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Teodore Szacki tome 1 sur 3
EAN : 9782266254458
480 pages
Pocket (08/01/2015)
3.52/5   422 notes
Résumé :
Un dimanche matin, au milieu d'une session de thérapie collective organisée dans un ancien monastère de Varsovie, l'un des participants est retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l’œil. L'affaire est prise en main par le procureur Teodore Szacki. Las de la routine bureaucratique et de son mariage sans relief, Sazcki ne sait même plus si son quotidien l'épuise ou l'ennuie. Il veut du changement, et cette affaire dépassera ses espérances.
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3,52

sur 422 notes
Un mélange de - Les dix petits nègres -, désolé pour l'impolitiquement correct, but I'm too old to change my ways, et - le crime de l'Orient-Express -, sont les deux enquêtes policières ( là, j'arrondis mes angles lexicaux) auxquelles j'ai associé celle menée par le procureur Teodore Szacki... en Pologne, il semble que le travail de limier soit dévolu à la justice, les flics n'étant que d'utiles collaborateurs... homme de 35 ans, marié à une jeune femme fonctionnaire judiciaire comme son époux, et père d'une petite fille de 7 ans... qui, en ce mois de juin 2005 traverse une crise existentielle, une crise conjugale, professionnelle... une sorte de démon de midi à onze heures moins le quart.
Un héros original que cet enquêteur polonais, qui a un rapport au temps très personnel. À 35 ans, il ne cesse de geindre qu'il est vieux, il se choisit une maîtresse de 26 ans et s'imagine presque être un pervers pédophile ( je ne grossis le trait que très légèrement... ), il qualifie un concierge de 68 ans et un homme "d'affaires" de 70 ... de vieillards !!!
On s'imagine ce que pourrait donner en France un projet de réforme des retraites avec une telle approche... ( digression sans intérêt).
À sa décharge il faut dire que ce vieux gamin" ( sa passion... les jeux vidéos ) a les cheveux tout blancs ( ils ont blanchi en une nuit à l'hôpital où la vie de sa fille était en danger), qu'il vit dans un pays qui ne s'est pas encore totalement affranchi de son terrible passé : la guerre, l'occupation nazie et la tutelle de fer du grand frère soviétique, lequel s'il a dû baisser le rideau en 1989, a laissé sur place quelques "succursales" qui ont toujours pignon sur rue. Il suffit juste quelquefois de changer l'enseigne pour tromper le chalant.
Comme c'est le cas pour quelques-uns de ces pays de l'Est qui furent soviétisés, la nouvelle économie de marché profite à ceux qui cherchent à en profiter, rarement aux honnêtes gens et jamais aux fonctionnaires d'État qui ne sont considérés que comme des serviteurs asservis.
Des hommes et des femmes passionnés par leur vocation professionnelle, malléables et corvéables sans un merci.
Teodore Szacki est l'un d'entre eux. Un procureur passionné, intègre et complètement fauché... qui passe une partie de sa vie à compter ses zlotys comme il compte ses cigarettes.
Un week-end où il est d'astreinte ou de garde... il est appelé à son domicile. Un homme a été tué, embroché, dans un cloître austère de Varsovie où il participait à une thérapie de groupe appelée " constellation familiale", laquelle consiste en un jeu de rôles qui aurait ou amusé Freud ou l'aurait obligé à augmenter sa dose de cocaïne pour accepter cette défonce pseudo-psychanalytique...
Qui était la victime ? Qui sont les membres ayant participé à ce séminaire pour "doux" dingues ? le coupable est-il l'un d'entre eux ? Telles sont les questions auxquelles notre vieux-jeune procureur va devoir apporter une réponse. Et pour pouvoir y arriver, il va devoir fouiller dans le passé des uns et des autres ( rien de très original ), passé qui est étroitement mêlé au pays dont ils sont les citoyens et dont ils furent, il y a peu, les témoins "impliqués" où pas dans le grand tourbillon que fut son Histoire.
