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Une grande découverte, combien « nourrissante » qui bouscule toutes les images réductrices du « Miller sulfureux »… qui ouvre en grand, toutes les vannes de ses curiosités, de ses boulimies. Son éditeur français, Gallimard, avait fait à Henry Miller, en quelque sorte, la commande d'un texte où il relatait les auteurs, livres qui avaient été décisifs dans son parcours de lecteur et d'écrivain. Henry Miller, lui-même, s'étonne de s'être laissé « capturer », envahir par ce projet. Croyant qu'il ne sortirait de ce projet qu'une simple plaquette, il se rend très vite compte de l'ampleur du sujet , et des multitudes de lectures marquantes qui lui reviennent en mémoire, au fur et à mesure !
Un très beau livre qui mène chaque lecteur à ses livres, ses auteurs. J'ai déjà exprimé mon attirance pour ces ouvrages d'écrivains-lecteurs passionnés qui transmettent si bien leurs élans et leurs enthousiasmes…que ces textes induisent une chaîne extraordinaire de « familles littéraires et de pensée » … comme la « chaîne Babéliote !!

Je laisse la parole à Henry Miller :

« Lettre à Pierre Lesdain (ami, grand lecteur et critique)-

(….) comme je vous l'ai peut-être expliqué déjà, la raison qui me maintient en perpétuel état d'ébullition, c'est que je relis des livres, les livres que je préfère. Tout me nourrit, tout me stimule. Mon intention première était d'écrire une mince plaquette ; il semble maintenant que ce sera un gros volume. Chaque jour, je note sur mon calepin de nouveaux titres qui me reviennent à la mémoire. C'est le côté passionnant de mon entreprise, cette exhumation des insondables profondeurs de la mémoire de quelques nouveaux titres chaque jour. Il faut parfois deux ou trois jours à un livre dont j'ai le nom sur les lèvres pour s'annoncer complètement : auteur, titre, date et lieu de publication. Une fois qu'il est « fixé » dans ma mémoire, toute sorte d'associations d'idées affluent et des domaines oubliés de mon brumeux passé se trouvent ainsi révélés » (p.257)

Une vraie mine d'or pour tous les lecteurs « boulimiques », et curieux de l'oeuvre, du cheminement intellectuel de cet auteur.

Une autre qualité de ce livre de « lectures » est l'authenticité de Miller, qui se moque de l'opinion publique, comme des modes du moment, il défend, s'enflamme pour les artistes les plus différents et atypiques….qui l'amènent à une réflexion élargie sur l'Homme...

Pour lui, la littérature et la philosophie sont inséparables, comme la création artistique est l'un des questionnements essentiels pour l'individu

« Et puis, quand que je me dis que je suis devenu un travailleur qualifié, quand je crois que je connais mon métier, que je peux donner satisfaction, quand je finis même par me résigner à ce que l'on recule l'échéance où l'on me paiera "mes honoraires", je me trouve nez à nez avec ce terrible croquemitaine: le goût du public. J'ai dit, vous vous en souvenez, que si Whitman avait capitulé sur ce point, s'il avait suivi les avis de ses conseillers, c'est un tout autre édifice qu'on aurait vu s'élever. Il y a des amis, des supporters, qui apparaissent quand vous nagez dans la foule; il y en a d'autres qui viennent à vous quand vous êtes menacé. Ces derniers sont les seuls qui méritent le nom d'amis. (p.320) «

Henry Miller s'intéresse à tout, à la littérature, à la poésie, à la philosophie, aux voyages, à l'histoire des religions, à l'alchimie, à la spiritualité ; il narre ses admirations pour Blaise Cendrars, Jean Giono, Haggard, le poète, Whitman, le théâtre, etc. mais je vais cesser là, car la liste de ses passions est trop longue…. Un chapitre également captivant sur Krishnamurti, que je méconnais...

Un livre généreux d'un lecteur vorace… pour qui le bonheur est de partager avec le maximum de complices ses enthousiasmes et convictions papivores. Il est difficile de choisir des extraits, tant il y a des éléments épatants et communicatifs… je me résous à en retranscrire quelques-uns , dont le suivant que je fais « mien » :

« Les livres sont une des rares choses que les hommes chérissent vraiment. et
les esprits les plus nobles sont ceux-là aussi qui se séparent le plus facilement de leurs plus chères possessions. Un livre qui traîne sur un rayon, c'est autant de minutions perdues. Prêtez et empruntez tant que vous pourrez, aussi bien livres qu'argent ! mais surtout les livres, car ils représentent infiniment plus que l'argent. Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichi. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui. (p.28)

On peut le lire d'un bloc… mais le plus plaisant est de le savourer, le lire, relire, piocher, selon son humeur…du jour. Un grand livre… que j'ai ajouté à ma petite valise… pour l'île déserte !!



