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EAN : 9782265143906
552 pages
Fleuve Editions (05/09/2019)
3.45/5   50 notes
Résumé :
Ludwik et Grazyna ont à nouveau trente ans.
Après une rencontre dévorante, plus rien ne peut les séparer. Ou presque.
Car les jeunes amoureux ont également l’expérience d’une vie commune longue d’un demi-siècle.
Jusqu’à hier, ils vivaient en 2013 et approchaient les quatre-vingts ans. Or, pour des raisons obscures, le lendemain du 50e anniversaire de leur rencontre, le couple se réveille en 1963, jeune et beau, avec en prime les souvenirs de leu... >Voir plus
Que lire après Te souviendras-tu de demain ? Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai été totalement séduite par l'écriture de Zygmunt Miloszewski. Elle est décapante, pleine d'humour, de dérision et nous fait vraiment sourire plus d'une fois.
C'est avant tout un roman sur l'amour, sur un couple mais aussi sur un pays: la Pologne et plus encore une ville : Varsovie.
D'ailleurs si on la chance comme moi de connaître cette ville, la topographie de Zygmunt Miloszewski est très touchante, notamment quand il évoque les lieux de l'ancien ghetto de Varsovie.
Un homme et une femme fêtent leurs cinquante ans de mariage et au petit matin, par on ne sait quelle alchimie, ils se retrouvent à l'âge de la trentaine lorsqu'ils se sont connus.
Cela fait déjà rêver, quitter l'âge de la vieillesse et ses affres et se retrouver jeunes. Mais le meilleur, c'est de vivre ses trente ans avec l'expérience et le passé de ces presque 80 ans.
Miloszewski est très fort dans ce procédé, les premières pages sur le lever du mari très précautionneux pour attaquer sa journée sont pleines d'humour tout en étant réalistes.
Être et avoir été, tout un programme. de très belles phrases très pertinentes sur la vie qui nous permettent peut-être de mieux appréhender ce qu'il nous reste à vivre, d'accepter sa vieillesse et d'en faire une force, recevoir chaque nouveau matin comme un cadeau supplémentaire de la vie.
Le roman nous plonge aussi dans l'histoire de la Pologne, Un pays qui a connu beaucoup de vicissitudes et étouffé par ses voisins.
Te souviendras-tu de demain me semble une belle introduction pour qui veut s'intéresser à la Pologne.
J'ai vraiment savouré beaucoup de pages de ce roman et j' ai très envie de lire aussi les romans policiers de cet auteur.
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Bon moment de lecture, à la fois divertissant et surprenant.

Ludwik et Grażyna s'apprêtent à fêter le cinquantième anniversaire de leur amour, et de le fêter comme chaque année par une belle nuit d'amour. Zygmunt Miłoszewski nous fait sourire à cette évocation : Ludwik a 83 ans et elle 78 ans, il faudra du viagra à l'un et de la lingerie à l'autre. Ils sont vieux et de caractère différent : Ludwik a voulu une vie paisible, Grażyna aurait aimé plus de voyages.
Leur nuit d'anniversaire est fabuleuse mais lorsqu'ils se réveillent, ils se découvrent en 1953, plus jeunes et dans une Varsovie bien différente de celle qu'ils connaissaient en 1963. La seconde guerre mondiale a bien eu lieu mais la Pologne n'est pas communiste mais alliée à la France...
Décontenancés, ils essaient de trouver leurs repères : comment vit-on, quel est leur métier...
Cela leur donnera-t-il la possibilité de profiter de leur connaissance du futur ? Toute l'histoire de la Pologne ne se révèle pas si semblable à ce qu'ils ont connu à moins que ce soit, comme le suggère le titre polonais de ce roman, „comme toujours” (Jak Zawsze).

Il y a beaucoup d'humour dans ce livre,.
il peut provoquer pas mal de réflexions (Comment referais-je ma vie si je le pouvais ? , pouvons-nous influencer le destin ? Peut-on éviter de refaire les mêmes erreurs ou sera-ce « comme toujours »...)

La Pologne est évidemment également un personnage de ce roman, et Varsovie surtout.
Marié à une Polonaise, je connais bien ce pays et ce dès les années soixante-dix, j'ai souvent apprécié cette connaissance dans cette lecture, elle m'aide dans les commentaires politiques, les références à l'histoire du pays et même le plan de sa capitale.
Je ne crois pas néanmoins que cette connaissance soit indispensable pour apprécier ce livre. Elle permet cependant de déceler des références à la Pologne d'aujourd'hui.