Du point de vue narratif, la structure constituée de chapitres qui se lisent sans palpitations mais sans piquer du nez, sont séquencés par des bulletins d'infos concernant la période dans laquelle se situe l'enquête et qui systématiquement se concluent sur les conditions météorologiques du jour, sont un élément, une trouvaille tout à fait bienvenue pour stimuler l'intérêt, la curiosité, la "nostalgie" pour les vieux lecteurs, dont je suis, et pour les autres... plus jeunes.
Outre l'aspect polar, le bouquin de Miloszewski a, comme c'est de mode ces dernières années avec des Mankell, des Harvey et d'autres très nombreux, comme intention assumée de sociologiser son propos, de le contextualiser, de rappeler aux lecteurs d'où vient son pays, ce qu'il a vécu, où et comment il en est arrivé là où il en est aujourd'hui, et l'auteur, par ce biais, à son tour s'implique , en se faisant auteur citoyen... témoin engagé de son temps.
Le style est convenable, l'intrigue plus intéressante par ses ramifications que par sa nature originelle, la psychologie des personnages est crédible. le héros enquêteur est à la fois déroutant et crispant, comme le serait un danseur de polka hésitant sans cesse entre des castagnettes et des chaussons de danse.
Ne connaissant pas Varsovie, j'avoue que j'ai éprouvé un véritable sentiment d'indigestion à la centaine de noms de rues, de places, de quartiers, de monuments référencés dans ce polar qui se transforme en Guide du Routard pour lecteurs non voyants.
Il semble que - Les impliqués - soit le premier tome d'une trilogie... je réfléchirai avant de donner suite ou pas...
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Je pense qu'avec la lecture du polar « Les impliqués » de Zygmunt Miloszewski j'ai dû lire pour la première fois une oeuvre d'un auteur polonais.
Un voyage dépaysant donc pour ma part, car il faut reconnaitre que je ne connais pas grand-chose à ce pays si ce n'est le nom de quelques villes et hommes politiques.
Il a cependant que je m'habitue au cours de ma lecture à tous ces noms comportant des Y, des W, des Z et des K un peu partout…Bon, au bout d'un moment, on s'y habitue, il faut le reconnaitre.
Donc, plongée dans le coeur de Varsovie, avec un groupe isolé du reste du monde (ou presque) puisqu'il entame une thérapie sous la direction de Cezary Rudzki. Un des participants va être assassiné de façon assez particulière et on ne peut s'empêcher d'imaginer que le coupable ne peut être que l'un des autres participants au vu du huis-clos existant.
L'enquête va être menée par le procureur Teodore Szacki. Eh oui, en Pologne, même si les procureurs sont assistés par des policiers, ce sont bien eux qui mènent l'enquête. Cela change singulièrement des polars que j'avais l'habitude de lire.
Cette enquête, qui va se mener au rythme des disponibilités de Szacki, nous permet d'avoir une vision de la Pologne du début du vingt et unième siècle. Cependant, l'empreinte de la période communiste est encore bien présente et certaines institutions comme les administrations sont encore bien imprégnées de leurs méthodes.
J'ai eu de la peine au début à m'attacher au personnage central que je trouvais un peu trop dans ses atermoiements et ses tergiversations. En effet, Teodore est à une période charnière de sa vie puisqu'il nous fait sa crise de la quarantaine. A partir du moment où j'ai réalisé qu'il avait les cheveux bien gris, je me suis plu à me l'imaginer sous les traits de Richard Gere et tout à coup j'ai lu l'histoire avec plus d'intérêt.
J'ai bien aimé cette histoire avec une enquête bien menée et je compte bien lire les deux tomes suivant puisque nous allons y retrouver Szacki.
Une lecture fort sympathique, même si je ne parlerais pas de coup de coeur.


