La vie dont tu rêvais enfant

Ce petit a tendance à abuser de son charme… J’espère qu’il perdra cette mauvaise habitude avant l’âge adulte… Un soleil de dents, songe l’oncle qui ne peut s’empêcher de sourire en retour. Même son oncle est sous le charme… Misère, il va faire des ravages à l’adolescence .

Je me fais du souci pour Lily. Elle se cache dans une carapace agressive, mais je sais que ma petite fille au cœur tendre est dedans. À chaque fois qu’elle me contrarie, je me demande toujours si cette armure est un bien ou un mal. En fait, ce n’est pas la bonne question. Sa carapace, c’est son mode de survie face aux drames qui ont déjà émaillé sa courte vie. Pourvu que sa carapace soit assez solide pour encaisser le mauvais coup qui se prépare...

Pour me contrarier, elle serait d’accord avec le Diable en personne, alors avec une démone… Restons calme…

Les parents, bien sûr, dévorent des yeux leur grand petit garçon et s’assurent qu’il va bien. Je me jette ensuite sur lui, avide de savoir comment il va, s’il est heureux, etc., etc., etc. Bref, le travail d’une grande sœur. En revanche, les filles sont sur la réserve. Elles sont polies - je les ai quand même bien élevées -, mais elles ne sont pas enthousiastes… loin de là .

Elle ne supporte plus la distance toute professionnelle qui les sépare davantage chaque jour.
— Ce serait déjà quelque chose ! Tu es si indifférent, si ridicule avec ton self-control ! J’ai l’impression de vivre avec une marionnette qui ne s’anime que pour plaider !

Qu’est-ce qui a bien pu le séduire douze ans auparavant pour qu’il décide de lier son destin à cette femme ? Elle est certes intelligente, ambitieuse - ce qui lui plaisait -, mais ce qu’il avait pris pour de la détermination est en fait de la froideur et de l’indifférence.

Elle est belle avec ses longs cheveux blonds ondulés et sa silhouette de sylphide, mais elle pourrait être superbe si elle n’avait pas le regard de Caligula.

Je suis sûre que ce genre de femme lui conviendrait mieux que sa harpie sèche et revêche. Pour être belle et riche, Caroline est les deux. En revanche, pour être aimable et ne serait-ce que polie, elle n’a pas pris l’option pour cette vie ! Quelle garce ! Je n’aime pas m’exprimer ainsi, surtout vis-à-vis d’une autre femme, mais il y a toujours des exceptions qui confirment la règle. Caroline est l’exception à ma règle d’être toujours bienveillante envers mon prochain. Bienveillante…

Rose. Ce prénom m’a toujou rs plu. Il y a quelque chose de désuet et de poétique dans ce prénom, bien que la jolie brune pulpeuse en face de moi n’ait rien de désuet… ni de poétique en fait ! Quoique… Malgré sa grande énergie, ses yeux noisette pétillants, Rose est douce et romantique.

C’est un taiseux, papa. Pas un mot. Il passe à côté de moi et pose sa main sur ma tête un court instant. C’est sa façon de parler à papa. Il te montre qu’il t’aime, il ne te le dit pas. Il est grand et sec, son torse étroit recouvert de sa grande écharpe bleu nuit. Il passe devant moi et va chercher le fauteuil. Comme à chaque fois que je m’écroule dans l’entrée, c’est le même rituel qui recommence.