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Critique de colka


J'étais très émue, une fois tournée, la dernière page de : Les passeurs de Daraya de Delphine Menoui. A travers ce vibrant témoignage, c'est un bel hommage que rend l'auteure à ces "héros invisibles". C'est ainsi qu'elle nomme ceux qui sont les protagonistes de cette belle et tragique aventure humaine.
Ces héros venus tout droit de l'enfer de la guerre, nous les suivons pas à pas dans ce court récit qui va tour à tour leur donner la parole, tout en rappelant le contexte qui est celui du combat mené à Daraya, la ville rebelle, par les habitants et une faction de l'ASL depuis le soulèvement de 2011. La brutalité sans nom du régime de Bachar al Assad va se déchaîner contre la ville assiégée. Et en 2013, alors que les frappes aériennes se font de plus en plus meurtrières, va surgir un petit miracle de résistance et de résilience. Face à la terreur et l'obscurantisme, Ahmad, un jeune habitant de la ville va décider de sauver de la destruction et de l'oubli tous les livres trouvés dans les décombres des nombreux immeubles détruits . Avec ses amis, Abou el Ezz, Muhammad Shihahed et plus tard Omar et Shadi, ils vont parcourir inlassablement les ruines à la recherche de tout ce patrimoine littéraire en danger de perdition.
C'est une vraie bibliothèque qui va voir le jour, dans le sous-sol d'un immeuble , avec des rayonnages, un classement alphabétique et même un règlement ! Un ordre providentiel, un havre de paix au milieu du chaos, pour les quarante-cinq lecteurs qui pourront être accueillis quotidiennement.
Mais ces jeunes héros, dont l'auteure va cerner au plus près la personnalité à travers les échanges qu'elle aura avec eux sur WhatsApp, seront les premiers bénéficiaires de ces rencontres littéraires hors normes et hors du temps. Leur objectif commun : survivre par et pour la culture ! Et pour ce faire, chacun empruntera son propre chemin, trouvera l'ouvrage talisman, celui qui lui permettra d'oublier l'horreur du moment ou contraire lui permettra de plonger dans le passé pour mieux le conjurer, quand ce n'est pas pour y retrouver sa propre souffrance mais magnifiée par la magie des mots. Comment ne pas être ému(e) lorsque Ahmad répète comme un mantra les vers du poète palestinien Mamoud Darwich :
"Ici, sur les pentes des collines, face au couchant
Et à la béance du temps,
Près des vergers à l'ombre coupée,
Tels les prisonniers,
Tels les chômeurs,
Nous cultivons l'espoir."
L'espoir ! Je leur souhaite de ne pas l'avoir perdu dans la suite bien chaotique de leur parcours...
Pour clore ce billet, je préfère laisser la parole à Delphine Minoui, car je pense qu'elle évoque parfaitement, en peu de mots l'essentiel de cette aventure humaine hors du commun.
"Ce livre, c'est un peu tout ça à la fois : le récit, même inachevé, de ces héros invisibles. Je ne peux pas y renoncer. Ecrire pour ne pas oublier. Pour ne pas les oublier.
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