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Par un dimanche matin du mois de juin 2005, le procureur Teodore Szacki est tiré de son lit pour se rendre dans un ancien monastère de Varsovie où le corps d'Henryk Telak vient d'être découvert, tué d'une broche à poulet planté dans l'oeil. L'homme, dépressif depuis le suicide de sa fille adolescente, participait à une thérapie de groupe menée par le docteur Rudzki. Celui-ci, comme les trois autres participants, seuls présents sur place, apparaît comme suspect aux yeux du procureur. Mais quel pourrait être le mobile de ces gens qui connaissait à peine le mort ? Ou serait-ce la thérapie particulière de Rudzki, basée sur la constellation familiale, qui aurait mal tourné ? Sans mobile, sans indices, sans véritables suspects, le procureur tâtonne mais semble gêner un homme très influent. Epris de justice mais soucieux de protéger sa femme et sa petite fille, Szacki cherche la vérité, secoué par la menace qui pèse sur lui et les siens.

Un polar dans les rues embouteillées de la capitale polonaise. On y fait la connaissance du procureur Teodore Szacki. le cheveux blancs malgré ses 36 ans, élégant et plutôt séduisant, il traîne un moral en berne, coincé dans un mariage qui ne la satisfait plus et le tribunal où il traite de plus en plus d'affaires pour un salaire symbolique. Szacki connaît sa femme depuis le collège mais la quarantaine arrivant à grands pas, il rêve d'autre chose...Peut-être d'une jeune journaliste qui flirte avec lui, l'aguiche et rallume chez lui la flamme de l'aventure. Mais tandis qu'il tergiverse et se contente de prendre quelques sages cafés avec la demoiselle, il doit aussi mener une enquête pour meurtre. Car en Pologne, c'est le procureur qui mène les investigations et dirige les policiers. le voici donc confronté à un homicide en apparence banal mais qui va réveiller les anciens services secrets polonais. La Pologne s'est libérée du rideau de fer et du totalitarisme mais ses vieux démons ne dorment que d'un oeil. le procureur, confiant, voire naïf, va se rendre compte que dans son pays, comme dans de nombreux autres, le pouvoir est resté entre les mêmes mains. Les étiquettes politiques ont changé, les moeurs aussi, amis quand leurs intérêts sont menacés, les vieilles techniques d'intimidation ont encore cours...
Le rythme est lent mais ce polar n'en est pas moins très intéressant, par son contexte, son atmosphère et son sympathique procureur. On découvre un pays qui doit supporter son lourd passé sous le joug communiste et un homme qui fait de son mieux pour faire avancer la justice malgré le manque de moyen et les pressions en tout genre. C'est le premier tome d'une trilogie, une affaire à suivre donc.
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Se faire tuer d'une broche à rôtir dans l'oeil... Voilà qui est peu banal, déjà. Ajoutons à cela que le crime s'est passé dans dans un ancien monastère de Varsovie et que le cadavre, avant de trépasser, participait à une thérapie collective dite de la "constellation familiale"... Vous m'avouerez qu'il a l'air malin, le colonel Moutarde, dans la bibliothèque avec son chandelier !

Une autre chose qui change des polars "classiques" : pas d'inspecteur, de détective ou de flic alcoolo pour cette dénouer cette affaire. Non, c'est le procureur Teodore Szacki est chargé de l'enquête. Il n'est pas dépressif, ne boit pas comme un régiment polonais, ne se drogue pas... Il est juste un peu désabusé et las de sa vie de couple qui a viré au banal mâtiné de routine.

Ah, j'oubliais de vous dire qu'il a 35 ans, des cheveux tout blancs et qu'il est plutôt bôgosse ! Monsieur ne serait pas contre le fait d'aller tremper son biscuit dans la tasse de café de la séduisante journaliste Monika (non, pas Lewinski !). Un type comme on en connait beaucoup...

Conseil : ne lisez pas ce roman pour son côté trépidant, il n'en a pas vraiment. Malgré tout, pour moi, ce fut un page-turner car j'avais faim d'en savoir plus sur la Pologne, qui, malgré la chute du Mur, n'en a pas fini avec son système corrompu. Quand à la Justice, elle tourne sur trois pattes... le côté politique du livre, je l'ai dévoré.

Teodore Szacki (Teo) est notre narrateur privilégié et il ne se prive pas pour nous expliquer toutes les petites subtilités d'un système où les procureurs vont sur le terrain avec les policiers, pour enquêter, qu'ils sont débordés par le boulot, noyé sous la paperasse administrative, que leur taux de résolution des crimes est plus que nul (on est loin des séries télés), que certains de leurs dossiers prennent la poussière faute d'avoir résolu l'affaire et que tous concernent quasi des affaires de meurtres par abus d'alcool ou des violences conjugales.

