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sur 683 notes
Donne-moi des mots.
Donne-moi un sujet, un verbe.
Donne-moi des guillemets.
Donne-moi une histoire.
Donne-moi un livre.

Juste un livre.

Pour oublier la poussière des ruines.
Pour panser les plaies.
Pour inventer une autre réalité.

Juste des pages et des mots.

En place des maux.
« Un mémorial de mots, sans-domicile-fixe, pour la génération d'après. »
En place des tombes, des barbelés.

Des livres, s'il te plaît, juste un livre.

Pour rester humains. Dignes. Vivants. Nourris. Éclairés.

Quoi de plus beau qu'une bibliothèque au milieu de la guerre.
Comme une fleur sur les tombes.

« Une mélodie de mots contre le diktat des bombes. »

Donne moi l'histoire de Daraya, de la Syrie, du Battaclan, de Nices, de Bruxelles, de Manchester, de Liège, pour que le verbe s'offre à la mémoire, pour que le mot conjure l'obscurantisme, donne-moi l'histoire, celle de ces mots qui tiennent la main à la vérité, celle qui élève les mains contre l'absurdité.
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Les passeurs de livres de Daraya-une bibliothèque secrète en Syrie - Delphine Minoui - Edition Points - lu en janvier 2019.

Présentation de l'auteure : "Delphine Minoui , grand reporter au Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. Prix Albert-Londres 2006 pour ses reportages en Iran et Irak, elle sillonne le monde arabo-musulman depuis 20 ans. Après Téhéran, Beyrouth et le Caire, elle vit aujourd'hui à Istanbul, où elle continue à suivre de près l'actualité syrienne. Elle a écrit : Pintades à Téhéran, Moi, Nojoud, dix ans, divorcée et Je vous écris de Téhéran".

D'Istanbul, Delphine Minoui découvre sur" Facebook, la
page "Humans of Syria" sur laquelle elle voit une photo d'un collectif de jeunes photographes syriens. Sous la photo, une légende évoquant une bibliothèque secrète à Daraya.
Daraya la rebelle, Daraya l'assiégée, Daraya l'affamée."

"Banlieue de Damas, un des berceaux du soulèvement pacifique de 2011, le Printemps Arabe, est bombardée par les forces de Bachar-al-Assad depuis 2012".

Après maintes recherches, Delphine finit par trouver la trace d'Ahmad Moudjahed, auteur et co-fondateur de cette fameuse bibliothèque secrète. Commencent alors de multiples échanges qui dureront plusieurs années via Whats App et Skype quand ça fonctionne. Au tout début de leurs échanges, elle lui dit : " J'aimerais écrire un livre sur la bibliothèque de Daraya". Elle n'entend qu'un grand bruit sourd, une bombe sans doute, et puis, enfin, la voix d'Ahmad : "Al ahlan wa Sahlan !" (Bienvenue).

Delphine apprend ainsi que quelques jeunes syriens Ahmad, Shadi, Hussam, Omar... , ils sont une quarantaine, avec comme mentor, un professeur, Ustez, vétéran de la désobéissance civile de Daraya, découvrent dans les ruines des maisons, des milliers de livres et décident de créer une bibliothèque secrète pour les mettre à l'abri, ayant pour objectif de remonter le moral d'une maigre population (il ne restait plus que 12.500 habitants à Daraya, les autres ayant fui ou étant morts) qui n'avait plus que la mort comme espoir.
Le temps passe, Delphine recueille sans cesse les nouvelles au jour le jour quand c'est possible, elle est leur messagère fidèle au poste.

Le 14 juillet 2016, le Conseil local de Daraya adresse au Président François Hollande un appel de détresse lancé à la face du monde, mais François Hollande a d'autres soucis et pas des moindres, un camion-bélier vient de foncer à travers la foule à Nice, 86 morts et beaucoup de blessés. Un an plus tôt, il y a eu l'attentat de Charlie Hebdo le vendredi 13 novembre 2015 "Qui ne serait pas ému à la lecture d'une telle lettre?
Ahmad vit sous une pluie de bombes. Il a perdu tant d'amis, n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. A Daraya, son quotidien est une montagne d'urgences. Il a pris le temps pourtant de rédiger ce message, de partager sa compassion.
Un terroriste ne s'excuse pas.
Un terroriste ne pleure pas les morts.
Un terroriste ne cite pas Amélie Poulain et Victor Hugo."
(pge 61/62)

Ces jeunes syriens ne sont pas des terroristes.