Miłoszewski est doué pour créer une intrigue, le récit est prenant, raconté tour à tour par chaque membre du couple.

J'ai lu Te souviendras-tu de demain rapidement et avec beaucoup de sourires et du plaisir.
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Avec «Te souviendras-tu de demain ?» (Le titre est «Comme d'habitude», en Polonais), Zygmunt Miloszewski continue de nous étonner et de nous ravir.
Les aventures du procureur Teodore Szacki à Varsovie, Sandomierz et Olsztyn nous avaient fait découvrir un jeune auteur amoureux de son pays, de ses errances post communistes, et maîtrisant parfaitement les règles du polar.
Inavouable montrait qu'il maîtrisait aussi parfaitement les règles du polar historique, l'action nous emmenait dans les Tatras à la fin de la seconde la guerre mondiale, et différents personnages s'affrontaient pour percer un secret en lien avec la disparition d'un tableau pendant la guerre. Une écriture cinématographique assumée comme par exemple cette poursuite de voitures sur la Mer Baltique gelée !!!
A chacun de ses romans, l'auteur scanne la société polonaise avec talent et justesse en l'abordant sous de angles et des points de vue différents mais complémentaires.
C'est ce qu'il fait une fois de plus dans «Te souviendras-tu de demain ?» en jouant la carte du voyage dans le temps, ses décalages, ses farces et ses surprises, ses déconvenues.
A la différence de nombre de romans de SF, où les voyageurs dans le temps sont volontaires, ses personnages sont des voyageurs dans le temps malgré eux.
Ludwik et Gazyna se connaissent depuis cinquante ans. Nous sommes en janvier 2013 et ils veulent revivre l'anniversaire de leur rencontre de façon intense. Ce sont deux octogénaires plein de vie et d'amour, mais cela ne leur évite ni le Viagra pour lui, ni la lingerie coquine pour elle.
Milosewski donne une description de la vieillesse très juste et pleine d'humour :
« C'est ce qu'il se disait en accomplissant sa toilette matinale qui, ces derniers temps, se rapprochait de la vérification point par point de la check-list du décollage d'une navette spatiale.
Uriner – une seule minute. Ah, vraiment, il était rempli de fierté à l'idée qu'à son âge, la prostate lui causait si peu de soucis ; il était persuadé qu'il fallait mettre cette prouesse au crédit de ses rapports sexuels réguliers et de la masturbation qui, dans son cas, l'était encore davantage.
La douche – prise.
Les dents – brossées.
Les fausses dents – extraites du boîtier, lavées, réajustées.
La bouche – rincée
L'appareil auditif – mis. Il n'en avait pas véritablement besoin, mais ne voulait pas passer pour ce vieillard irritant réclamant sans cesse qu'on lui répétât des phrases.
Les yeux – gouttes versées.
La crème à paupières – appliquée.
Les cheveux – peignés, légèrement aspergés de spray.
La barbe et la moustache – taillées.
Les lunettes – essuyées.
Les genouillères stabilisatrices – enfilées avec moult geignements et difficultés.»


