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Citations sur Le Paradis perdu : 1922, la destruction de Smyrne la .. (8)

Georges Horton, Consul américain écrivait “Dans nulle autre ville au monde, l’Orient et l’Occident ne se mêlaient physiquement de manière spectaculaire“
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[…] le tout nouvel engouement pour le cinématographe y était apparu dès 1908. Il n'y avait pas moins de dix-sept sociétés de commerce exclusivement spécialisées dans l'importation d'objets de luxe parisiens. Et pour s'informer, le père de Petros avait le choix entre onze quotidiens en grec, sept en turc, cinq en arménien, quatre en français, et cinq en hébreu, sans parler de ceux qui arrivaient par bateau de toutes les capitales européennes.
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En 1905, lors de sa première visite Kemal déclara :“J’ai vu ses quais magnifiques encombrés par un peuple qui était notre ennemi juré et j’en conclu qu’Izmir (Smyrne) avait échappé aux mains de ses vraies et nobles habitants turcs.”
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Smyrne se tournait depuis longtemps vers la Grèce et les eaux clémentes de la mer Égée. La cavalerie découvrait une ville bien différente de l'Anatolie intérieure aride et désolée d'où elle venait. La population hellénique était deux fois plus nombreuse que celle d'Athènes, et des traces de son grand héritage byzantin survivaient un peu partout. A la lueur des cierges dans l'obscurité des églises cuspidées, les prêtres orthodoxes chantaient pour le salut de l'âme de Saint Polycarpe, martyrisé en ces lieux au IIe Siècle. Depuis des temps très anciens, Smyrne avait ses lettres de noblesse chrétiennes. Saint Jean le Divin ne l'avait-il pas désignée comme l'une des sept Églises d'Asie Mineure ?
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On ne savait pas grand-chose de la stratégie de Mustafa Kemal, qui était mal connu de la hiérarchie militaire britannique.
Les fonctionnaires de Whitehall s'essayèrent à de nombreuses analyses de personnalité, mais qui reposaient davantage sur des fantasmes que sur la réalité. D'après un dossier des services secrets, il aurait mené une vie « dissolue » dans ses jeunes années et aurait contracté une maladie vénérienne.
Cet événement lui aurait donné «du mépris et du dégoût pour la vie», et J'aurait conduit « au vice homosexuel ». On l'accusait d'avoir désobéi à Liman von Sanders pendant son énergique défense de la péninsule de Gallipoli.
Plus étrange encore, on peut lire qu'il avait perdu un oeil au combat dans une bataille contre les Anglais. Bien qu'ayant étudié toutes les informations disponibles sur Kemal, Sir John de Robeck n'arrivait pas à le cerner. « Il reste une véritable énigme », écrit-il, découragé. Lloyd George était plus méprisant : « un marchand de tapis dans un bazar », jugeait-il.
On se rendit vite compte que le « marchand de tapis » était un élément rassembleur particulièrement actif en Turquie centrale.
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Le colonel Ismet, le plus grand commandant de Kemal, se disait attristé par l'incendie. "Nous avons pris Izmir, dit-il, mais à quoi bon ? La ville et la moitié de l'Anatolie ne sont plus que des ruines."
Kemal ne voyait pas la situation du même œil. Ce n'était qu'un "désagréable incident", et il donna son assurance à Ismet que les dégâts seraient réparés. Il n'aimait guère la vieille ville. Lors de sa première visite à Smyrne en 1905, il n'avait pas apprécié d'y voir vivre autant de Grecs et de chrétiens d'origines diverses. "J'ai vu ses quais magnifiques encombrés par un peuple qui était notre ennemi juré et j'en ai conclu qu'Izmir avait échappé aux mains de ses vrais et nobles habitants turcs." De son point de vue, la destruction par le feu de la cité infidèle était un mal nécessaire, un faible prix à payer pour la libération de son pays.
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En regardant les ruines fumantes de Bournabat depuis les fenêtres du haut de chez sa tante, il ressentit une profonde tristesse. Depuis plus d'un siècle, les Levantins de Bournabat avaient vécu heureux ici. Dans cette région, la plus riche de l'Empire ottoman, ils avaient bâti des empires financiers qui avaient enrichi tout le monde. Leurs usines avaient employé des milliers de Smyrniotes, grecs, arméniens, turcs et juifs, et leurs bonnes œuvres avaient financé des hôpitaux, des cliniques, des orphelinats. Dans leurs demeures somptueuses, ils avaient côtoyé les grands vizirs, les valis ottomans, et le sultan lui-même. À présent, ces mêmes villas étaient en ruine.
"C'est fini, Bournabat, c'est fini pour nous", écrit Fernand.
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Le soir venu, George Horton fut embarqué pour la nuit à bord de l'USS Litchfield. Le commandant du navire, qui avait vu les violences se déplacer vers le quartier européen, ne voulait pas courir de risque en laissant Horton s'exposer au danger.
Horton passa la soirée dans le mess des officiers avec les deux journalistes américains — Constantine Brown et John Clayton. Ils se racontèrent les événements terribles dont ils avaient été témoins au cours de la journée. L'un d'eux lut tout haut la page qu'il venait de taper, puis, avec un long soupir, arracha la feuille du rouleau de sa machine. "Je ne peux pas envoyer ça, dit-il à son collègue. Je serais grillé à Constantinople."
Les deux hommes savaient que l'amiral Bristol serait furieux s'ils diffusaient leurs informations. Il avait très clairement exigé que l'opinion mondiale soit tenue dans l'ignorance de toute atrocité turque qui pourrait avoir lieu à Smyrne, et Brown et Clayton avaient promis de protéger les intérêts de l'Amérique. Ils rangèrent leurs calepins et décidèrent donc "de se rabattre sur les atrocités grecques".
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