Une femme est retrouvée noyée en aval de Widringham, dans la banlieue de Manchester. Son corps a été emporté par le courant car la police suppose qu'elle a sauté d'un pont. Elle travaillait dans un foyer qui recueille les femmes battues.
Alors, suicide ou meurtre ?
Ça aurait pu être une histoire qui dénonce la maltraitance des femmes et le féminicide à travers une enquête policière palpitante. Si l'auteure détaille parfaitement les traumatismes de ces femmes, leur attitude paradoxale face à leur bourreau et le caractère de pervers narcissiques de ces derniers, ce n'est qu'un ersatz de mauvais roman policier dont l'intrigue arrive à peine à mobiliser l'intérêt du lecteur atteint régulièrement de somnolence. Heureusement, le dernier tiers de ce roman le sauve de l'écueil.
La première partie est maladroite, confuse, mal construite. Elle nous égare par le manque d'organisation dans le déroulement de l'action et il y manque les détails ressorts de l'enquête qui devraient nous captiver.
Il est regrettable que l'auteur ne se soit pas plus attachée à développer le profil psychologique de ces femmes-victimes, leurs blessures physiques ou morales et le travail énorme de reconstruction qu'elles doivent faire pour essayer de passer à autre chose, d'oublier ce qu'un hommes indigne du genre leur a infligé. Les personnages de
Jessica Moor manquent de caractères, de relief.
A la place,
Jessica Moor nous ballade de banalité en banalité, de cliché en cliché, tout cela ponctué de dialogues qui sonnent creux.
Ce n'est que dans le dernier tiers de cette histoire que le lecteur trouvera son comptant.
«
Les femmes qui craignaient les hommes » est un roman en deçà des attentes que l'on peut avoir d'un bon polar et dont le texte battu par les quatre vents du néant n'aboutit souvent sur rien. Aucune idée remarquable sur ce sujet d'actualité qui mérite toute notre attention n'est développée. Par contre, l'auteur décrit remarquablement bien le personnage ignoble de Jamie, ex petit ami de Katie, la femme retrouvée noyée, l'ascendance qu'il a sur elle, le pouvoir qu'il exerce en la rabaissant, tant et si bien qu'elle ne s'appartient plus.
Ce n'est pas l'écriture scolaire de l'auteur qui va relever le niveau mais on attends rarement une grande qualité littéraire dans ce genre d'ouvrage, tout au plus une récréation.
L'intention était louable, le résultat est moyen, la fin plus que surprenante. Vite lu, vite oublié….
Traduction d'
Alexandre Prouvèze.
Editions Belfond, Pocket, 415 pages.