que souffrance ?
Pour qui ne voit en amies les manifestations,
A quoi bon méditer la sagesse connaissante ?

Pour qui ne comprend le sens caché de la licence et de l’interdit*,
A quoi bon d’immenses études ?
Pour qui ne s’exerce à prendre et renoncer,
A quoi bon les explications sur la loi du karma ?
Pour qui n’accorde son être intime à la doctrine,
A quoi bon la robe jaune du moine ?

Pour qui ne supprime le venin des émotions,
Désirer l’ultime sagesse est une fausse vue.
Pour qui n’apaise les tempêtes de l’envie,
Désirer l’éveil est une fausse vue.
Pour qui ne renonce à persécuter les êtres vivants,
Chercher le signe du respect est une fausse vue.
Pour qui n’abandonne la partialité égoïste,
Tendre à la parfaite égalité est une fausse vue.

S’il n’asservit “le monstre de l’ego”,
Le yogi est brisé sous le marteau des passions.
Les œuvres qui en mérites ne se changent,
Si l’on n’intègre en soi la doctrine,
Avec des mots sans intérêt on trouble d’autres esprits.
Des vies sans méditation en vain s’écoulent.
Méditez pour ne rien regretter à l’heure de la mort ! »

* Le sens profond des permissions et interdictions énoncées par le Bouddha lui-même dans ses enseignements.
p. 218-19
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