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Le Cycle d'Elric tome 1 sur 11
EAN : 9782266020978
Pocket (01/12/1987)
3.62/5   532 notes
Résumé :
Melniboné, l'île aux Dragons, régnait jadis sur le monde. Désormais les Dragons dorment et Melniboné dépérit. Sur le trône de Rubis siège Elric, le prince albinos, dernier de sa race, nourri de drogues et d'élixirs qui le maintiennent tout juste en vie. La menace plane ; alors il rend visite au Seigneur du Chaos, Arioch, et conclut un pacte avec lui. Il s'engage ainsi sur le chemin de l'éternelle aventure : le Navire des Terres et des Mers le porte à la cité pestile... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 532 notes
Comme un air de légende.
Comme ces poèmes épiques chantant les hauts faits de personnages héroïques.
Voilà à quoi j'ai pensé en lisant le premier livre du cycle d'Elric !
Elric l'albinos. Avec sa pâleur cadavérique et ses yeux en amande couleur de rubis.
Un personnage de foire, une monstruosité montrée du doigt s'il n'avait pas été l'Empereur de Melniboné. le dernier survivant d'une longue lignée de rois magiciens, cruels et dominateurs, faisant courber l'échine à toute une mosaïque de peuples.

Mais la puissance de l'Empire pâlit. Elle est à l'image de son souverain : une incongruité.
Les savoirs ancestraux se perdent ; les royaumes périphériques se révoltent ; les dragons sommeillent et ne règnent plus dans les cieux ; les drogues, la sorcellerie, la magie fatiguent de plus en plus les corps et les âmes…
Elric, le démon au visage pâle, se demande avec une effrayante lucidité s'il ne sera pas le dernier Empereur de ce monde en perdition, de ce monde qui s'égare. de ce monde pourrissant.
Un Empereur tourné en dérision, moqué pour sa faiblesse et son indécision chronique.
C'est pourtant ce crevard, ce dégénéré qui reviendra d'entre les morts pour sauver Cymoril, l'amour de sa vie. Un amour qui porte quelque chose de tragique en lui.
Elric commencera à construire sa propre légende en pactisant avec les Dieux, et pas toujours parmi les plus recommandables.

La plupart des auteurs de Fantasy se croient obligés de pondre des pavés de 1000 pages pour décrire un univers à peu près cohérent. À Michael Moorcock, 250 suffisent et on comprend tout de son monde onirique en permanence sur la corde raide. Un monde qui, étrangement, entre en résonnance avec le nôtre.
L'auteur a un sens aigu de l'épopée et du tragique.
Du grand art.
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Quand on aborde un cycle fantasy aussi célèbre que celui d'Elric, on est presque intimidé et, cela va s'en dire, on en attend beaucoup.

On en attend beaucoup, dis-je, mais paradoxalement, Michael Moorcock n'en donne pas assez. Sa narration est épurée jusqu'au dépouillement ; il nous refuse les détails et les descriptions qui renforceraient notre impression de voyage fantastique dans les pas de l'empereur de Melniboné, l'île aux Dragons qui domine un univers fascinant pétri de traditions ancestrales et de divinités multiples.

Pourtant, le style de l'auteur (qui m'avait séduite avec "Le chien de guerre") est sans conteste talentueux mais l'approche quasi factuelle du récit donne à l'ensemble une froideur que nul émotion excessive ne viendra réchauffer. Par conséquent, ce qui a primé en moi à la lecture de ce premier volet fut la curiosité plus que l'engouement. le rythme souvent trop rapide, le chapitrage court et incisif et les personnages secondaires trop souvent laissés pour compte servent bien mal une action pourtant omniprésente, originale, tout empreinte de magie et de surnaturel, et dans laquelle on voudrait pouvoir s'abandonner mais, hélas, c'est déjà fini.

Un premier avis mitigé donc pour ce tome d'introduction ; je garde l'espoir que la suite gagne en profondeur et en psychologie et perde en manichéisme.

Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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C'est toujours avec fébrilité qu'on aborde un cycle, d'autant plus lorsqu'il est considéré comme un classique du genre dont il relève. Vais-je l'aimer ? Cette première incursion va-t'elle me donner envie de poursuivre la découverte ? A l'issue de ma lecture d'"Elric des dragons", la réponse est oui, totalement oui.