Un livre de 165 pages, on pourrait dire qu'il n'est pas gros, mais quel document, quelle découverte, quel témoignage, j'en suis renversée.

Une histoire de résistance, une bouffée d'air pur dans cette cave où "vit" une bibliothèque clandestine, un lieu de rencontres, un lieu de paix relative. Un livre écrit avec un ton juste, avec beaucoup d'empathie, c'est un livre à la fois tellement poignant et tellement porteur d'espoir dans lequel Delphine Minoui, au travers de ses échanges avec ces jeunes syriens a récolté les éléments qui lui ont permis de coucher sur papier cette incroyable et pourtant véridique histoire sur fond de guerre.
Comme bien d'autres que j'ai lus, je constate le pouvoir des livres passeurs de mémoire dans ce que l'humain a de pire et de meilleur. J'ai été profondément remuée à sa lecture, j'ai découvert une ville assaillie, j'ai découvert des jeunes pacifistes qui par leur seule volonté et bravant les interdits ont pu apporter un peu d'humanité aux habitants de Daraya.
François Busnel de la Grande Librairie a écrit : UNE ARME D'INSTRUCTION MASSIVE.
A coup sûr, un énorme coup de coeur pour moi, à lire.
Absolument.



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Ce que j'ai ressenti:… Un Fulgurant Coup de Coeur…

Je n'entends rien en politique internationale, en conflits mondiaux, et en stratégies planétaires, mais j'ai entendu comme un murmure dans le chaos, un message de paix et d'espoir qui s'est élevé au dessus du bruit des bombes, qui a réussi à passer entre les barils d'explosifs, qui s'est envolé plus haut qu'une attaque au napalm…Ce murmure, il vient de Syrie, et il avait le doux son des pages qui se tournent, la force des mots qui apaisent, le pouvoir de la liberté de penser, la magie d'un livre ouvert…

Quand j'ai lu ce passage, j'ai senti comme un déchirement…(et ce n'était que la page 12…).

« Des heures durant, il évoque en détail ce projet de sauvetage du patrimoine culturel, né sur les cendres d'une cité insoumise. Puis il me parle des bombardements incessants. Des ventres qui se vident. Des soupes de feuilles pour conjurer la faim. Et de toutes ses lectures effrénées pour se nourrir l'esprit. Face aux bombes, la bibliothèque est leur forteresse dérobée. Les livres, leurs armes d'instruction massive. »

Je suis admirative qu'un tel témoignage ait pu franchir les frontières, la barbarie, l'intolérable…Ce n'est pas une lecture comme les autres, elle est de loin la plus difficile que j'ai pu lire, et pourtant, c'est un coup de coeur violent et nécessaire qui m'a bouleversée plus que ce que je pouvais imaginer…C'est avec une grande émotion que j'écris ce retour de lecture…Malgré l'état de siège asphyxiant, un petit groupe d'hommes décident de privilégier l'amour de la littérature, l'amour des mots, l'amour de la poésie comme un souffle d'espoir… C'était tellement désespéré, désintéressé et fondamentalement altruiste que cet élan vous chavire au plus profond…Au delà des larmes que tu verses au fil des pages, il te vient un respect serein qui t'unit à cette incroyable bibliothèque, petite bulle pacifiste cachée sous les décombres…

"Le livre ne domine pas. Il donne. Il ne castre pas. Il épanouit. "

S'il y a des passeurs de livres à Daraya, nous pouvons bien nous, lecteurs et blogueurs, faire passer aussi ce témoignage d'une force et d'une luminosité éblouissante…A vous, maintenant, de faire passer…Pour ma part, c'est fait, et je m'en vais lire encore une fois, L'alchimiste de Paulo Coelho et le petit Prince de Antoine de Saint-Exupéry mais découvrir aussi La coquille de Moustapha Khalifé puisque ce sont ceux là, qui ont été leur port d'attache au milieu de cet océan déchaîné de violence…Ceux là, et tous les autres, qui les ont tenu debout, et plus fort contre la haine…

