La vie dont tu rêvais enfant

Eux seuls savent que je ne suis pas en rémission. Eux seuls savent que je vais partir. Mes pauvres parents.
Je leur aurai tout fait dans ma vie. Désobéir, ruer dans les brancards, me marier à 18 ans, avoir quatre enfants, devenir veuve et mourir avant eux. Si j’avais pu, je leur aurais épargné cette épreuve. Pour le reste, je ne changerais rien. Ma vie a été parfaite.

Ce petit a tendance à abuser de son charme… J’espère qu’il perdra cette mauvaise habitude avant l’âge adulte… Un soleil de dents, songe l’oncle qui ne peut s’empêcher de sourire en retour. Même son oncle est sous le charme… Misère, il va faire des ravages à l’adolescence !

Je préfère ne pas y penser en réalité. J’étais un avocat réputé et surmené, en couple avec une femme belle, intelligente et méchante, et aujourd’hui, je suis sans emploi, sans compagne, mais j’ai quatre enfants à charge.

Rose… Le prénom procure un électrochoc au frérot. Je ne suis pas loin de penser comme les garçons ! Tu es vraiment nul avec les filles ! Cela fait près de quatre mois que tu ne l’as pas vue et la dernière fois que tu lui as parlé, tu as été odieux !

C’est une histoire qui aurait dû rester secrète, mais garder un secret dans une maison avec quatre enfants est plus difficile que gravir le mont Everest à cloche pied…

Pour ma part, je suis fou amoureux de vous depuis que je vous ai vue à la porte de mon appartement. Je vous ai aimée, je vous aime et, maintenant que la situation s’est un peu éclaircie, je peux enfin me déclarer. Cette tête de pioche d’Arthur l’a su avant moi et il ne comprenait pas pourquoi je ne me jetais pas à vos pieds pour vous dire que vous êtes la plus belle, la plus aimable, la plus attentionnée, la plus intelligente et la plus drôle des femmes. Jusqu’à aujourd’hui, je ne le pouvais pas. J’avais besoin de temps, j’avais besoin de certitude sur mon avenir, sur notre avenir à tous. Maintenant, je suis à vos pieds et j’attends… J’attends que vous me disiez « oui ».

Le tact est une qualité qu’il va te falloir acquérir de toute urgence car elle évite à tes proches de se trouver dans l’embarras, comme moi en ce moment...

Je n’ai jamais compris ce qui pouvait pousser les gens à sortir dans le froid pour courir… Mais, bon, je n’ai jamais été très sportive. Pour ma part, j’ai toujours préféré me caler dans un canapé douillet avec un bon livre et une tasse de thé. À chacun ses loisirs!

L’être humain est complexe, Lily. Nous ressentons tous un même événement de façon différente. Je ne sais pas pourquoi aujourd’hui tu te sens rejetée, mais je ne doute pas que c’est ce que tu ressens et cela m’attriste pour toi, parce que c’est faux. Ta mère te veut bien évidemment dans sa vie, Rose - que je ne connais pas mais à laquelle tu sembles attachée - te veut dans sa vie d’une autre façon et, moi, je te veux dans ma vie.

J’aime cette odeur douce et sucrée de la pâte avant cuisson. Maman avait institué ce petit rituel pour que, chaque année, nous nous préparions à la magie de Noël et, tous les ans depuis lors, je retrouve le plaisir de cette recette réalisée en famille… Même cette année, j’ai trouvé la force de respecter la tradition. Malheureusement, les bonshommes sont restés chez nous dans la boîte à biscuits du salon…