Le lendemain au réveil : surprise ! Ludwik et Grazyna se retrouvent dans le Varsovie de 1963, dans leur corps de jeunes gens, mais avec l'expérience de deux octogénaires qui ont vécus la guerre, l'occupation allemande, le régime communiste et la chute du mur.
Autant dire qu'ils sont vaccinés contre toutes les idéologies que le monde a connu au XXème siècle, et qu'ils ont subis.
Mais voilà, la Varsovie de 1963 dans laquelle ils se retrouvent n'est pas celle qu'ils ont connue.
Les mêmes événements ont eu lieu, la guerre notamment, mais leurs conséquences diffèrent. L'URSS n'a pas imposé sa loi à un bloc de l'Est incluant la Pologne. Celle-ci est dirigée par une Union France Allemagne qui veut l'amarrer à l'Europe Occidentale et une Union Slave dans laquelle se retrouve le Communiste Gierek et le Général Jaruzelski lutte pour une Pologne indépendante attachée à ses valeurs traditionnelles.
Très vite, Ludwik et Grazyna sont confrontés à des contraintes dont ils ignorent tout. La francisation du pays, le rôle joué par l'armée polonaise dans la guerre d'Algérie et d'autres tout à l'avenant les laissent rêveurs.
Ils se retiennent pour ne pas divulguer leurs connaissances de sujets qui n'ont pas encore été abordés par la société de 1963.
Ils jouent le jeu, mais étonnent leurs amis, ou parfois les choquent. de plus dans ce Varsovie-là, ils ne sont pas encore mariés.
Le tout est traité avec humour, comme cette scène au restaurant :
«On leur apporta leurs plats : un tajine aux légumes et un couscous aux saucisses d'agneau. « La Maisonnette blanche » s'avéra une interprétation polonaise du nom Casablanca et on y servait, comme l'annonçait l'enseigne, une «cuisine des pays du Maghreb», ce qui combla Ludwik parce qu'il adorait les mets épicés, or, précisément dans les années où une nourriture relevée avait fait son entrée en Pologne, son gastro-entérologue lui avait interdit de s'en approcher.
- Merci, Ahmed, ça semble délicieux, comme toujours, dit Iwona dans un français impeccable.
Elle sourit à l'homme qui les avait servis et donnait l'impression d'être le propriétaire de l'établissement.
- C'est moi qui vous remercie, répondit-il en polonais, mais avec un fort accent français. Vous être toujours très gentille, chère madame. Moi je préparer la nouveauté à goûter de ça Turquie. Doneh kebab, viande du mouton grillé dans le pain. Nous aller vendre ça de la fenêtre dans la rue, comme chez nous. Ça être…
Les mots lui manquaient.
- le tube de l'été  ! précisa-t-il en revenant au français.
- Un triomphe, Ahmed. Ou une prouesse. Mais ajoute peut-être quelque chose de polonais à ce plat pour que ça se vende ?
- Une salade de chou peut-être ? lança Ludwik, sans parvenir à se retenir, songeant aux kebabs polonais du XXIème siècle. Ahmed grimaça.
- du chou, mais cher monsieur…
Soudain, il devint songeur.
Ce n'est pas une idée mauvaise, qui sait. Vous être génial, cher monsieur ! Moi aller goûter ça.»

Le roman se lit facilement et sous ses airs de ne pas y toucher traite de sujets contemporains.
Dans cette nouvelle réalité de 1963, Ludwik et Grazyna font face à une famille et à des amis engagés dans leur époque comme ils l'étaient eux-même et ne le sont plus. En confrontant les deux réalités vécues par Ludwik et Grazyna, l'auteur revient à l'un de ses sujets de prédilection, l'évolution de la société polonaise et le divorce progressif entre des citoyens qui bénéficient des progrès du capitalisme triomphant dans le pays et ceux qui en sont exclus.
A la façon d'un Montesquieu ou d'un Voltaire il nous livre un conte philosophique où cette société imaginaire est en fait pour lui un moyen de critiquer sans le faire directement les travers de nos sociétés, comme l'immigration, mais aussi les tromperies de la démocratie.
A lire assurément.
Zygmunt MilosZewski n'a pas fini de nous étonner.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Disons le tout net : ce roman n'est pas sans défauts, je l'ai pourtant a-do-ré !
On y rencontre Grazyna et Ludwik à Varsovie au moment de l'anniversaire de ce dernier, il va fêter (à leur manière…) ses quatre-vingt trois ans. Grazyna n'a encore, elle, que soixante-seize ans. Ayant accès à leurs pensées intimes, on voit bien qu'ils ne sont pas autant sur la même longueur d'onde que lui en tout cas semble le penser. Tout à coup (et on ne saura jamais ni pourquoi ni comment) ils se réveillent cinquante ans plus tôt, dans une Pologne colonisée par la France. Rien n'est pareil et eux, surtout, ont leur âge réel dans des corps d'une trentaine d'années…
Zygmunt Miloszewski s'amuse beaucoup dans ce roman, et c'est extrêmement communicatif. Il mélange les genres et on a droit à une comédie romantique teintée de SF (avec mon sous-genre préféré, le voyage dans le temps !) sous-tendue par une uchronie permettant de délivrer un solide message politique, le tout nimbé d'observation sociale avec un très amusant jeu de traductions. On y est à fond, tout à tour ému, secoué de gloussements, mal-à-l'aise, mais toujours fermement accroché et intéressé. Ça aide si on connait un peu l'histoire de la Pologne mais ce n'est pas un préalable nécessaire, et on n'en revient pas de la manière si franche dont les sujets dérangeants sont abordés. Il faut voir Ludwik tentant par tous les moyens d'utiliser sa connaissance du futur (mais de « son » futur, qui n'est pas celui de la Pologne où ils se retrouvent…) pour se faire de l'argent ou Grazyna lutter à sa manière contre le sexisme forcené des années 60. C'est très, très drôle et on aurait bien aimé un tout petit peu de notes de bas de page pour quelques points qu'on ne comprend pas toujours (je pense par exemple au passage du restaurant avec les deux visiteurs français).