"Lire pour s'évader. Lire pour se retrouver. Lire pour exister…"




Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Il est des livres qui me donnent de l'espoir ; de ces livres qui font que je crois en la force de mes frères humains, et en la mienne, par voie de conséquence.
"Les passeurs de livres de Daraya " en fait incontestablement partie. Daraya ! Cette ville qu'exècre Bachar al Hassad. Daraya sa bête noire. Daraya qui ose lui tenir tête et qu'il entend bien mater, quitte à avoir recours à l'impensable ...
Omar, Hussam, Shadi, Hammad et bien d'autres, sont autant de jeunes étudiants syriens, qui au péril de leur vie, défient ce régime dictatorial. Par la voix de Delphine Minoui, Ils nous racontent l'indicible. Nous dépeignent leur quotidien dans une ville en état de siège, dans une ville qui ne vit plus qu'au rythme des bombardements et des attaques au gaz chimique.
La mort y est omniprésente. Elle rode et fauche à tour de bras une population affamée, moribonde, car même les organisations humanitaires ne sont plus autorisées à intervenir. Alors, dans ce redoutable bras de fer, elle déploie la plus farouche des forces, celle du désespoir. C'est ainsi qu'une bibliothèque souterraine verra le jour à Daraya, et dans ces centaines de livres récupérés sous les décombres, elle puisera la force de vivre. Vivre malgré tout... se perdra dans des écrits qui soutiendront ses espoirs, et ne feront qu'attiser ses rêves de démocratie. Ce livre est une ode à la vie, une ode à la lecture, cette petite fenêtre ouverte sur le monde que Shadi, Hammad, Hussam, Omar et leurs compagnons auront poussée, et qui les aura pétri de la rage de vivre, les aura pétri de la certitude que la vie, quelle qu'elle soit, est un miracle auquel nous nous devons de nous accrocher.
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A Daraya, les jeunes résistants anti-Assad sont souvent des étudiants ou des fils de paysans devenus par la force des choses des passeurs d'informations, journalistes improvisés médiateurs d'une information inaccessible aux reporters étrangers. Ils sont aussi des passeurs de culture : Ahmad et ses compagnons ont décidé, eux qui lisaient peu avant la guerre, de sauver les livres, convaincus qu'ils sont les garants de la liberté. Ainsi, au fond du trou noir de Daraya — une ville à l'agonie — la bibliothèque clandestine encerclée par les ruines est devenue le sanctuaire de la réflexion, de l'intelligence et de la liberté.

C'est ce que raconte avec empathie et sensibilité la journaliste franco-iranienne, Delphine Minoui, en contact régulier depuis Istanbul, pendant quatre ans via internet, avec des jeunes opposants au président syrien, Bachar el Assad. Comme elle, on ne peut qu'être touché par l'énergie, la fraîcheur, la volonté d'aller de l'avant de ces jeunes gens en danger de mort permanent. Parce qu'elle passe par les livres, refusant de répondre à la violence par la violence, et repousse toute tentative d'embrigadement politique ou religieux, cette résistance exemplaire est une célébration de la vie, à découvrir.

" Nuit et jour, ces jeunes côtoient la mort. La plupart d'entre eux ont tout perdu : leur demeure, leurs amis, leurs parents. Au milieu du fracas, ils s'accrochent aux livres comme on s'accroche à la vie. Avec l'espoir de meilleurs lendemains. Portés par leur soif de culture, ils sont les discrets artisans d'un idéal démocratique. Un idéal en gestation, qui brave la tyrannie du régime. "

