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Critique de Nastasia-B


Théâtre, Montherlant, La Reine Morte... des mots qui peuvent faire peur à celui qui n'est pas tellement adepte des classiques ni du théâtre ni des choses un peu vieilles comme on croit en déceler à chaque fois qu'on entend parler de rois ou de reines de temps révolus et de contrées lointaines.
Je conçois qu'on ne soit pas forcément très sensible au cadre formel contraignant des pièces de théâtre et, ce faisant, qu'on s'avance toujours prudemment sur le terrain parfois lourd ou glissant de la prose si particulière à ce genre. Je conçois qu'on ressente toujours une certaine appréhension quand on se lance dans les bras d'un auteur qui nous est inconnu et dont la réputation forme comme une chape de plomb au-dessus de nos têtes.
Personnellement, je n'avais jamais rien lu De Montherlant avant d'aborder cette pièce et je peux seulement dire qu'elle m'a donné l'envie d'en lire d'autres.
Quelle ne fut pas ma surprise de trouver chez cet écrivain français du XXè des accents dignes de Lope de Vega et des intonations qui ne sont pas sans me rappeler un Shakespeare !
Un beau style, sobre mais travaillé et surtout, un propos, à mon sens, tout aussi philosophique que du Sartre ou du Camus qu'on monte aux nues. (Sans que je sache toujours bien pourquoi, mais ça, c'est une autre histoire.)
Ici, Henry de Montherlant nous emmène à la fois dans un autre pays (le Portugal) et une autre époque (une sorte d'Ancien Régime à la portugaise) afin probablement qu'on ne se focalise que sur le propos qui, lui, est intemporel et universel.
Le vieux roi (Ferrante) aimerait que son fils épousât l'Infante de Navarre pour des raisons politiques, peu importe qu'ils s'aimassent ou non, lui n'ayant aucune illusion, ni sur l'amour, ni sur l'humain en général.
Ce vieux roi désabusé et conscient de toutes formes de bassesses au sein de ses propres rangs est particulièrement attachant malgré les apparences.
Son fils n'a que faire du pouvoir et a bien compris que son bonheur personnel ne passait pas par les exigences du trône, c'est pourquoi il a de longue date préféré une belle bâtarde plutôt que l'Infante d'un quelconque royaume, aussi mirifique et bon pour le Portugal soit-il.
Évidemment, c'est un revers pour la politique royale, pour l'Infante bafouée et la vie de la dulcinée du Prince ne tient plus alors qu'à un fil, sachant que les conseillers du roi, qui eux n'ont aucun intérêt dans le bonheur du prince mais par contre en ont probablement dans les alliances intéressées poussent à la roue pour évincer la belle roturière...
Intérêt général contre intérêt personnel, que dit votre âme ?
En somme, une bien belle pièce, qui réussit le dépaysement qu'elle nous propose tout en ne lâchant rien sur la teneur du fond.
Chapeau bas Monsieur de Montherlant, en tout cas c'est mon avis, certes, ce n'est pas grand-chose.
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