Citations sur J'agonise fort bien, merci (40)
Ce que disent les fées avant de tuer
Un danseur s’en va danser
Convié au bal des fées
Dans la lande, il danse, il danse
Suivant les pas des belles, il danse.
Ça tourne, ça tourne !
Deux danseurs s’en vont danser
Conviés au bal des fées
Ils sourient, se tiennent les mains
Et comptent leurs pas jusqu’au matin.
Ça tourne, ça tourne !
Trois danseurs s’en vont danser
Conviés au bal des fées
Leurs cheveux de fils dorés
Ondulent en vagues et sentent l’été.
Ça tourne, ça tourne !
Quatre danseurs s’en vont danser
Conviés au bal des fées
La danse se termine
Sur un dernier baiser.
Cinq danseurs s’en vont danser
Conviés au bal des fées
Gare aux danseurs qui se rebellent !
Les fées sont bien cruelles.
Six danseurs s’en vont danser
Mais agonisent au bal des fées.
On peut entendre chuchoter :
« Tournez ! Tournez ! Jusqu’au sang, c’est mérité. »
- Mon ami, je crois qu’il est arrivé quelque chose de grave à Catherine.
- Oui, est est morte, rappela le commis. La mort, c’est très grave, en soi.
- Je pense qu’elle a été assassinée.
- Ah oui, ça c’est plus grave.
- Qui est-ce ? interrogea Isabeau en constatant que les interlocuteurs de la dame en question s’adressaient à elle avec beaucoup de déférence.
- Un des plus grands génies littéraires du moment : madame Agatha Mallowan.
(...) Je suis fasciné par le hasard, reprit Évariste sur un ton de rêverie enfantine. Parfois, il est si énorme qu’on le croirait créé par une main extérieure. Savez-vous, mon cher, en quoi excelle cet éminent écrivain ?
- J’avoue que non.
- Dans les histoires de meurtres, qu’un fameux détective belge résout avec ses petites cellules grises. Quelle coïncidence, n’est-ce pas ? Que l’un des plus grands maîtres du genre soit présent à une soirée où, j’en suis presque sûr, se trouve un assassin.
- J’imagine.
En fait, si Dieu existe, il est acquis qu'il est un mauvais scénariste. Depuis un moment déjà, sa mise en scène est affligeante.
(...)
- Eh bien, on peut dire que votre charme laisse cet homme de marbre, nota le commis en regardant les Le Mogne s’éloigner.
- Et c’est extrêmement inhabituel et vexant. Si je veux à nouveau interroger Maurice, il faudra distraire le frère d’une façon ou d’une autre.
- Pourquoi est-ce que je sens comme un désagréable frisson courir tout le long de ma colonne vertébrale ?
- Tranquillisez-vous, c’est tout à fait normal. La plupart des appâts ressentent cette émotion, à un moment ou à un autre.
- Monsieur ? Monsieur Dorian Lozac’hmer, annonça-t-il avec autant de protocole que s’il s’était retrouvé à la cour du Roi-Soleil.
Le notaire et son commis se penchèrent de concert sur la gauche pour distinguer l’invité qui apparaissait derrière la haute silhouette du majordome. Le visage d’Évariste s’éclaira.
- Dorian ! Je vous en prie, approchez. Merci, Georges. C’est bien Georges ?
- Adam, Monsieur.
- Je n’étais pas loin. Merci, Georges.
Ce dernier se retira avec une dignité impériale.
- Le monde a changé, messieurs, les gens croient plus dans le progrès qu’en n’importe quoi d’autre. Le progrès, c’est la nouvelle religion. Ils ont oublié qu’on a vécu bien plus longtemps sans qu’avec. Et que la nature régnera toujours sur les Hommes. S’ils cessent de l’écouter et de la respecter, alors tout ira mal. Et tout va déjà mal.
- Lancez-vous dans la politique, conseilla Évariste avec une pointe de sarcasme.
- Ça a déjà commencé, continua Henriette sans écouter le notaire et comme possédée par son raisonnement. Si personne écoute ce qu’il a à dire, on ira de malheur en malheur.
- Qui ça, il ? interrogea Isabeau.
- Le peuple invisible.
- Oui, s’il était visible, on l’écouterait plus facilement, cru bon de faire remarquer Évariste. Mais qu’entendez-vous par « peuple invisible » ?
- Les fées, révéla la domestique avec solennité.
(Le notaire et son commis marquèrent un temps d’arrêt.)
- Madame ? Madame, vous allez bien ?
J'agonise fort bien, merci, eut-elle encore la force de penser avant de s'écrouler face contre terre.
- Il faut profiter, mes amis, nous sommes si peu de chose.
- La masse est génétiquement aveugle.