Et non, en Pologne, le fait d'être procureur ne donne pas droit aux pleins pouvoirs... Que nenni !! Notre charmant Teo n'a rien d'un SuperProc avec une cape et avec des pouvoirs illimités ou un détecteur de mensonges greffé dans son nez. Donc, il peut se faire mener en bateau et tourner en rond durant son enquête qui piétine.

Il faut dire qu'on ne lui facilite pas la tâche non plus... Ni sa hiérarchie, ni les suspects dont il est en train de se demander si la thérapie aurait pu faire déraper l'un d'eux au point d'embrocher Henryk Telak comme un vulgaire rôti...

Quand à ses hormones en plein travail, elles le feront aller deux fois aux toilettes afin de soulager une tension mal placée. Bref, un enquêteur qui n'en est pas vraiment un, avec ses failles, ses doutes, ses pulsions. Un personnage des plus agréable à suivre.

Comme je vous le disais, le rythme est assez lent, mais il nous permet d'entrer plus en profondeur dans la société polonaise, d'explorer ses méandres tortueux, d'apprendre des choses sur sa justice, corrompue de partout; d'explorer un peu la mentalité de la population et les rouages des institutions. Sans oublier les politiciens qui se regardent le nombril à longueur de journée.

En fait, on peut dire que l'enquête sert à juger sévèrement le système qui en est encore comme "au bon vieux temps" du communisme (ironie, bien entendu).

Autre chose de bien agréable aussi : à chaque début de chapitre, on avait droit à un morceau de l'actualité correspondant à la période de l'enquête (juin 2005). Une bonne idée qui permet, non seulement de replacer les souvenirs mais aussi d'en apprendre un peu plus sur la Pologne.

J'ai adoré "Les impliqués" pour son côté politique, plus important que l'enquête, presque... Pour ne pas dire que l'enquête et la politique (au sens large) étaient "attachés l'un à l'autre". le meurtre et la politique sont de vieux compères qui vont bras-dessus, bras-dessous...

Bref, un vrai roman noir au contexte politique poussé ! Un délice de fin gastronome pour moi.

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Un bon roman policier dont l'action se déroule à Varsovie. Un homme est retrouvé mort, une broche à rôtir plantée dans l'oeil, alors qu'il participait, en présence du psychologue et de trois autres membres, à une séance de thérapie de groupe selon la méthode des constellations familiales, thérapie familiale transgénérationnelle développée dans les années 1990 par Bert Hellinger, ancien prêtre allemand devenu psychothérapeute (j'ai un peu regardé sur le net car je me demandais s'il ne s'agissait pas d'une invention de l'auteur). Le procureur commence l'enquête et n'est pas au bout de ses surprises.
J'ai beaucoup apprécié l'ambiance développée par l'auteur dans ce roman : les références à l'histoire des pays du bloc d'Europe de l'Est, à la politique actuelle en Pologne, à la vie d'un fonctionnaire dans le Varsovie d'aujourd'hui, et plus anecdotiquement aux états d'âmes d'un homme approchant de la quarantaine, époux et père de famille, fatigué mais gardant un humour qui ponctue tout le roman de touches très agréables.
Le procureur Teodore Szacki forme un binôme fort sympathique avec le commissaire Oleg Kuzniecov et leurs échanges verbaux sont empreints de respect sous couvert de boutades bien amusantes : « Tu enchaînes avec un cocktail au siège du parti après ça ou quoi ? plaisanta le policier en tirant sur les pans de la veste du procureur. La rumeur de la politisation du parquet est aussi peu fondée que les commérages qui prêtent des revenus alternatifs aux policiers de la ville, répliqua Szacki. » J'ajoute une mention particulière pour le « si félin docteur Jeremiasz Wrobel. »
Des protagonistes et une plume qui me donnent envie de continuer à lire la suite des aventures écrites par Zygmunt Miloszewski.
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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
"On exige toujours de moi de maudire les coupables de toutes sortes de crimes, mais je sais que l'unique moyen de faire face à la présence du mal est d'accepter qu'ils sont humains malgré tout. Ai si, nous devons leur trouver une place dans notre cœur. Pour notre propre bien. Ça ne les libère pas de la responsabilité de leurs actes. Mais si nous excluons quelqu'un, si nous lui refusons le droit d'appartenance, alors nous nous mettons à la place de Dieu, nous décidons qui doit vivre et qui doit mourir. Et cela est inouï."
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Theodore Szacki eut soudain l'impression que le combiné devenait très lourd. Pourquoi ? Pourquoi ça tombait toujours sur lui ? Pourquoi ne pouvait-il pas y avoir un seul élément normal dans cette enquête ? Un cadavre honnête, des suspects du milieu, des témoins ordinaires qui se présentent avec crainte et ponctualité à leur interrogatoire chez le procureur. Pourquoi ce cirque ? Pourquoi chaque nouveau témoin était-il plus bizarre que le précédent ? Il avait cru qu'après le si félin docteur Jeremiasz Wrobel, plus rien ne pourrait le surprendre, et voilà qu'il écopait d'un archiviste complètement cinglé suivi par un maboul paranoïaque.
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- N'exagère pas, répliqua Szacki, nous ne sommes pas en Sicile. On parle probablement de deux ou trois gars qui louent anonymement un bureau à Varsovie-Centre pour y jouer les grands méchants agents des services secrets, trop fiers d'avoir sorti dans le temps quelques dossiers en douce.