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Ma connaissance d'Henry Miller se limitait à Tropique du Cancer lu il y a longtemps... Et j'avais ensuite passé mon chemin.
L'enthousiasme de Fanfanouche24 m'a intriguée et je me suis retrouvé plongée avec jubilation dans Les livres de ma vie. Un pavé, certes, des auteurs que je ne connaissais pas, évidemment, quelques passages moins passionnants, mais que de connaissances, que de réflexions et remarques intéressantes ! Quel hommage à nos écrivains francais, Blaise Cendrars notamment, Giono, Hugo, Eluard, Dumas, Flaubert... La liste est trop longue.
Une très belle lecture qu'il faut entreprendre sans tarder. Pourquoi si peu de Babelionautes ont inscrit ce livre dans leur bibliothèque ? (catégorie lu bien sûr, pas dans le pense-bête).
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J'aime lire et lire un livre sur la passion de lecteur et les livres est toujours un bon moment. Au début, j'ai été un peu rebutée par la concentration d'informations, ce qui fait que j'ai fragmenté ma lecture par morceaux. La partie sur ses premiers livres est très émouvant pour moi quand ce genre de choses qui définit souvent vers quelle littérature, on s'oriente (ou pas). L'éloge qu'il fait à des auteurs comme Rider Haagard, Jean Giono ou Blaise Cendrars donne une folle envie de (re)découvrir ces auteurs. Certains chapitres m'ont moins parlé comme celui concernant la spiritualité (sur le Krishnamurti). Ce que j'ai surtout apprécié, ce sont les rencontres avec d'autres lecteurs ou personnalités avec lesquels il se sentait en phase. J'ai été surprise par la quantité de souvenirs, émotions qu'il partage avec ce livre. Petite déception, je me suis sentie parfois un peu perdue avec tous ces auteurs inconnus, non traduits.
(J'avais lu Lire aux cabinets il y a une dizaine d'années, sans savoir qu'il était tiré de ce livre).
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Henry Miller est l'écrivain de ma jeunesse, celui dont les livres m'ont accompagnée par monts et par vaux lors de mes tumultueuses pérégrinations. Pas de vie possible sans un livre de Miller dans mes bagages à l'époque. Il était mon refuge, mon consolateur, mon père de substitution, mon chum littéraire toujours fidèle et attentif à ma souffrance et à mes doutes. Ah Miller ! Comme je l'ai aimé, il a fait autant partie de ma vie que mes plus proches intimes. Dans ce livre, il nous entretient des livres et des auteurs qui l'ont marqué, ont changé sa façon de percevoir le monde car la lecture était pour Miller une drogue, une dépendance, une rage dont il n'est jamais parvenu à se libérer. Il était conscient de trop lire, voulait en finir avec cette habitude envahissante mais plus il combattait et plus le goût de la lecture déferlait sur sa vie. Il a donc connu le monde littéraire très jeune. C'est avec tendresse et nostalgie qu'il nous livre ses souvenirs de lecture de jeunesse et d'adolescence. Il fut un jeune lecteur boulimique et enthousiaste. Sa formidable intelligence trouvait matière à se nourrir avec les auteurs de l'époque comme Ridder Haggard et Henty. Ensuite ce sont les auteurs comme Blaises Cendrars et Jean Giono qui furent ses maîtres. Il consacre d'ailleurs à chacun un chapitre rempli d'amour et de vénération. Une longue lettre écrite à Pierre Lesdain un fidèle lecteur est suivie d'un chapitre sur les lectures aux cabinets (chapitre assez faible et que je n'ai pas apprécié) et le livre se termine sur une apothéose avec un chapitre consacré au théâtre. Alors là, Miller laisse éclater son amour de la vie, de sa ville natale New York. Il faut lire ses énumérations des curiosités et activités New-Yorkaises qui constituaient sa vie alors qu'il travaillait dans la boutique de tailleur de son paternel. Levé dès cinq heures du matin, il enfourchait son vélo pour une longue promenade. Ensuite, il travaillait toute la journée pour le soir, aller au théâtre avec ses copains et terminer la soirée dans un des nombreux restaurants de cette ville cosmopolite. Il n'y a rien que j'aime plus de Miller comme lorsqu'il raconte sa vie foisonnante et débridée. Jamais je n'ai lu rien de pareil chez aucun auteur. Jamais un homme ne m'a paru aussi vivant et avide de tout ce qui existe. Sa philosophie m'enchante et son amour pour ses semblables me dépassera toujours.