S'il n'est pas vraiment un tome d'exposition puisqu'il n'est pas le premier du cycle a avoir été écrit, "Elric des dragons" constitue tout de même une parfaite introduction à l'univers créé par Moorcock.
S'ils l'ont sans doute été dans les tomes écrits auparavant (mais dont l'action chronologique se situe après) les personnages, le monde et les règles qui le régissent sont ici bien présentés et le lecteur qui, comme moi, commence par ce tome fera connaissance avec l'univers du cycle.
Moorcock créé un univers foisonnant, touffu. Et si, le récit allant très vite, certains aspects de cet univers sont survolés, l'auteur ouvre un champs de possibilités infinies qui laisse augurer le meilleur pour la suite du cycle.

Dans ce tome, Moorcock va à l'essentiel, se concentrant sur quelques personnages et quelques lieux, faisant de ce court récit une parfaite entrée en matière pour le néophyte. Pour autant, la concision de ce volume n'empêche pas l'auteur de créer un univers dense, aux créatures variées et à toute une mythologie (éléments qui seront sans doute développés par la suite) dans un récit abouti qui peut se suffire à lui-même.

La grande réussite d'"Elric des dragons" est le personnage d'Elric lui-même. Atypique et original, Elric est un personnage complexe et charismatique. Empli de paradoxes, il est à la fois faible et puissant, est doté d'un sens moral élevé mais peut se montrer cruel. Sa difficulté à concilier l'exercice du pouvoir et ses convictions intimes est au centre du récit. Torturé, sombre, plein de doutes, il est l'anti-thèse de héros dans la lignée de Conan.

La psychologie du héros de Moorcock est soignée et fouillée. Mais l'auteur ne délaisse pas pour autant l'action, faisant d'"Elric des dragons" un récit à la fois épique et introspectif.
Les péripéties s'enchaînent à un rythme trépidant et on y trouve tout ce qu'on aime dans un récit d'heroïc fantasy : des combats (sur terre et sur mer), de la romance, des duels, de la magie... Tout y est pour que le lecteur soit emporté dans un récit très addictif.

L'écriture est soignée et agréable, et offre de jolis passages très poétiques sans sacrifier à l'efficacité lors des séquences guerrières.
Le ton du récit a pu sembler un peu désuet à certains, l'auteur évitant certains excès inhérents au genre. Moorcock préfère le romantisme à la crudité pour dépeindre l'amour d'Elric et Cymoril. Il ne verse pas des litres d'hémoglobines lors des séquences de violence et opte pour une certaine suggestion. J'ai trouvé cette retenue très agréable, très rafraîchissante.

"Elric des dragons" n'a pas à rougir de la comparaison avec des sagas plus récentes (qui lui doivent sans doute beaucoup). Au contraire ! "Elric des dragons" est une lecture qui suscite l'émerveillement et durant laquelle, emporté par un tourbillon d'aventures échevelées, on retrouve une âme d'enfant.

Challenge Variété 19 (catégorie "un livre avec de la magie")
Challenge Petits plaisirs 22
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Elric est l'empereur de Melniboné, île qui dominait autrefois le monde, mais aujourd'hui sur le déclin, et menacée par les Jeunes Royaumes. Elric n'est pas très apprécié par son peuple : il est faible et obligé de prendre régulièrement des drogues pour survivre, il est épris de justice quand on attend de lui qu'il se montre cruel, il ne fait pas beaucoup d'efforts pour respecter les coutumes de son peuple. Sa faible constitution lui a toutefois donné l'avantage de lire et d'étudier beaucoup, et d'être ainsi le sorcier le plus puissant de l'île.

Son cousin Yyrkoon, qui possède toutes les caractéristiques d'un «bon» empereur melnibonéen, va tenter de l'éliminer et de prendre le pouvoir. Pour conserver sa place, Elric devra faire appel au Seigneur du Chaos, au risque de perdre son identité et de devenir le jouet des Dieux.

