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Critique de fanfanouche24


Une grande découverte, combien « nourrissante » qui bouscule toutes les images réductrices du « Miller sulfureux »… qui ouvre en grand, toutes les vannes de ses curiosités, de ses boulimies. Son éditeur français, Gallimard, avait fait à Henry Miller, en quelque sorte, la commande d'un texte où il relatait les auteurs, livres qui avaient été décisifs dans son parcours de lecteur et d'écrivain. Henry Miller, lui-même, s'étonne de s'être laissé « capturer », envahir par ce projet. Croyant qu'il ne sortirait de ce projet qu'une simple plaquette, il se rend très vite compte de l'ampleur du sujet , et des multitudes de lectures marquantes qui lui reviennent en mémoire, au fur et à mesure !
Un très beau livre qui mène chaque lecteur à ses livres, ses auteurs. J'ai déjà exprimé mon attirance pour ces ouvrages d'écrivains-lecteurs passionnés qui transmettent si bien leurs élans et leurs enthousiasmes…que ces textes induisent une chaîne extraordinaire de « familles littéraires et de pensée » … comme la « chaîne Babéliote !!

Je laisse la parole à Henry Miller :

« Lettre à Pierre Lesdain (ami, grand lecteur et critique)-

(….) comme je vous l'ai peut-être expliqué déjà, la raison qui me maintient en perpétuel état d'ébullition, c'est que je relis des livres, les livres que je préfère. Tout me nourrit, tout me stimule. Mon intention première était d'écrire une mince plaquette ; il semble maintenant que ce sera un gros volume. Chaque jour, je note sur mon calepin de nouveaux titres qui me reviennent à la mémoire. C'est le côté passionnant de mon entreprise, cette exhumation des insondables profondeurs de la mémoire de quelques nouveaux titres chaque jour. Il faut parfois deux ou trois jours à un livre dont j'ai le nom sur les lèvres pour s'annoncer complètement : auteur, titre, date et lieu de publication. Une fois qu'il est « fixé » dans ma mémoire, toute sorte d'associations d'idées affluent et des domaines oubliés de mon brumeux passé se trouvent ainsi révélés » (p.257)

Une vraie mine d'or pour tous les lecteurs « boulimiques », et curieux de l'oeuvre, du cheminement intellectuel de cet auteur.

Une autre qualité de ce livre de « lectures » est l'authenticité de Miller, qui se moque de l'opinion publique, comme des modes du moment, il défend, s'enflamme pour les artistes les plus différents et atypiques….qui l'amènent à une réflexion élargie sur l'Homme...

Pour lui, la littérature et la philosophie sont inséparables, comme la création artistique est l'un des questionnements essentiels pour l'individu

« Et puis, quand que je me dis que je suis devenu un travailleur qualifié, quand je crois que je connais mon métier, que je peux donner satisfaction, quand je finis même par me résigner à ce que l'on recule l'échéance où l'on me paiera "mes honoraires", je me trouve nez à nez avec ce terrible croquemitaine: le goût du public. J'ai dit, vous vous en souvenez, que si Whitman avait capitulé sur ce point, s'il avait suivi les avis de ses conseillers, c'est un tout autre édifice qu'on aurait vu s'élever. Il y a des amis, des supporters, qui apparaissent quand vous nagez dans la foule; il y en a d'autres qui viennent à vous quand vous êtes menacé. Ces derniers sont les seuls qui méritent le nom d'amis. (p.320) «

Henry Miller s'intéresse à tout, à la littérature, à la poésie, à la philosophie, aux voyages, à l'histoire des religions, à l'alchimie, à la spiritualité ; il narre ses admirations pour Blaise Cendrars, Jean Giono, Haggard, le poète, Whitman, le théâtre, etc. mais je vais cesser là, car la liste de ses passions est trop longue…. Un chapitre également captivant sur Krishnamurti, que je méconnais...

Un livre généreux d'un lecteur vorace… pour qui le bonheur est de partager avec le maximum de complices ses enthousiasmes et convictions papivores. Il est difficile de choisir des extraits, tant il y a des éléments épatants et communicatifs… je me résous à en retranscrire quelques-uns , dont le suivant que je fais « mien » :

« Les livres sont une des rares choses que les hommes chérissent vraiment. et
les esprits les plus nobles sont ceux-là aussi qui se séparent le plus facilement de leurs plus chères possessions. Un livre qui traîne sur un rayon, c'est autant de minutions perdues. Prêtez et empruntez tant que vous pourrez, aussi bien livres qu'argent ! mais surtout les livres, car ils représentent infiniment plus que l'argent. Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichi. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui. (p.28)

On peut le lire d'un bloc… mais le plus plaisant est de le savourer, le lire, relire, piocher, selon son humeur…du jour. Un grand livre… que j'ai ajouté à ma petite valise… pour l'île déserte !!



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