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Citations sur Riz noir (17)

Aujourd'hui, il me reste à récupérer mon âme errante. Si vous la rencontrez, dites-lui que mon corps est intact. quelques plaies suppurent encore, mais j'ai le temps.
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Je n'aime que la poésie, comme Lê Quy Dôn, qui composait au XVIIIe siècle ses poèmes à la lumière d'un bocal de lucioles. (page 111).
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Quand je revois Tao, elle est ligotée sur une planche oblique, la tête en bas, ses pieds nus écorchés par la corde. Dans sa bouche est enfoncé un linge sale roulé en boule. J’ai reconnu d’abord la robe, et le jupon frémissant sous le ligotage. Elle m’a regardée et j’ai vu ses yeux très beaux et très vivants, couleur d’abîme.
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S'il en est pour apprécier la beauté de la guerre et de ses grésillements d'acier et de feu, je n'en fais pas partie. Je suis complice de ceux qui guettent obstinément les éclats rougeoyants des fourmis géantes sur le tronc des noyers de cajou ou les lents déplacements des nuages transpercés d'orages.
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L'étroite sente aboutit à un terre-plein, longé par une rivière. Le jour a commencé à baisser. La fumée de l'incinération prolifère en torsades toujours plus épaisses et plus noires contre le ciel orangé.
Je me suis assise sur l'herbe, tournant le dos aux volutes tourbillonnantes. Les traînées sonores d'un gong frappé quelque part au loin percutent la surface de l'eau. Le bruit ricoche puis s'étale, suivit d'une autre secousse, et d'une autre encore. Un rappel, puis un autre rappel, et un rappel encore, de quelque chose d'essentiel, mais je ne sais pas de quoi. Je reste et j’attends.
La lumière défaille à chaque coup de gong, Puis elle cède par endroits à la pénombre. Un frémissement rompt à peine le silence. Plus qu'un bruit, une migration imperceptible dans le ciel. Je lève les yeux et je les aperçois, les oiseaux blancs déployés de toute leur envergure. A l'approche de l'eau, les oiseaux planent, leurs ailes immobiles jetant des ombres en forme d'origami sur l'eau calme. Des grues à tête rouge, Grus antigone, une espèce en voie de disparition. Les pointes de leurs ailes effleurent à peine mes épaules, avant de se rabattre, sur l'autre rive, lieu de leur halte nocturne. Indifférentes au gong, les grues affluent, reparties sur les deux branches imaginaires d'un "V".
Je reste en quête d'un message de délivrance, mais rien ne vient.
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"Vous voyez les filles... Il faut toujours aller chercher la différence. Soyez différentes, ne vous conformez pas, méprisez le confucianisme, allez le plus loin possible".
Aucun homme n'est présent pour nous rappeler les dogmes de Confucius, le philosophe pour qui l'absence de talent, chez une femme, est synonyme de vertu. Personne à qui vouer le culte de l'obéissance et de la hiérarchie. Nous sommes trois femmes aussi maîtresses que possibles de notre existence.
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S'il en est pour apprécier la beauté de la guerre et les grésillements d'acier et de feu, je n'en fais pas partie. Je suis complice de ceux qui guettent obstinément les éclats rougeoyants des fourmis géantes sur le tronc des noyers de cajou ou les lents déplacements des nuages transpercés d'orages.
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[...] ... Vers midi, une voiture bleu clair, de marque américaine, débouche lentement sur le carrefour. Elle a accompli un long périple depuis Huê, où s'est effectué le départ dès l'aube. Le conducteur, un bonze, immobilise son véhicule, ouvre la portière, soulève le capot. La foule s'écarte. L'apparition de cette voiture américaine au capot relevé a quelque chose d'inquiétant. Ses passagers en descendent, tous revêtus de la toge safran. L'un d'eux, le plus âgé, s'avance lentement jusqu'au milieu du carrefour. Un disciple dépose sur le macadam en fusion un mince coussin sur lequel le premier s'assied dans la position du lotus, tenant dans sa main gauche un chapelet de prière. Il s'appelle Thich Quang Duc, il a soixante-six ans et il pratique des retraites zen dans les montagnes de Nha Trang à la recherche de l'illumination. Il en est sorti pour venir s'asseoir au milieu d'un carrefour, à Saïgon, un jour de juin 1963, à l'heure où le bitume se liquéfie.

Sur un imperceptible signe de sa tête, des gestes tragiques s'enchaînent inexorablement. Le deuxième disciple débouche le bouchon d'un jerrican d'essence et, sans attendre d'autre signaux, en déverse le contenu sur la tête rasée du Vénérable Thich Quang Duc. L'essence glisse rapidement sur le crâne, gicle, imprègne la robe safran. Ensuite, tout se passe très, très vite. D'une main, Thich Quang Duc continue à égrener le chapelet de prière, et de l'autre, il craque une allumette qui met immédiatement le feu à sa robe de moine. Le vent embrase les pans drapés, les bras nus, les doigts osseux, les perles de bois.

Le troisième disciple marche le long du cordon de spectateurs tout en clamant dans un mégaphone : "Un bonze brûle à mort !" La phrase, répétée inlassablement, couvre à peine les pleurs des femmes et les échos sourds du gong de Xa Loi. Un cinéaste filme. Des appareils photo crépitent.

Le vent courbe les flammes et, par éclipses, le visage est dégagé. Thich Quang Duc reste immobile, dans la position du lotus, les mains posées sur ses pieds repliés. A l'exception de quelques infimes frémissements autour de sa bouche, son corps est aussi figé et serein que le brasier est séditieux. ... [...]
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[...] ... Le Café du Souvenir était un café-cimetière. Il se signalait par des lampions en papier blanc. Le portail s'ouvrait sur des tombeaux anciens couverts d'une mousse légère qui ne cachait pas tout-à-fait les sculptures diaboliques des stèles. Ils occupaient tout le devant du café. Il y avait juste la place, sur le côté gauche, pour les quelques mobylettes des clients. Le gardien du cimetière - ou du café - distribuait des tickets de parking. Autrefois, les tombeaux étaient simplement prolongés d'un terrain en friche, réservé sans doute aux morts à venir. Puis, par quelque hasard du destin, le terrain avait été vendu avec ses stèles et ses cadavres enterrés. Les propriétaires, demeurant à l'étranger, avaient incorporé dans l'acte de vente une clause faisant de l'entretien des tombes une obligation sacrée. Les tenanciers du Café du Souvenir la respectaient scrupuleusement tout en aménageant le terrain vague en deux loggias symétriques le long d'une allée centrale bordée de bananiers nains. De chaque côté de l'allée, des auvents abritaient plusieurs petites tables en bois, et les murs étaient décorés de poèmes calligraphiés à l'encre de Chine. ... [...]
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"Il n'y a pas d'homme pour vous protéger, alors il faut apprendre l'autodéfense " a dit ma mère en nous inscrivant au cours de judo de la pagode Phap Hoa.
Si Van ne prêche pas l'obéissance et l'ordre confucéens, certaines de ces décisions sont irrévocables et ne prêtent pas à la discussion. Pour contrer d'éventuelles objections, elle ajoute :
"le judo n'est pas un sport de combat mais de défense."

p. 74
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