Elric reprend tous les thèmes classiques de la fantasy : magie, créatures mythiques (démons, élémentaires de feu de d'eau), épées légendaires, … le récit est plus proche des épopées antiques que du roman : avant chaque chapitre, un court texte nous raconte ce qu'il va se passer dans la suite du récit, ce qui est un peu surprenant au premier abord. J'ai beaucoup apprécié l'ambiance de ce premier tome de la série, les suivants rejoindront bientôt ma bibliothèque !
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Une excellente découverte !

Je ne me suis mise à lire sérieusement de la fantasy que depuis peu, avec le Trône de fer.

Je cherchais un livre dans la même veine.
J'ai donc regardé quelques listes de Babelio qui recommandaient le Cycle d'Elric (merci aux auteurs des listes pour cette recommandation).

Le texte est facile d'accès, parfois un peu trop avec certains dialogues qui tournent un peu en rond mais c'est un détail face à cette épopée.

Le personnage principal, Elric, Empereur de Melniboné, est peu apprécié par son peuple qui considère qu'il a trop d'"éthique". Il n'est pas vu par certains comme un vrai Melnibonéen, comme un Empereur digne de ce nom à Melniboné. Il n'est pas assez cruel et dure.
C'est le cas surtout de son cousin, Yyrkoon, qui se verrait bien calife à la place du calife.
Et voilà comment les ennuis commencent.

Comme Ulysse, Elric doit passer par plusieurs "étapes" avant de pouvoir arriver au terme de son "voyage" : la rencontre de personnages qui ont un rôle important dans son avancée en jouant le rôle de guide, les voyages en mer qui l'emmènent sur des territoires inconnues, des embûches sur le chemin et des idées astucieuses pour s'en sortir.
Ainsi que le rôle important des Démons qui se jouent des mortels et des Elémentaires (êtres ressemblants aux divinités antiques par leurs liens avec la nature) qui aident Elric tout au long de sa quête.

Concernant Elric lui-même, c'est un personnage attachant et peu commun.
Sauf erreur de ma part, rare sont les héros albinos et rare sont les héros qui sont "mal-vus" à cause de leur gentillesse.
C'est donc un homme bienveillant mais c'est aussi un être complexe, torturé et un personnage atypique par sa faiblesse.
Certes, comme tout héros qui se respecte, il est fort dans le maniement de l'épée mais il ne doit sa survie que par des drogues qu'il doit s'administrer régulièrement. Il est d'un naturel fragile et ce fait peut sembler étrange car nous imaginons souvent les héros comme des grands gaillards robustes.
Mais c'est aussi cela qui le rend intéressant.

