Le meurtre de Sienkiewicz était l’exemple type de ce qu’on pouvait qualifier de tuerie classique entre ivrognes du centre-ville. Ils avaient bu à trois, s’étaient réveillés à deux, une gorge tranchée privant le troisième de son aptitude à revenir du monde des songes.
Le serveur apporta les cafés. Il ajouta dans sa tasse deux cuillères d’un sucre de canne non raffiné et touilla soigneusement. Le fluide qui en résulta avait la consistance d’un caramel laissé sur le tableau de bord d’une voiture un jour de canicule. L’homme en but une petite gorgée.
Et elle, était-elle seulement belle , Charmante, sans nul doute, et même très charmante, mais belle ? Ses épaules étaient un peu trop larges, ses seins trop petits, ses fesses trop basses et, en plus, il lui semblait que ses jambes s'arquaient légèrement.
A force de penser à son corps avec insistance, et malgré ses efforts pour y déceler des imperfections, il fut submergé de désir.
Le procureur mentait avec une facilité et une assurance telles qu'on lui avait conseillé de nombreuses fois d'embrasser une carrière d'avocat.
Szacki n'aurait jamais soupçonné que des personnes de son âge pouvaient suivre une thérapie. Il avait toujours cru que seuls les trentenaires et les quadragénaires, englués dans le piège du "métro-boulot-dodo", cherchaient auprès d'un psy le remède à leurs peurs et à leurs dépressions. D'un autre côté, il n'y avait pas de mauvais âge pour assécher les marécages de son âme. Il fronça les sourcils, mécontent d'avoir imaginé une métaphore aussi idiote.
Ca fait longtemps que je n'ai pas lu un aussi bon polar... ce qui est original, c'est que toute l'intrique est basée sur la technique de la thérapie de groupe, dite "constellation familiale", qui consiste à organiser une espèce de jeu de rôle où chaque participant va jouer les membres de la famille d'une personne... c'est émouvant mais aussi passionnant... sans compter tout ce que l'on apprend sur la Pologne, surtout sur la survivance des anciens services secrets de la période communiste... vraiment, c'est à lire !
Un homme quitte l'enfance lorsqu'il commence à puer, songea Szacki . Lorsque son haleine devient fétide, que ses draps dégagent une senteur âcre et que ses chaussettes exhalent des effluves douceâtres . Lorsqu'il faut changer de chemise chaque matin et de pyjama tous les deux jours . Weronika avait pour habitude de dormir une semaine entière dans le même T-shirt . Il détestait cela mais il aurait eu honte de l'avouer . Dans le même ordre d'idées, il s'efforçait de ne pas remarquer ses chemisiers jaunis aux aisselles . Qu'aurait-il pu lui dire ? D'aller s'en acheter des neufs ? Elle lui rétorquerait de lui procurer l'argent . D'aillleurs, sous son pantalon de costume au pli impeccable, il portait lui-même des caleçons délavés .
Certains jours, lui, l'archiviste Grzegorz Podolski, avait l'impression qu'il serait plus facile de retrouver l'Arche d'alliance et le Saint Graal en seule soirée qu'un putain de classeur des services de sécurité.
Dans ce pays, il suffit de ne plus habiter à son adresse d'imposition pour disparaître à tout jamais.
La connaissance de la psychologie humaine devenait une arme surpuissante entre les mains d'un assassin.