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De Moorcock, je n'avais pour l'instant expérimenté que « Glorianna ou la reine inassouvie », excellent roman consacré à l'Angleterre élisabéthaine et baignant dans une ambiance onirique très particulière qui m'avait aussitôt séduite. On retrouve plus ou moins le même climat dans ce premier volume des « Danseurs de la fin des temps », tétralogie dans laquelle l'auteur met en scène notre monde dans un lointain futur, alors qu'il s'apprête à toucher à sa fin. L'occasion pour le lecteur de plonger dans un univers baroque et décadent où la magie règne en maître, et de faire connaissance avec des personnages hauts-en-couleur, immortels ne connaissant aucun tabou ou limite, esthètes, collectionneurs, créateurs et destructeurs de monde. Malgré cette flamboyance qui les anime, tous ont cependant oublié l'existence des véritables sentiments : n'existent que le plaisir, le divertissement, et des mots tels qu' « amour », « vertu » ou « morale » n'ont pour eux qu'une vague signification, fort éloignée de celle que nous connaissons. Aussi quel coup d'éclat, lorsque l'un d'eux se déclara épris de la ravissante Amélia, jeune anglaise respectable arrivée tout droit du XIXe siècle!

On le sait, Moorcock n'a pas son pareil pour mettre en scène des univers exubérants et n'hésite pas à bousculer tous les repères et les certitudes de ses lecteurs. de ce point de vue là, « Une chaleur venue d'ailleurs » se révèle être une vraie réussite, tant grâce à l'originalité du monde et des personnages que grâce au style même de l'auteur qui manie sa plume de façon très inspirée et poétique. Mais là où le roman se distingue véritablement, c'est en la palette de sentiments très variés qu'il fait naître chez le lecteur qui ne cesse d'osciller tout au long du récit entre amusement et mélancolie, sans pouvoir vraiment opter pour l'un ou l'autre. L'humour tient en effet une place non négligeable dans le roman qui fourmille de références complètement erronées ou déformées à notre passé. On se rend cela dit vite compte que rien ni personne n'est vraiment ce qu'il paraît être et que, sous leur façade de libertins vides de toutes émotions, chaque personnage cache en réalité quelque chose de beaucoup plus profond.

« Une chaleur venue d'ailleurs » s'apparente en quelque sorte à un ovni littéraire, mêlant habilement science-fiction, fantasy, romance et humour. Moorcock y met en scène un monde flamboyant et des personnages pleins d'ardeur dont on suit avec intérêt l'apprentissage de ce qu'est la condition humaine, avec toutes les joies et les peines que cela implique.
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J'attendais surement trop de cette chaleur venue d'ailleurs...Ce premier opus du cycle de la Fin des Temps, cycle rédigé par Moorcock dans les années 1970, me laisse une impression mitigée.

A la fin des temps, très loin dans l'avenir, une poignée d'êtres humains subsistent sur Terre. Ils maîtrisent l'énergie des anciennes cités (sans que l'on sache trop comment) et grâce à des anneaux qu'ils portent en permanence, ils peuvent tout modeler à leur guise : aussi bien le climat que les continents eux-mêmes, en passant par leur propre corps...Ils sont même carrément devenus immortels et vivent sans aucune morale, avec pour seul objectif l'assouvissement de leurs envies et caprices.

Jherek Carnelian est l'un d'eux et sa vie se voit bouleversée par l'arrivée de Mrs Amelia Underwood, une femme venue tout droit du XIX siècle, dont la vie est régie par la strict observance de l'étiquette de l'époque victorienne. Ces deux-là n'ont donc, a priori, rien à faire ensemble mais l'amour, à l'image des habitants de la Fin des Temps, est capricieuse...

Si, d'un point de vue romanesque, et malgré un style pas désagréable, j'ai été assez déçu, la réflexion sous-jaccente m'a, en revanche, plutôt bien plu. Globalement, ce roman manque quand même un peu de densité pour exprimer au mieux tout le sel d'une idée pourtant intéressante (l'univers de la Fin des Temps). Et par ailleurs, quelques personnages secondaires, que l'on aimerait voir plus présents, nous laissent une impression d'inachevé, au niveau de la caractérisation.