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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C'est un comble de se retrouver démuni de mots pour rendre hommage à ce magnifique (bien que bouleversant et terrifiant) récit où justement, les mots ont été salvateurs pour ces héros qui ont vécu dans l'enfer de la guerre syrienne. Je suis souvent dépassée par le conflit syrien et n'y entend pas grand-chose mais il est vrai que nous ne pouvons pas ne pas entendre, si ce n'est comprendre. J'ai entendu et à travers ce récit extraordinaire, a peut-être un peu mieux compris. du moins, ce qu'en ai retenu est que les livres peuvent être une véritable arme d'auto-défense, un moyen pour ne pas se laisser embrigader et pour ne pas tomber dans la déshumanisation que certains états autoritaires veulent assigner à tout un peuple. C'est le cas ici d'Ahmad, de Shadi, Hussam, Abou Malek et d'Ustez (surnommé "le professeur" et de tous leurs compatriotes syriens opposé au régime de Bachar Al-Assad qui ont osé bravé l'interdit, en refusant de se plier aux règles et qui, pendant le siège de 2012 2016 ont constitué une petite bibliothèque au sein de la ville de Daraya. J'avoue à ma grande honte que jusqu'alors j'ignorais où se situait cette ville et n'en n'avais même jamais entendu parler mais à travers les témoignages des protagonistes considérés comme rebelles car non soumis à la dictature, admirablement retranscrits par Delphine Minoui, je les ai vus, imaginés, ai entendu les résonances des bombes avec eux avec en arrière fond la mélodie d'Amélie Poulain avec pour seuls sauveurs tous ces ouvrages récupérés dans des habitations en ruines. Certes, je n'ai pas pu me mettre à leur place (je crois que cela est impossible à moins de l'avoir vécu soi-même) mais j'ai pu comprendre leur lutte pacifiste à travers les mots et le fait de faire découvrir ces derniers à leurs frères syriens.

Un résistance non pas par l'écriture mais par la lecture, avec pour seules armes non pas des kalachnikovs mais des morceaux de papiers, parfois reconstitués, téléchargés ou alors réimprimés. Je ne m'étendrai pas plus sur ce conflit, n'y entendant rien sans pour autant y être insensible (loin de là) mais je loue la bravoure de ces hommes qui ont refusé de sombrer dans l'horreur en répondant à la violence par la violence mais par la culture et l'instruction à travers la lecture. Un roman d'espoir, de paix tant espérée qui m'a fait me sentir toute petite, moi qui vit dans un monde où je n'ai jamais manqué de rien ! Une lecture déchirante, qui vous met une boule au ventre et pourtant, il ne faut pas nous voiler la face et encore moins fermer les yeux lorsqu'un tel livre nous est proposé. Au contraire, il faut non seulement le lire mais inciter d'autres à en faire autant et c'est ce que je voudrais vous dire en terminant cette "critique" : lisez "Les passeurs de livres de Daraya - Une bibliothèque secrète en Syrie" !
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j'ai fini ce livre le 13 mars 2019 mais ne vais écrire ma critique sur celui-ci qu'aujourd'hui. Enfin je vais plutôt essayer car trouver les mots pour écrire celle-ci n'est pas chose aisée.

Il est rare qu'un livre me laisse des traces émotionnelles si forte mêmes 2 mois après sa lecture, le simple fait d'écrire cette critique me donne la chair de poule ainsi qu'un sentiment de tristesse, il n'est pas rare que quand j'ouvre un livre je pense à eux, à ses jeunes Syriens, et à leur incroyable, pleine d'espoir mais aussi terrible et bouleversante histoire.

Terrible, oui la guerre l'est, ce siège de la ville de Daraya fut terrible emportant destruction, famine et mort. L'être humain est terrible. Cependant l'histoire de ces fantastiques jeunes syriens montre que même au coeur de l'horreur, au coeur d'une ville en ruine bombardée par une pluie constante de bombe, ou la mort repose à tout instant sur chaque tête telle une épée de Damoclès peut être présent l'espoir. L'espoir de toute une génération qui transparaît ici par les livres, les mots porteurs de tant de sens et de mémoire. L'espoir que leur parole ne soit pas veine et qu'elle soit entendu par tous, l'espoir qu'ainsi ne soit pas perdue leur histoire, l'histoire de leur ville et de leur pays ainsi que leur culture. l'espoir que leur message pacifique portant la parole et le livre comme moyen de résistance ait pour conséquence pour eux et leur pays un avenir meilleur.