« Bon, je vais être honnête avec vous.
– Je n'espère rien d'autre.
– Vraiment ? Ça serait une première dans le milieu des belles lettres polonaises. Ce que vous proposez, monsieur, c'est de la mauvaise littérature, vous vous en rendez certainement compte, un orphelin magicien à la Dickens, un Hitler armé d'une baguette magique, un cadavre dans une mare de sang au pied de « La dame à l'hermine » de Vinci et la petite-fille de Jésus qui couche avec un scientifique de Cracovie peu dégourdi. C'est ignoble, mais puisque je dois être honnête, alors je dois avouer que ça recèle aussi une sorte de potentiel pervers de littérature de gare, à condition qu'on aime les voyages dans les wagons à bestiaux, j'entends. le pire cependant, c'est que vous ne savez pas écrire.
– Vous n'êtes pas très sympathique. »
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Que feriez-vous si vous pouviez recommencer votre vie adulte?

Lecture à peine terminée et il n𠆞st pas simple de la commenter. C𠆞st que le cher Miloszewski aime parler, ah ça, on ne peut pas le lui retirer. 630 pages, un tiers de moins aurait suffit.
Mais tout d�ord l’histoire. En 2013, Ludwik 83 ans et Grazyna 78 ans fêtent les 50 ans de leurs première nuit d𠆚mour comme chaque année par un ébat enfiévré. Problème, le lendemain ils se réveillent dans la Pologne et dans leurs corps de 1963. Un retour en arrière d𠆚utant plus étrange que passé le premier choc, ils se rendent compte qu’ils se trouvent dans un passé alternatif. La Pologne n𠆚 jamais basculé dans le communisme soviétique mais est une démocratie avec un leader à la De Gaulle. D𠆚illeurs la Pologne s𠆚llie avec la France ou plutôt, est en partie assujettie. Elle doit participer à la guerre d𠆚lgérie, se retrouve avec des banlieues champignons construite par Le Corbusier, etc...

La problématique de départ est très intéressante. Que feriez-vous si vous pouviez recommencer votre vie adulte? Feriez-vous les mêmes choix? Les mêmes erreurs? Avez-vous vraiment la possibilité de changer sans que l’histoire ne vous rattrape?

Je dois dire qu’il m𠆞st difficile de se juger ce livre. Les défauts sont nombreux mais l’histoire et les personnages sont hyper attachants.
Le livre est trop long c𠆞st une évidence, on n𠆚 pas l’impression de progresser dans le récit. L𠆚uteur nous assomme de tellement de détails architecturaux, de descriptions de Varsovie que ça nuit à l’intérêt de l’histoire. Il est évident qu’il cherche à rendre au mieux les différences entre la Varsovie communiste et celle démocratique qu’il met en place. Ça marchera très bien pour un lecteur polonais Varsovien mais il m𠆚 perdu plus d’une fois. Il manque cruellement des annotations ou une annexe pour expliquer au lecteur français les références historiques, politiques, géographiques, culinaires... de nature curieuse j𠆚i souvent cherché des explications mais ça nuit au confort de lecture et à la compréhension.
Le scénario est malheureusement assez prévisible. Peu de rebondissements, peu de surprise, de nombreuses facilités.

