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Citations sur Une simple lettre d'amour (123)

J’aimerais tellement que ma solitude trouve le courage de ne plus s’encombrer de la tienne.
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Réflexion faite, je ne te connais pas. Quand je te tiens la main, je ne sais trop quel automate je mets en branle, quel mécanisme je déclenche, à quelle poupée de chiffe je donne vie. Dans l’ennui, dans la joie, tu restes pour moi une inconnue ; notre amour, un malentendu. J’ai la sensation, permanente, de t’inventer, de t’exagérer, de faire jaillir de toi une substance qui ne possède aucune commune molécule avec toi. En réalité, je me suis laissé abuser par ton aspect physique, par tes atours, par ce que ton aspect extérieur est susceptible de proposer aux sens (mais si ta prestance est indéniable, tes prestations sont plutôt misérables).
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Je m’apercevais tout de suite si une femme était toi ou pas. J’avais un truc : une écrasante majorité des femmes, dans l’univers, n’étaient pas toi.
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Ce qui est exténuant, ce n’est pas que le pire soit toujours sûr, mais que le meilleur soit toujours incertain. On s’entendrait mieux sur une descente aux enfers en bonne et due forme, réservant une fois pour toutes son fauteuil à l’académie des frayeurs, que sur le survol inlassablement ajourné des banlieues du paradis. Ce n’est pas le malheur qui nous ronge, mais le bonheur, qui ne cesse pas de ne jamais arriver.
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L’amour, c’est de l’infini qui se rétracte. Des asymptotes qui se recroquevillent. Des parallèles qui finissent par se croiser. Je constate que tout ce que l’on jette, comme mots, après l’expression « l’amour c’est » fonctionne très bien ; tout y excelle et son contraire. « L’amour c’est » permet toutes les aberrations : la bêtise et l’intelligence s’y confondent, tout s’y abrutit. Tout le monde est Chamfort et Cioran quand il parle d’amour – c’est très pratique. Je suis un génie par conséquent. Dès que je changerai de sujet, ce génie cessera ; je pourrai retourner chanter sous la pluie, collectionner les voitures de sport, manger des chips, m’intéresser à du foot, me consacrer aux jeux vidéo.
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L’événement est toujours victorieux du monde. Il trahit les prévisions, assassine les théories. La réalité ne lui résiste jamais. Il a raison, il règne : car il a eu lieu. Et tout ce qui n’a pas eu lieu se tait devant sa prééminence. Tout ce qui a failli avoir lieu cède la place, honteux, rampant, se faisant tout petit. L’événement écrase soudain les hommes de son évidence. En une fraction de seconde, l’événement nous impose ses conditions. Il était impensable, le voici irréversible. Et le voici définitif – et le voici vainqueur de tout. Cet imposteur vient d’arracher d’un seul coup, et à jamais, toute la légitimité disponible dans l’univers. Quand il est désastre, il est irréparable. Quand il est inimaginable, il a lieu quand même.
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L’horreur, c’était une fois la séance terminée. Comblé, vidé, il fallait composer avec la part restante de toi, la part non sexuelle, non charnelle, non corporelle, non sensuelle, cette part restante qui non seulement ne donne pas de plaisir, mais crée des problèmes, cette part qui possède des rêves, revendique des goûts, recèle des envies, emmagasine des projets, abrite des interrogations et enferme des avis. Prononcés par une poussière, par une marguerite, par une statue, tes propos, tes commentaires, tes remarques m’eussent poussé à la nausée, tellement ce que tu proférais, très vite, m’apparut comme un inutile, un futile, un aberrant caquetage.
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La littérature était étalée sur le parquet ; dans chaque livre que je lisais, que j’essayais de lire, je te cherchais. Toutes les expériences devenaient miennes – je revivais joies et douleurs en empruntant d’autres vies. Je redécouvrais la prose et la poésie à l’aune de cette seule perspective : y retrouver, intacte, notre « histoire d’amour ». Je m’aperçus qu’Ovide, Stendhal, Pétrarque, Racine, Byron, Shakespeare, Baudelaire, Zweig, Aragon, Proust ne me parlaient que de toi. L’écrivain de génie était celui qui te connaissait mieux que moi
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« Je ne suis plus amoureuse de toi. » La phrase avait duré moins de trois secondes ; ce qu’elle provoqua s’étendrait, avais-je stupidement pensé, sur toute ma vie. Prononcée une seule fois dans ta bouche, je savais qu’elle serait appelée à résonner cent mille fois dans ma tête, plus sourde ou plus aiguë, plus dramatique ou plus absurde, à peine émoussée par les années, sans cesse ravivée par le souvenir. Avant d’exister dans ta bouche, désespérément mâchée jusqu’à ce qu’elle perdît en toi son goût neuf, elle existait pourtant au mot près dans tes regards, cette phrase, et au bout de tes doigts qui me serraient moins fort à l’arrière des taxis.
Tes mains, elles aussi, s’étaient tues peu à peu. Elles ne me renseignaient plus, ici par un passage attendri dans mes cheveux, là par une pression excessive sur ma cuisse, sur tes intentions ou tes désirs. C’étaient des mains qui ne voulaient plus rien dire. Des mains mécaniques, faites pour en serrer poliment d’autres ou saisir des objets. Et quand les miennes, demandeuses, fébriles et remplies d’offrandes caressaient ton visage, cherchant à t’arracher l’expression d’un bonheur consenti, c’était la gêne d’un amour non partagé qu’elles récoltaient. Alors elles désapprirent à te chercher dans le noir, elles lâchèrent prise et, jointes, t’implorèrent bientôt de ne pas m’abandonner
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Malédiction des amoureux : ils se ressemblent tous, et ne veulent ressembler à personne. Surtout pas à eux-mêmes. Nous n’avons pas échappé à la règle. Nous nous sommes imaginés seuls au monde (je note aujourd’hui que je me sens plus seul à deux que tout seul ; tout seul je peux profiter de ma propre compagnie, là où ta présence m’en empêchait). Nous nous sommes crus plus différents que tous les gens différents avant nous. Nous avons fait les malins. Nous avons fini par nous persuader, forclos dans une secte bicéphale, d’avoir réinventé l’amour. Mais si infinie que soit, dans cette séraphique discipline, la quantité d’originalité disponible, c’est toujours l’aventure d’une Terre promise qui dégénère en lopin mesquin, c’est le refrain d’une grande perpétuité qui s’achève en petite promiscuité.
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