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Critique de HundredDreams


« Chaque image de Magritte est un point de vue qui donne sur le mystère ; le mystère ne donne que sur lui-même. »
Bernard Noël

Voici un roman bien surprenant. Je ne connaissais pas les romans de Nadine Monfils, mais j'avais noté deux romans susceptibles de ma plaire : « le souffleur de nuages » et « le rêve d'un fou ».
Lorsque Babélio m'a proposé la lecture de ce roman policier, je me suis dit que c'était l'occasion rêvée de découvrir l'univers de cette auteure. Mais ce qui a fini de me convaincre est que le personnage principal est René Magritte dont les tableaux m'ont toujours fascinée.
Cette critique ne peut commencer que par des remerciements très sincères à Babelio, aux éditions Laffont et Nadine Monfils pour m'avoir gentiment proposé la lecture de ce roman.
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« Nom d'une pipe ! », petit clin d'oeil au plus célèbre tableau du peintre belge Magritte, est le premier tome d'une série d'enquêtes.
Le peintre se rend dans une brasserie pour boire quelques bières avec ses amis surréalistes lorsqu'il a une étrange vision, celle d'une jeune femme blonde en robe fleurie attendant le tram à côté de son corps. Est-ce son imagination qui lui joue des tours, un rêve prémonitoire ou bien un début de folie ?

« Cette affaire était comme le point de départ d'une nouvelle mission. En dehors de la peinture, il allait désormais mener des enquêtes »

Quelques jours plus tard, une femme répondant à la description de Magritte est retrouvée assassinée.
Il n'en fallait pas plus pour lancer l'artiste et sa femme Georgette sur les traces d'un mystérieux assassin qui sème des poèmes et des bouquets de fleurs. le goût du mystère pour Magritte, la curiosité et la perspicacité de Georgette feront le reste.

L'auteure distille savamment, tout au long de chapitres courts, des indices qui rythment l'enquête. Les chapitres se lisent avec avidité et la fin arrive presque trop vite !
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Nadine Monfils nous entraîne dans une histoire loufoque qui fait du bien au moral. L'auteure a remplacé les descriptions de meurtres et de scènes de crime où rien n'est épargné au lecteur par un humour pince-sans-rire et des dialogues savoureux.
Le style de l'auteure est vraiment agréable, fantasque et très drôle. L'écriture légère et pétillante change des lectures plus sombres que je lis habituellement.

« Madeleine pensa à la chanson d'Arletty : « La femme est faite pour l'homme, comme le pommier pour la pomme… » Tu parles, Quand t'as mangé le meilleur, il ne te reste que le trognon. »
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L'intrigue se déroule à Bruxelles. L'ambiance bruxelloise est très bien rendue, à travers un récit parsemé d'expressions belges. Allusions à Jacques Brel, figure emblématique de la Belgique, nombreuses références à la cuisine et à la bière belges, l'auteure partage son amour pour son pays.

« Pour les Belges, la bière, c'est pas de l'alcool. »
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La très belle idée de Nadine Monfils est de mettre en scène des personnages réels dans une fiction. L'auteur compose un beau portrait de René Magritte qui apparaît authentique par des anecdotes véridiques et des révélations sur son histoire personnelle.
Ainsi, l'auteure nous fait entrer dans l'intimité de ce couple attachant et nous partageons des moments de leur vie quotidienne.
Avec leur Loulou de Poméranie, Magritte et Georgette forment un couple atypique très attachant.
Le duo qu'ils forment est vraiment très réussi. Leurs personnalités se complètent parfaitement et leur complicité est évidente. Georgette, en sacrée pipelette, est une véritable aide pour Magritte.

Les personnages secondaires sont bien campés et sont habités d'une douce folie et parfois même d'une légère vulgarité qui fait sourire.
J'ai adoré les dialogues entre les deux époux et celui très amusant entre Magritte et sa femme de ménage.
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On retrouve de nombreuses références à l'oeuvre de Magritte qui s'intègrent parfaitement à l'intrigue.

« Il s'attaqua à un tableau que plus tard, il intitulerait le Pèlerin. Un homme de face, en costume sombre et cravate rouge, la tête à côté de ses épaules, le chapeau bien à sa place. C'est ainsi qu'il voyait … Un type qui n'avait plus la tête sur ses épaules et qui avait vécu à côté de lui-même sans jamais trouver sa place. Désormais, il ne restait que le costume et le chapeau, sans visage. »

De nombreuses clés permettent ainsi d'entrer dans l'univers surréaliste du peintre et les images qui envahissent l'esprit du lecteur contribuent à la cohérence de l'ensemble.

« Magritte avait eu la révélation que l'art de peindre devait être vaguement magique. »
« Ses peintures étaient ses bulles de rêves. Elles l'emmenaient dans son monde imaginaire, comme le ferait un ballon dirigeable. »

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Cette première découverte de l'auteur est une grande réussite.
J'aime beaucoup lorsque les romans apportent un vrai dépaysement et Nadine Monfils a réussi à me faire voyager et surtout à me faire rire.
La couverture est vraiment très réussie et participe à l'ambiance générale du roman.
L'humour noir, les expressions wallonnes apportent une petite touche d'espièglerie et de fantaisie qui rend l'histoire très sympathique, un véritable remède à la morosité ambiante.

Un deuxième tome vient de sortir et c'est avec beaucoup de plaisir que je le lirai.
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