Une agréable et addictive lecture donc !
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critiques presse (1)
SciFiUniverse
14 juin 2011
Elric des Dragons est le livre à l'origine de la légende d'Elric, débutée en 1961. Il pose les bases du dilemme qui torturera toute sa vie le prince Albinos: son hésitation à servir le Chaos ou la Loi.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Les deux épées runiques s'abaissèrent.
Stormbringer se dirigea vers la main droite d'Elric, Mournbalde vers la main droite d'Yyrkoon.
Les deux hommes se tenaient face à face. Chacun observa son adversaire, puis son épée.
Les lames chantaient, d'une voix faible mais distince. Elrc souleva la gigantesque épée sans aucune peine et la retourna d'un côté et de l'autre pour admirer sa beauté.
- Stormbringer, dit-il.
Puis l'angoisse s'empara de lui.
Il eut cette angoissante impression de renaître, de renaître avec cette épée runique, cette impression de l'avoir toujours portée.
- Stormbringer ! hurla Elric en bondissant à la rencontre de son cousin. Stormbringer !
Et toujours cette angoisse, cette angoisse qui ne voulait pas le quitter ! Mais elle devint bientôt cette impulsion violente, ce besoin féroce de se battre et de tuer son cousin, de plonger sa lame dans le cœur d'Yyrkoon. Un besoin de vengeance, de sang, de mort.
- Mournblade !
C'était Yyrkoon qui venait de crier, dominant le murmure des épées et les palpitations de la caverne.
Mournablade para le coup de Stormbringer et riposta. Elric s'effaça, virevolta et tint Yyrkoon et Mournblade en respect pendant quelques instants. Nouvelles passes de part et d'autre. Les deux hommes et leurs épées étaient de même force. Les lames semblaient accomplir leur propre volonté, mais elles ne faisaient en fait qu'accomplir la volonté de ceux qui les maniaient.
Le cliquetis des armes devint bientôt un chant aux féroces accents métalliques entonné par les épées. Un chant plein de gaieté, comme si elles avaient été heureuses de croiser le fer de nouveau, bien que cet engagement dût les mettre face à face.
Elric ne voyait du Prince Yyrkoon que son visage sombre et féroce lorsqu'une lueur venait à l'éclairer. Il concentrait toute son attention sur les deux épées noires. L'enjeu de ce combat semblait être la vie d'un des deux hommes - peut-être même des deux. La rivalité entre Elric et Yyrkoon ne pouvait se comparer à la rivalité fraternelle entre les deux épées, qui semblaient même prendre un certain plaisir à rivaliser après tant de méillénaires.
Lorsque Elric le remarqua, toujours combattant - mais maintenant il se battait pour sauver son âme et sa vie -, sa haine implacable pour Yyrkoon s'affaiblit.
Il était toujours décidé à tuer son cousin, mais pas pour le plaisir d'un autre, pas pour le divertissement de ces épées.
Mournblade visa les yeux d'Elric, mais Stormbringer para le coup une fois de plus.
Elric ne se battait plus contre son cousin. Il se battait contre les épées, contre leur volonté.
Stormbringer pointa la gorge d'Yyrkoon. Mais Elric la rattrapa, sauvant ainsi la vie à son cousin. L'épée gémit alors - un gémissement presque plaintif - tout comme un chien à qui son maître interdit de mordre l'intrus.
Elric dit alors entre ses dents :
- Tu ne feras pas de moi ton pantin, épée runique ! Entendons-nous bien là-dessus, si nous devrons œuvrer ensemble.
L'épée sembla hésiter et relâcha son attention. Elric eut quelque peine à parer l'attaque de Mournblade, qui semblait avoir remarqué l'occasion à saisir.
Elric sentit un courant d'énergie envahir son bras droit et se propager dans son corps tout entier. L'épée venait d'user de son pouvoir. Dès lors Elric n'avait plus besoin de drogues et ne devait plus sentir ses forces l'abandonner. En temps de guerre, il allait triompher, en temps de paix régner en Empereur orgueilleux. Il allait pouvoir voyager seul en toute sécurité. Tout cela, c'était l'épée elle-même qui semblait le lui rappeler, alors qu'elle ripostait à l'attaque de Mournblade.
Et l'épée, que devait-elle recevoir en retour ?
Elric alors l'apprit ; c'est elle qui le lui dit sans même avoir besoin de parler. Stormbringer avait besoin de se battre, c'était sa raison de vivre. elle avait besoin de tuer, c'était son souffle de vie. Elle avait besoin de la vie et de l'âme des hommes, des démons et même des dieux.