Leur histoire est incroyable, je pense que le travail de Delphine Minoui l'est aussi, chaque mot est ici à sa place et les phrases percutantes. Ce livre restera je pense ma lecture la plus marquante de l'année.

« Face aux destructions infligées par les bombes, ils n'ont pas seulement sauvé des livres. Ils ont bâti des mots. Érigé des syntaxes. Jour et nuit, ils n'ont jamais cessé de croire en la vertu de la parole. À son invincibilité. Ils ont rompu le silence, relancé le récit. Construit un langage de paix. Avec leurs ouvrages, leurs slogans, leurs revues, leurs graffitis et leurs créations littéraires, ils ont résisté jusqu'au bout à la métrique militaire, inventé une autre cadence que celle des coups de canon. La laideur de la guerre surpassée par le verbe. Un mémorial de mots, sans domicile fixe, pour la génération d'après. »

PS : Je tiens à vous remercier, amis babelionautes qui m'ont permis de découvrir ce roman, sans lesquels je serais passé à côté ne lisant en général que de la fiction.
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Récit bouleversant. Cette passion que nous partageons au fil de nos billets, avec des motivations diverses, devient ici une raison de vivre, une arme de lutte, un combat contre le fanatisme et la folie et un remède au désespoir. Et la guerre, qui nous est exposée entre les statistiques de la croissance, les modalités du prélèvement des impôts à la source, et la température de l'eau sur les côtes, sur le même ton, (et ça c'est quand on daigne nous en parler), devient ici, par le biais des liens aléatoires que maintient l'auteur avec les héros qui arpentent les ruines de Daraya, la cité immolée une terrible réalité, si proche, si intense.

Le moindre ouvrage récupéré dans les décombres est un précieux trésor. Pas de débat ni de bagarre pour prôner ou rejeter l'utilisation du numérique : c'est une façon de récupérer des livres et de les ré-imprimer si besoin, lorsque de lecteur en lecteur, les pages déclarent forfait. Malgré la faim, la peur, l'omniprésence de la mort, le petit groupe survit, la bibliothèque devient le dernier refuge contre l'absurdité de la mégalomanie au pouvoir. On pense bien sûr, et Delphine Minoui y fait allusion , à Farenheit 451.

Quelle émotion de savoir que même au combat , les livres accompagnent Omar, une sélection méticuleuse pour ne jamais perdre de vue cette fenêtre sur la liberté.
Et le partage, l'éducation, les débats, sous les gravats, dans cette ville réduite à l'état de souricière, quel courage!

C'est aussi la honte, que les appels au secours à ceux qui détiennent le pouvoir, sans doute plus préoccupés à l'époque de mettre en place la campagne électorale, restent sans réponse, laissant les choses se faire sans même manifester le moindre soutien.

Et la tristesse aussi de voir bafouer les tentatives d'assistance humanitaires, aussi grotesques soient-elle dans leur inadaptation (du shampooing quand on manque de pain?).

C'est un récit qui marque, qui laisse des traces, par la gravité du sujet mais aussi par la grâce de l'écriture de Delphine Minoui, qui tisse entre le lecteur à l'abri des bombes ou du napalm, et ces survivants qui se réconfortent en tournant des pages, un lien puissant.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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En lisant ce livre, je me suis rendue-compte de la chance que nous avions de vivre dans un pays ou la littérature est un droit et une liberté, un pays où nous pouvons entrer dans la librairie ou la bibliothèque de notre choix pour nous procurer l'ouvrage de notre choix.