Néanmoins, l'intention de Moorcock (qui demeure une hypothèse que j'énonce) me parait d'avoir cherché à trouver (à créer ?) le point de jonction entre SF et Fantasy et c'est une intention bien louable, de mon point de vue, mais dont la concrétisation ne me semble que partiellement réussie. Quant à la réflexion sous-jaccente elle est, comme dans d'autres oeuvres de l'auteur, à mettre en lien avec l'esprit des sixties londoniennes, une époque justement en rupture avec l'époque victorienne dont Mrs Underwood est issue. Et si cette période ne devait pas manquer de sens (dont le point d'horizon était l'Empire Britannique), le swinging london, et son vent de liberté, mettait plutôt en avant une jouissance tout azimut, débarrassée des carcans du passé. La question peut alors s'énoncer ainsi : y-a-t-il un sens, au delà de la jouissance, c'est-à-dire un nouveau paradigme prenant en compte les aspirations nouvelles ?

Certes, je n'ai pas lu l'ensemble du cycle (deux autres romans et un recueil de nouvelles) et ma vision de ce premier tome est donc un peu tronquée, sans doute manque-t-elle d'une perspective, mais, malgré un ennui relatif à sa lecture, il ne m'a nullement découragé de poursuivre plus avant l'exploration de la Fin des Temps.
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Un moment absolument magnifique de lecture. C'est grandiose, déjanté, magique. On se croirait dans un film des Monthy Python, l'absurde s'y dispute avec l'humour et la tendresse, l'ironie y est chaleureuse , les références (tordues au possible, pas toujours facile de retrouver à quoi il fait réellement allusion, c'est très amusant !) et les jeux de mots sont nombreux, la traduction est excellente, c'est un vrai bonheur. Et à côté de cela, il ne manque pas de profondeur ni de justesse sur les comportements de l'être humain "du passé" que nous sommes...
Par contre, pour paraphraser Dante, "vous qui entrez ici, abandonnez tous vos critères moraux".
C'est un livre à déguster sans porter aucun jugement sur ces êtres du futur très spéciaux, c'est vrai...

Je ne mets aucun spoiler car je ne veux pas déflorer quoi que ce soit, il faut le découvrir par soi-même du début à la fin...
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Cycle romanesque en trois tomes (accompagné d'un recueil de nouvelles annexes), LES DANSEURS DE LA FIN DES TEMPS envisage l'avenir extrêmement lointain d'une humanité déifiée. Les hommes, devenus immortels, s'ennuient fatalement et se complaisent dans les spectacles grandioses (quitte à incendier un continent pour la beauté de la vision), les perversions sexuelles et la collectionnite. Jherek, par exemple, s'intéresse quasi exclusivement au XIXème siècle de la Terre. Il faut dire qu'en cette époque proche de la fin des temps « il n'y a plus grand-chose à faire ». Alors Jherek décide, par ce qu'il faut bien s'occuper (comme disait l'autre, « l'éternité c'est très long, surtout vers la fin »), de s'enticher d'une prude jeune mariée du XIXème siècle et de l'arracher à son époque. Dès lors, Moorcock, qui ne devait pas fumer que du tabac, se lance dans une aventure picaresque et déjantée, revisitant d'une certaine manière ALICE AU PAYS DES MERVEILLE par sa propension à construire un univers coloré et sous acide, dans lequel tout devient possible : se balader dans une locomotive volante en pierres précieuses, voyager dans le temps, garder des ménageries où vivent des extra-terrestres,…C'est la fête, le carnaval de Venise et de Rio mélangé pour une bande de partouzards défoncés qui attendent impatiemment la fin des temps parce qu'au moins il va se produire quelque chose d'inattendu dans leur vie ennuyeuse.
Bref, dans ce roman très marqué par son époque, on croise de nombreux voyageurs de l'espace ou du temps, y compris le petit frère de Mao qui critique les « pratiques sexuelles immondes de ces bourgeois dégénérés ». Comme quoi, même dans un million d'années, il restera toujours des gauchistes pour emmerder le monde.
Si la première moitié du roman souffre de quelques longueurs en dépit de son inventivité, Moorcock se lâche dans la seconde partie qui convoque le roman feuilleton et l'esprit des romanciers victorien. L'écrivain, très inspiré, plonge son candide immortel dans le fog épais d'un Londres pétri de convention. Jherek ne comprend rien à ce qui lui arrive (il se rend complice d'un vol, passe en jugement, se fait emprisonner et finalement condamner à mort), ce qui permet à l'iconoclaste Moorcock d'offrir des passages très drôles. Dès lors, cette CHALEUR VENUE D'AILLEURS s'inscrit dans la brève liste des réussites de la SF humoristique.
En résumé, cette vision futuriste mêle humour et désespoir dans un grand foutoir parfois légèrement irritant (on sent l'auteur, sous l'emprise du « new world », vouloir jouer la provocation à grand coup de sexualité débridée, d'inceste et autres perversions) mais souvent vivifiant et divertissant. Une explosion d'inventivités et de non-sens qui réconcilie science-fiction et comédie. Conseillé !

