Citations sur Après le jour (12)
Le pire était que, pour une fois, il ne méritait pas son sort. Depuis qu’il était gamin, lorsqu’il subissait un nouvel interrogatoire, il s’entêtait à répéter qu’il n’avait rien fait et, la plupart du temps, mentir lui avait plutôt réussi. Mais pas cette fois-ci. Les explosifs retrouvés dans sa cellule ne lui appartenaient pas.
Impossible de savoir quelle heure il était. Pas moyen de se rendormir. Juste une impression de vide, terrifiante, qui l’avait saisi. Sales et nus, les murs de la cellule s’étaient mis à danser autour de lui comme dans un manège. Ses tempes menaçaient d’exploser à chaque battement de cœur. François tenta malgré tout de se redresser, de s’asseoir dans son lit pour échapper à l’angoisse que le silence venait de convoquer. L’air, chaud et épais, peinait à remplir ses poumons, lui collait à la peau comme un chiffon moite. Une douleur aiguë lui ouvrit le crâne, l’obligea à se rallonger en s’écrasant les paupières de ses paumes.
Sorte de caravane bigarrée, grouillante de vie, qui serpentait de l’entrée de la Sainte-Chapelle à la tour de l’Horloge, puis qui migrait vers Notre-Dame dans un balai incessant. (Il est vrai que certains touristes peu éduqués laissent des saletés derrière eux !)
Duper son esprit plutôt que de le perdre.
Il se concentra pour se rappeler ce qu’il faisait avant de tomber de fatigue ; un détail, un ruissellement, un cafard, un bruit infime qui l’aurait aidé à se repérer. Au lieu de cela, il sentit une bouffée de haine le déborder, réprima un cri qui n’aurait servi à rien d’autre qu’agacer les matons.
Mais en avisant un motard qui trainait derrière leur car, à moitié caché par un poids lourd, il comprit que Lelouedec doutait de lui. Quel intérêt de piloter un deux-roues si c’était pour subir comme les autres les embouteillages.
Impossible de savoir quelle heure il était. Pas moyen de se rendormir. Juste une impression de vide, terrifiante, qui l’avait saisi. Sales et nus, les murs de la cellule s’étaient mis à danser autour de lui comme dans un manège. Ses tempes menaçaient d’exploser à chaque battement de cœur. François tenta malgré tout de se redresser, de s’asseoir dans son lit pour échapper à l’angoisse que le silence venait de convoquer. L’air, chaud et épais, peinait à remplir ses poumons, lui collait à la peau comme un chiffon moite. Une douleur aiguë lui ouvrit le crâne, l’obligea à se rallonger en s’écrasant les paupières de ses paumes. Après des années d’enfermement, l’isolement n’aurait pas dû autant l’affecter, mais ces temps-ci, il s’éveillait sans même se souvenir de l’endroit où il se trouvait. Les neuf derniers mois au quartier d’isolement l’avaient laminé. Un séjour de trop au purgatoire. Il faisait jour, c’était la seule chose dont il était certain.
Calé dans le canapé, sa coupe de champagne à la main, François avait toutes les raisons de se laisser aller, mais il se raidissait au contraire. Dahan était comme une pieuvre. Il se déployait avec lenteur, maniant les promesses et les compliments pour s'enrouler autour de sa proie. Il l'avait vu faire en prison, berçant des matons ou d'autres détenus pour obtenir ce qu'il voulait. Il ressemblait à une sorte de masse informe qui, même lorsqu'elle prenait des coups, se remettait et revenait, insidieusement. Sans autre orgueil que de parvenir à ses fins.
Philippe pensa qu’avant de mettre le dispositif en place, il irait faire une prière pour Emma. Il n’était pas très croyant, désertait la messe depuis très longtemps, mais parfois, il était bon de mettre toutes les chances de son côté.
Le jour déclinait. La traîne d’un nuage qui s’effilochait, ses couleurs mauves, roses et ocre fondues derrière l’horizon, accrocha le regard de François. Au-dessus de Paris, le ciel s’était enflammé et dévorait la ville, s’effondrait en silence dans un brasier gigantesque.