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Il regardait autour de lui. Son armée l'escortait. À sa tête se trouvaient Magum Colim et Dyvim Tvar. La foule bordait les rues tortueuses et faisait force révérences. Les esclaves se prosternaient devant lui. Même les bêtes de somme se mettaient à genoux sur son passage. Yyrkoon goûtait le pouvoir comme l'on goûte un fruit fondant. Il aspirait de grandes bouffées d'air. Même l'air état à lui. Tout Imrryr était à lui. Tout Melniboné. Bientôt le monde entier serait à lui. Et il dilapiderait toutes les richesses du monde. Il allait de nouveau faire régner la terreur, du nord au sud et du sud au nord.
Dans une passion extatique, presque aveugle, l'Empereur Yyrkoon pénétra dans la tour. Il marqua une pause devant les grandes portes de la Salle du Trône.Il fit signe à ses serviteurs d'ouvrir les portes pour jouir du spectacle qui allait se dérouler devant ses yeux. Les murs, les bannières, les trophées, les galeries, tout cela était à lui. La Salle du Trône était vide, mais elle serait bientôt pleine de couleurs, de cérémonies et de divertissements dignes de Melniboné. Il y avait bine longtemps que l'odeur du sang n'avait pas empli l'atmosphère de cette salle. Puis son regard se mit à gravir lentement les degrés du Trône de Rubis ; mais avant de parvenir au sommet, il entendit Dyvim Tvar suffoquer derrière lui. Il regarda alors vers le Trône de Rubis et frémit. Il n'en croyait pas ses yeux.
- Illusion !
- Apparition ! dit Dyvim Tvar avec une certaine satisfaction.
- Hérésie ! hurla l'Empereir Yyrkoon qui s'avança alors d'un pas mal assuré, désignant du doigt la silhouette drapée d'une cape et coiffée d'un capuchon, tranquillement assise sur le Trône de Rubis. C'est à moi ! À moi !
La silhouette resta muette.
- C'est à moi. Va-t'en ! Le trône appartient à Yyrkoon. Yyrkoon est l'Empereur maintenant ! Qui es-tu ? Pourquoi viens-tu me tourmenter ?
Le capuchon se rabattit, découvrant un visage d'une pâleur cadavérique. Des yeux pourpres regardaient sereinement la chose hurlante, titubante qui se rapprochait d'eux.
- Tu es mort, Elric ! Je sais que tu es mort !
L'apparition ne répondit toujours pas, mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres blanches.
- Tu n'as pas pu survivre. Tu t'es noyé. Tu ne peux pas revenir. Pyaray s'est emparé de ton âme.
- Il y a d'autres Seigneurs qui règnent sur la mer, dit la silhouette assise sur le Trône de Rubis. Pourquoi m'as-tu tué, mon cousin ?
À la perfidie d'Yyrkoon succédèrent la terreur et la confusion.
- Parce que c'est mon droit de gouverner ! Parce que tu n'étais pas assez fort, pas assez cruel, pas assez cynique ! ...
- N'est-ce pas là une bonne plaisanterie, mon cousin ?
- Va-t'en ! Va-t'en ! Va-t'en ! Cen'est pas un spectre qui va prendre ma place ! Un Empereur défunt ne peut gouverner Melniboné !
- C'est ce que nous verrons, dit Elric en faisant un signe à Dyvim Tvar et ses soldats.
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Yyrkoon redressa la tête et regarda la cour. Il avait l'air attendrissant d'un enfant perdu ; la haine et la colère s'étaient effacées de son visage. Elric sentit naître en lui un sentiment de pitié pour son cousin. Mais, cette fois-ci, il réprima ce sentiment.
- Tu devrais me savoir gré de t'avoir légué le pouvoir quelques heures, de t'avoir laissé jouir de ce sentiment de domination face au peuple malnibonéen.
C'est d'une voix timide et intriguée à la fois qu'Yyrkoon demanda à Elric :
- Comment as-tu échappé à la mort ? tu n'avais ni le temps ni la force de prononcer une incantation. Tu pouvais à peine te mouvoir et ton armure a dû t'entraîner au plus profond de la mer. Tu aurais dû te noyer. Je ne comprends pas, Elric. Tu aurais dû te noyer.
Elric haussa les épaules.
- J'ai au sein de la Mer des amis qui reconnaissent mon sans royal et mon droit de gouverner, si toi tu ne le fais pas.
Yyrkoon essaya de dissimuler sa stupéfaction. À sa haine pour Elric venait maintenant de s'ajouter, de façon singulière, le respect.
- Des amis ?
- Oui, dit Elric, avec un léger sourire.
- Je croyais que tu avais fait vœu de ne pas user de ton pouvoir de sorcellerie.
- Mais tu croyais qu'un tel vœu convenait mal à un monarque melnibonéen, n'est-ce pas ? Je suis d'accord avec toi. Vois-tu, Yyrkoon, tu as finalement remporté une victoire.