Wenzel grimaça.
- J'exagère ? Corrige-moi si je me trompe, mais est-ce qu'en 1989 tu as vu exploser une espèce de bombe "K" qui aurait vaporisé d'un seul coup tous les putains d'apparatchiks rouges, toutes les crapules à la solde des soviétiques; tous les agents, les indics, les collaborateurs, toute cette racaille totalitaire ? Je vais te dire une bonne chose : ils vont t'acheter ou t'effrayer.
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Les politiciens vivaient dans un monde en vase clos, persuadés qu'à longueur de journée ils accomplissaient des tâches à ce point capitales qu'ils devaient en rendre compte lors de conférences de presse. Leur prétendue valeur se voyait confirmé par les légions de chroniqueurs enthousiastes, eux aussi convaincus de la gravité des faits qu'ils relataient et poussés probablement par le besoin de rationaliser les heures d'un travail vidé de sa substance. Et finalement, en dépit des efforts conjugués de ces deux groupes professionnels, couplé à l'assaut médiatique d'informations superflues mais présentées comme essentielles, le peuple tout entier n'en avait rien à foutre. L'hiver dernier, Szacki était parti en vacance avec Héla et Weronika, ils avaient été absents durant deux semaines. Pendant toute la durée de ses congés, il n'avait pas ouvert un seul journal. Il était revenu et la routine avait repris son cours. Rien, strictement rien n'avait changé ; rien ne s'était passé. Cependant, lorsqu'il avait feuilleté la presse de la période, un panorama bien différent s'était offert à son regard : le monde avait couru à sa perte tous les jours, le gouvernement s'était écroulé chaque matin, l'opposition s'arrachait les cheveux de désespoir, les partis politiques se ridiculisaient, les sondages variaient d'heure en heure, de nouvelles alliances en découlaient sans cesse et les commissions parlementaires condamnaient le peuple à mort par bavardage. Pour quel résultat? Aucun.

(P152)
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Kuzniecov avait un fils [de quinze ans]. Ces temps-ci, il en parlait toujours comme d'un animal.
"Parfois, j'ai envie d'installer une serrure sur la porte de notre chambre à coucher, avouait-il. Il est devenu immense, chevelu, il tournicote comme un lion en cage. Son humeur change toutes les dix minutes, il a plus d'hormones dans le sang qu'un coureur du Tour de France n'a de stéroïdes. Quand on s'engueule le soir, je me dis : va savoir s'il ne va pas sortir un couteau ? Et dans ce cas, est-ce que je pourrai faire face ? D'accord, je ne suis pas un poids plume mais, mine de rien, il n'a rien à m'envier."
Ce genre de théorie ne signifiait qu'une chose : que Kuzniecov était un malade mental et que son imagination débridée couplée à son trop long séjour au sein de la police nationale l'avait conduit à une forme de schizophrénie bipolaire. C'est ce que Szacki avait toujours cru. Mais maintenant qu'il se trouvait assis en face d'un adolescent, il lui vient soudain à l'esprit que les fantasmes irrationnels du commissaire contenaient peut-être un fond de vérité.
(p. 160-161)
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