MAIS et malgré tout, ce fut une lecture très agréable. On apprend beaucoup de choses sur la Pologne et son passé. L𠆚uteur comme dans le premier opus du procureur Théodore Szacki « Les impliqués » nous parle de psychologie, de certaines clés de compréhension des comportements humains.
Le rythme malgré les longueurs est soutenu, les chapitres sont courts.
Et surtout les personnages sont attachants, bien que certains passages et, je répète, certaines longueurs peuvent décourager, je n𠆚i pas pu ni voulu abandonner Ludwik et Grazyna.
Le mot de la fin de l𠆚uteur est touchant saluant la culture française et ses parents pour qui il a voulu écrire ce roman.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
C’est ce qu’il se disait en accomplissant sa toilette matinale qui, ces derniers temps, se rapprochait de la vérification point par point de la check-list du décollage d’une navette spatiale.
Uriner – une seule minute. Ah, vraiment, il était rempli de fierté à l’idée qu’à son âge, la prostate lui causait si peu de soucis ; il était persuadé qu’il fallait mettre cette prouesse au crédit de ses rapports sexuels réguliers et de la masturbation qui, dans son cas, l’était encore davantage.
La douche – prise.
Les dents – brossées.
Les fausses dents – extraites du boîtier, lavées, réajustées.
La bouche – rincée.
L’appareil auditif – mis. Il n’en avait pas véritablement besoin, mais ne voulait pas passer pour ce vieillard irritant réclamant sans cesse qu’on lui répétât des phrases.
Les yeux – gouttes versées.
La crème à paupières – appliquée.
Les cheveux – peignés, légèrement aspergés de spray.
La barbe et la moustache – taillées.
Les lunettes – essuyées.
Les genouillères stabilisatrices – enfilées avec moult geignements et difficultés.

À la radio, on annonça le tube de la journée et retentit dans le haut-parleur une reprise française de
My Way
de Frank Sinatra. Dans le temps, il adorait cette chanson. Maintenant, chaque fois qu’il l’entendait, il songeait que c’était malheureusement le morceau le plus joué lors des enterrements aux États-Unis et qu’il devrait peut-être en choisir un lui aussi pour son dernier voyage. C’est pour cette raison qu’il avait cessé d’apprécier Sinatra. Pourtant, cette marche funèbre américaine résonnait de façon moins définitive en français, tout en restant empreinte de mélancolie. Alors, en fredonnant la mélodie familière, il arrangea ses rares cheveux et les aspergea une nouvelle fois de laque pour les maintenir. Après quoi, il arbora une mine fringante et adressa un clin d’œil polisson à son reflet dans le miroir.
Bordel, qu’est-ce que je suis vieux.
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Il y a une vieille blague qui dit " Comment des hérissons font-ils l'amour ? Prudemment. Il avait souvent pensé, ses soixante-dix ans passés que les vieilles personnes étaient comme des hérissons. Du moins en ce ce qui concernait l'ars amandi. C'était un peu parce qu'avec le cours des années, la tendresse remplaçait le désir, dans chaque rapprochement, il y avait davantage de sensibilité, de câlins tranquilles et de bien-être au contact de l'autre que de copulation animale..
L'amant âgé apprenait que le toucher, la proximité des corps et les baisers pouvaient être tout aussi importants.
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... que c'est à travers les poitrines qu'on voit que l'Europe se divise en différents mondes. A l'Ouest, comme je le disais, de petits seins pointus, ce sont les aiguilles de la boussole qui ciblent les colonies.
À l'Est, des beignets lourds, souvent en forme de larmes, car ces terres ont beaucoup souffert. Au Sud, des seins lourds et solaires, nourriciers, en forme de cloche d'église. Au Nord, des seins durs et audacieux, si tu places une noix dans le décolleté, tu vas la briser.
D' après moi, l'histoire de la civilisation...
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Durant le communisme, les politiques nous avaient parlé soit comme des pères en colère qui nous menaçaient d'une fessée, soit comme des prostituées qui minaudaient. Après la chute du mur, personne ne parlait parce que trop de gens importants avaient trop de choses importantes à faire pour prendre le temps d'expliquer aux gens simples le pourquoi du comment. Et durant l'union européenne, ils à avaient commencé à nous traiter en idiots baveux auxquels on pouvait mentir quotidiennement, droit dans les yeux, et lancer quelques miettes tous les quatre ans.
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Les routes françaises étaient un cauchemar. Étroites, elles traversaient chaque patelin, y compris ceux dont sa carte Michelin ignorait l’existence. Sur le principe, elles ressemblaient aux routes polonaises, mais là-bas, dans un pays en forme d’immense galette plate, les routes filaient à peu près droit. En France, elles serpentaient tel l’intestin grêle. Parcourir n’importe quel village prenait des allures de rallye au milieu d’un labyrinthe urbain qui rengorgeait de sens uniques, de porches et de virages à quatre-vingt-dix degrés où le coin d’un immeuble bouchait complètement la vue. Chaque fois, Ludwig fermait les yeux une fraction de seconde, prêt au pire, ne sachant pas s’il allait rencontrer une rue vide ou une camionnette de laitier lancée à grande vitesse et dont le chauffeur aurait profité jusqu’à la dernière goutte des normes libérales françaises en matière de niveau d’alcoolémie toléré.
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