Un livre à lire pour les inconditionnels de cet écrivain inclassable dont les livres resteront à jamais gravés dans ma mémoire et dans mon coeur. Relire Miller, c'est remonter dans le temps et dans l'espace mais je le cite :

« Je suis plus que jamais persuadé qu'à un certain âge il devient impératif de relire les livres d'enfance et de jeunesse. Sinon, nous pourrions bien arriver au tombeau sans savoir qui nous sommes, ni pourquoi nous avons vécu. »
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Voilà. Lecture terminée, et il m'en reste carrément une douleur au ventre. Comment résumer, et surtout sans le trahir? En fait, Miller ne dresse pas une liste de livres comme le serait une liste de courses. Certes il aborde des dizaines, voire des centaines de livres, mais chacun est un prétexte (légitime ) pour aborder un chapitre , une conception de la vie, la sienne, celle de sa famille, ses amis, son pays, l'Europe, le monde, aujourd'hui, hier, du temps de l'antiquité. Ainsi, les lectures d'enfance et l'importance incommensurable qu'elles peuvent avoir. Les livres "vivants" , c'est à dire les hommes et femmes qu'il a connu, le patriotisme via Giono, l'amour irrésolu de la vie avec Cendrars, la religion et l'illumination avec Whitmann et Dostoievsky (chapitre abordé dans une longue , très longue lettre à Pierre Lesdain), la cosmogonie, le zodiaque, et même....la lecture aux cabinets. Mais toujours la vie. le dernier chapitre, nommé théâtre, est une envolée, typiquement à la Miller, où un tourbillon de noms, de rues, d'usines, de théâtres, de cimetières, de marchands, de cirques , j'en passe et des meilleurs, défilent sans aucune interruption et sans pour autant fatiguer les yeux ou faire perdre le fil de la lecture, au contraire, on est entraîné malgré soi et avec plaisir, en se demandant: pourquoi je ne vois pas ça dans ma vie de tous les jours? pourquoi je ne lis pas comme il lit?" d'ailleurs, à un moment donné, Miller dit:"Je suis de ceux que l'on accuse souvent de lire dans les chose plus qu'elles ne renferment, ou plus qu'on n'a voulu y mettre.".....Je pense pour finir, que c'est cette phrase qui représente le mieux ce livre:"Mais c'est ainsi que les livres se mêlent aux événements de la vie.
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Extrait de chronique :
"Si Miller se pose ici en lecteur, c'est surtout en tant qu'auteur qu'il nous parle, lui dont l'imaginaire et la pensée ont été nourris par les rencontres tant réelles qu'imaginaires d'écrivains qui ont constellé sa vie. Evoquant la modification de ses lectures au fil des ans et la transformation d'une lecture compulsive de la jeunesse en la quête de « l'élément fécondant » de l'écrivain, son essai gravite autour de l'écriture et de la force créatrice. L'aveu de lire souvent « pour chercher une confirmation » de sa propre réflexion précède le prône d'une lecture éveillée, dont le but est l'émancipation de l'être humain de sa prison de pensées toutes faites. Lorsqu'il nous parle de ses influences, curieux de ceux qui ont inspiré à d'autres ses livres préférés, Miller s'adresse finalement peut-être autant aux écrivains qu'aux lecteurs, et en cela est à la fois fascinant et passionnant. " (...)
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
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Céline dans sa correspondance, méprisant avec ses mots durs à lui, disait de Miller qu'il connaissait bien ses classiques français mais que tout cela était bien inutile pour son lectorat essentiellement américain. Effectivement, qu'il est impressionnant de trouver autant de culture française et européenne chez un étranger de surcroît autodidacte ! 60 ans après l'écriture de cette oeuvre, nous autres, lecteurs français, ne pouvons qu'être affligés de constater la mort lente de ces idées et de cette culture qui ne trouvent plus d'échos aujourd'hui. On reste admiratif devant cet auteur qui avoue pourtant n'avoir lu "que" cinq mille livres dans sa vie (dont bon nombre sans intérêt) quand ses amis "rats de bibliothèque" avaient à leur actif vingt à trente mille lectures. Si l'époque actuelle ne prête guère à la lecture (argument que Miller démonte pourtant aisément), celui-ci nous donne des clés essentielles pour aiguiller notre chemin et ne pas perdre notre temps, sans pour autant posséder l'austérité d'un dictionnaire. Avec sa langue inspirée, son incroyable érudition et sa joie pourtant enfantine, Henry Miller nous insuffle cette envie de découvrir ou redécouvrir des auteurs tels que Twain, Rider Haggard, Giono, Thoreau, Cowper Powys, Whitman, Dostoïevski, Daudet ou Du Maurier, sans oublier de nous faire comprendre que l'essence de la littérature se trouve moins dans les livres que dans la vie même. D'où cet apparent paradoxe assené en préambule : on devrait lire de moins en moins, sous entendu pour vivre de plus en plus pleinement; et cet éloge bien senti aux grands auteurs aventuriers ayant vécu des vies bien remplies (Cendrars surtout, mais aussi Loti, London). Reste que l'ouvrage prend parfois une tournure biblique et ésotérique surprenante venant de cet homme qu'on ne pourrait à priori qualifier de mystique; ce qui ne gâche rien et donne encore plus de corps et de complexité à cet auteur définitivement brillant.
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Authentique, sensible, humain, grand viveur, et aussi grand lecteur quoi qu'il en dise, Henry Miller nous fait un très beau cadeau avec cette somme-brique que sont les "livres" (guillemets volontaires car ce n'est pas toujours des livres de papier) de sa vie.
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