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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L'être humain a vu des millions d'années s'écouler devant lui et devenir immortel.
Pour occuper leurs existences, les hommes font et défont le monde sans aucune limite, tabou ou remord. La mort, le sexe, la violence ont perdus
le sens que nous leurs connaissons. Tout n'est qu'un jeu. Jherek Carnelian est d'un autre temps, un autre monde... Pourtant cette vie où tout est possible ne l'amuse plus tellement.
Son intérêt se porte sur le 19ème siècle, cette époque où les hommes avait une morale, faisaient preuve de vertu. Des concepts qui lui sont inconnus et qu'il aimerait comprendre.
La rencontre avec Mrs Amelia Underwood, voyageuse du 19ème siècle, lui fera mieux appréhender ses notions et lui fera découvrir l'amour, le vrai.
Mais même dans le futur les choses ne peuvent être simple. Jalousie, vengeance et autres complots mènent à la disparition de l'être aimée. Un retour en 1896 permettra à Jherek d'un peu mieux comprendre
les concepts de moralité en essayant de retrouver sa belle. Mais Jherek ne serait t'il pas lui même le jouet de certains de ses compagnons qui s'ennuyent ?
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Futé. Je crois que c'est le qualificatif qui convient le mieux pour qualifier ce roman de Moorcock, plus proche de Gloriana l'inassouvie que du cycle d'Elric. Foisonnant, très drôle, politiquement incorrect, faussement sans queue ni tête, c'est un récit très intéressant sur les notions de bien et mal (et donc de morale), qui confronte les époques plutôt qu'il ne les oppose et nous incite à réfléchir sur nos propres pratiques.
Enfin, soulignons que le récit est d'une très grande originalité.
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Je ne suis pas un inconditionnel de Moorcock comme il y en a tant. Loin de mépriser l'auteur (je compte bien continuer la série et lire d'autres romans de lui), je n'ai pas commencé cet ouvrage sans appréhension, parce que du cycle d'Elric, je n'ai vraiment aimé que le premier. Ici, l'écriture de Moorcock est légèrement vieillotte, et on sent les années qui nous séparent de la création du roman. Elle n'en demeure pas moins élégante, justement de cette élégance un peu surannée qui permet au scénario de Moorcock de prendre toute son ampleur. Car l'idée de Moorcock est d'une originalité peu commune : l'action se passe à la fin des temps. Les personnages, humains tout puissants, ne recherchent que l'amusement et ont perdu les valeurs que nous avions, un million d'années avant eux. Ils recherchent donc de nouveaux amusements, et ceci dans une esthétique particulièrement baroque. La seconde idée de Moorcock est de confronter leur époque et la nôtre, ou plus précisément le XIXème siècle avec une histoire de voyage dans le temps. Se créé alors un décalage dont on saura apprécier l'humour...
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