Nous ne sommes malheureusement pas tous égaux face à la littérature. Dans certains pays, lire peut être dangereux.
Dans ce documentaire bouleversant, Delphine Minoui nous parle du courage de quelques hommes qui ont osé défier le régime de Bachar Al-Assad en récupérant des livres dans les ruines des maisons pour créer une bibliothèque souterraine ouverte à tous.
Daraya, dans la banlieue de Damas est une ville assiégée, pillée, détruite par les bombardements et les attaques chimiques où les habitants peinent à trouver les denrées de première nécessité.
C'est au milieu du chaos que quelques hommes jeunes, la vingtaine, se sont donnés pour mission de sortir des décombres, des immeubles ensevelis sous les bombes, des milliers de livres. Une bibliothèque clandestine située au sous-sol d'un immeuble voit le jour dans une ville en ruine, aux confins du Proche-Orient, dans une région dévastée. La littérature va leur permettre d'épancher leur soif de liberté et de savoir dans un environnement chaotique rythmé au son des bombes qui s'abattent quotidiennement sur la ville

Delphine Minoui garde le contact avec ses hommes grâce à skype, WhatsApp et facebook.
Ce qui frappe dans ces témoignages c'est la maturité des interlocuteurs, qui ont la vingtaine et pourtant portent en eux une certaine gravité. Ils ont fait le choix sciemment de ne pas déserter, de rester à Daraya et de la défendre malgré le déséquilibre des forces en présence.
Privé de tout, les livres deviennent leur refuge. Outre une promesse d'évasion, la littérature leur donne la force de tenir.
Sous la plume de Delphine Minoui on découvre une ville qui n'a jamais cédé aux sirènes du terrorisme et de l'islamisme radical. Une ville qui a résisté durant quatre ans par la seule force vitale de ses habitants habités par une volonté de fer.
Une lecture douloureuse mais ô combien nécessaire pour mesurer notre bonheur.
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Daraya,

Sur la carte de ton pays lointain,
Loin de notre monde aveuglé,
Entre oasis et désert,
J'écris ton nom.

Sur les larmes rougeoyantes du ciel,
Que seules les bombes embrassent,
De l'aube au crépuscule,
J'écris ton nom.

Sur les murs encore debouts de ta cité,
Derniers remparts contre l'ignorance,
Fiers, dressés vers le ciel,
J'écris ton nom.

Sur les décombres qui les jonchent,
Sur les peines de ta terre,
Sur le sang de tes filles et fils,
J'écris ton nom.

Sur les grains de poussière des étagères
De ta bibliothèque secrète,
Au bout de ce souterrain clandestin,
J'écris ton nom.

Sur les manuscrits interdits,
Sur les parchemins et les pamphlets,
Sur les livres qui réconfortent,
J'écris ton nom.

Entre les mots, contre la censure,
Dans les éclats de phrases,
A l'encre de sang et de pleurs,
J'écris ton nom.

Sur de nouvelles pages vierges,
Pour réécrire l'histoire,
Ne jamais oublier,
Refuser la pensée unique,
Réveiller les consciences,
Pour ce droit universel de liberté,
J'écris ton nom.

Pour tous ces printemps qui fleurissent.
Égypte. Tunisie. Syrie.

Pour tous ces passeurs de livres.
Pour Ahmad, Shade, Ustez,
Hussam et tous les autres.

Pour toutes ces bibliothèques détruites,
Pour tous ces livres oubliés dans les flammes de la propagande,
Pour Bagdad, Sarajevo, Berlin...
Pour Beyrouth et Ramallah.
Pour toi, Daraya.

Inch'Allah.

J'écris ton nom.

Espoir...



(A la mémoire d'Omar.)


inspiré de liberté, poème de Paul Eluard, dans son recueil clandestin Poésie et Vérité, 1942.

- - -

Un cliché. Juste un cliché.
Celui de deux jeunes syriens. Dans une bibliothèque secrète. A Daraya.

https://observers.france24.com/fr/20151002-syrie-bibliotheque-daraya-bombardements-livres

Le point de départ du témoignage de ces passeurs de livres, ces jeunes syriens qui, au péril de leurs vies, exhumeront des milliers d'ouvrages des décombres et mettront sur pied une université clandestine sous les décombres de l'enclave de Daraya, leur espace de transgression contre la propagande du régime de Damas.

Un témoignage brut, direct, que Delphine Minoui, grand reporter et spécialiste du Moyen-Orient, retranscrit avec force et émotions, sans fioriture mais avec la volonté de ne rien laisser tomber dans l'oubli, pour que l'espoir persiste toujours.
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