Le purgatoire était vide. Le diable avait déserté.
Sous les cendres chaudes, mêmes les enfers avaient cessé de flamboyer…
Les médias parlaient de ces deux pièces-là, rares, que possédait le peintre au coeur même de sa demeure, comme les oeuvres majeures du peintre français, comme les deux pièces qui, toujours selon la presse, étaient estimées à plusieurs dizaines de millions de dollars. Même sa demeure qui longeait Mulholland Drive, le long des Hollywood Hills, ne valait pas le tiers de ce que représentait la valeur des colossales toiles de son salon.
Seules, suspendues sur les murs du salon, deux toiles pharaoniques de quatre mètres par trois se faisaient face sur les gigantesques murs qui s´opposaient. Sur les toiles, un style abstrait s´étalait dans une monochromie sauvage, un chevauchement de teintes rouges qui se déroulaient sur l´ensemble de la surface blanche ; des carnations rouges qui se déclinaient en de nombreuses nuances, des tonalités plurielles qui s´étageaient jusqu´au noir.
Vous les flics, chaque fois que l’un de vous dérape, le sujet devient sensible, tabou, pire que la lèpre… mais parfois, révéler la noirceur de l’âme de certains individus peut permettre à d’autres d’exorciser leurs propres démons…
Du rouge, foncé et clair, du brun, du bordeaux, du marron foncé, marron clair, presque havane... tout le feu d´artifice d´un ensemble de pigments explosait là, sur les douze mètres carrés qui surplombaient les deux hommes.
Entouré par le mal, éduqué par le mal, nourri par la main du diable ; tout le tracé de sa vie se résumait au fait qu'il n'avait jamais rien connu d'autre que la violence, le sang, la solitude et la vengeance...
De la naissance au trépas, de l'aube au crépuscule de notre vie, notre chemin restait pourtant le même ;
naître, vivre, aimer, mourir.
Sommes-nous maître de nos instincts primaires ?