Tout d'abord un mot sur le titre, le terme de convive de pierre eut mieux convenu.
Dom Juan est avant tout un mythe inspiré par un personnage du 14ème siècle.
Tirso de Molina lui a déjà consacré une pièce, l'Abuseur de Séville, Dorimond également avec le festin de pierre ou le fils criminel, ainsi que d'autres moins connus, et l'on sait que
Molière s'est généralement inspiré d'oeuvres antérieures qu'il s'approprie avec bonheur. Incroyant, se moquant des conventions et séducteur,
Dom Juan est le prototype des libertins.
La pièce aurait aussi pu s'appeler la fin de
Dom Juan, puisqu'il s'agit de sa dernière journée. Journée au cours de laquelle il ne manquera pas de tromper ses interlocuteurs. Il rencontre entre autres son épouse Elvire, qui lui reproche son inconstance, et à laquelle il répond l'avoir quittée par remord de l'avoir détournée du couvent, les paysannes Charlotte et Mathurine qu'il tente de séduire sans avoir le temps de parvenir à ses fins. Il croise ensuite le Paysan, pauvre homme qui vit retiré grâce aux aumônes des personnes pour lesquelles il prie et dont il raille la foi, un créancier qu'il manipule. Puis son père Dom Louis à qui il fait croire qu'enfin il va devenir honnête homme. Jusqu'à l'entrevue avec la statue du Commandeur qu'il défie.
Le personnage du valet Sganarelle, reproche à
Dom Juan sa conduite, sans être lui-même irréprochable. Il est souvent ridicule et la vertu défendue par lui n'a pas grand poids.
Créée après
le Tartuffe dont on sait qu'elle fit scandale, cette pièce pouvait aussi choquer et
Molière ne la fit représenter que quinze jours et ne la publia pas.
Lue dans une édition de Flammarion GF qui éclaire la pièce et le contexte de sa création, ce
Dom Juan est l'occasion de se rapprocher de ce Grand Siècle, qui lui aussi a donné tant de chefs d'oeuvre.