Yyrkoon regardait fixement Elric, comme pour essayer de découvrir ce qui se cachait derrière ces paroles.
- Tu vas faire revenir les Seigneurs du Chaos ?
- Aucun sorcier, aussi puissant soit-il, ne peut invoquer les Seigneurs du Chaos, ou, pour la circonstance présente, les Seigneurs de la Loi, s'ils ne veulent pas entendre celui qui les invoque. Cela, tu le sais, Yyrkoon. N'as-tu pas essayé toi-même ? Et Arioch ne s'est pas manifesté, n'est-ce pas ? T'a-t-il fait don de ce que tu désirais, c'est-à-dire les deux Épées Noires ?
- Tu sais cela ?
- Je ne le savais pas. Je l'ai deviné. Mais maintenant, je le sais.
Yyrkoon essaya de parler, mais le courroux le rendait muet ; il ne put qu'émettre un faible grognement. Les soldats s'emparèrent de lui ; il se débattit, mais dut bientôt renoncer à la lutte.
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Le Docteur Jest s'en retourna a ses occupations. Allongeant son bras gauche, il saisit alors adroitement les parties génitales de l'un des prisonniers . Il y eut un éclair du scalpel, puis un gémissement.Le Docteur Jest jeta ensuite quelque chose dans le feu. Elric était assis dans le fauteuil qui lui était réservé. Ce rite, qui accompagnait inéluctablement les interrogatoires, l'ennuyait plus qu'il ne le dégoûtait. Les cris déchirants, le cliquetis des chaînes, les sourds murmures du Docteur Jest, tout venait de détruire cette sensation de bien-être qui était sienne lorsqu'il avait pénétré dans la caverne.
Mais cela faisait partie de son métier de roi d'assister à de semblables cérémonies pour recueillir de précieux renseignements, et féliciter ensuite son Inquisiteur. Il devait aussi élaborer un plan de contre-attaque, conférer avec ses amiraux et généraux, toute la nuit durant probablement, pour décider des plans à adopter et des mesures à prendre concernant la capture des hommes et des vaisseaux. Avec un bâillement d'ennui à peine étouffé, il s'enfonça dans son fauteuil pour jouir du spectacle du Docteur Jest en train d'opérer sur les corps avec ses doigts, son scalpel, sa pointe, ses pinces et ses tenailles. Ses pensées allèrent vers d'autres problèmes, à ces problèmes philosophiques qu'il n'avait pas encore résolu.
Non qu'Elric fût un barbare; mais il était un Melnibonéen. Il était depuis l'enfance accoutumé à de tels spectacles. Même s'il l'avait désiré, il n'aurait pas pu libérer les prisonniers sans enfreindre les traditions de l'Ile aux dragons. Et il eût alors été inutile, voire dangereux, de mettre en œuvre une stratégie quelconque, aussi astucieuse fût-elle. Il avait ainsi pris l'habitude de faire abstraction de tout sentiment qui ne fût pas compatible avec ses devoirs d'Empereur. S'il avait eu une raison de libérer les quatre prisonniers, qui se tordaient maintenant de douleur pour le plus grand plaisir du Docteur Jest, il l'eût fait.
Mais il n'avait aucune raison de le faire ; de plus, ceux-ci auraient été surpris de se voir appliquer un autre traitement. Lorsqu'il avait à prendre une décision d'ordre moral, Elric faisait preuve d'un esprit très pratique. Cette décision, il la prenait en fonction de l'action à entreprendre. Ici, il n'y en avait aucune. Ces tractations avec sa conscience étaient devenues chez lui une seconde nature. Il ne désirait pas agir au nom de Melniboné, mais en son propre nom ; Il ne désirait pas entreprendre une action mais connaître la meilleur façon de répliquer aux actions des autres. Un espion était un agresseur : contre l'agresseur on se défend du mieux que l'on peut. Et les méthodes du Docteur Jest étaient les meilleures.
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Un teint d'une pâleur cadavérique. De longs cheveux d'une blancheur laiteuse, qui tombent plus bas que les épaules. Des yeux en amande, de tristes yeux couleur de rubis, dans un beau et long visage. Deux fines mains de cette même blancheur cadavérique, qui émergent des manches vagues d'une robe jaune pour reposer sur les bras d'un fauteuil en rubis massif.
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Vidéo de Michael Moorcock
Le grand retour d'une figure mythique de la dark fantasy !
La saga tragique d'Elric se poursuit dans ce nouvel épisode marqué par l'arrivée d'un dessinateur exceptionnel, Valentin Sécher, qui prend désormais les rênes de la mise en scène graphique. Une interprétation visuelle magistrale pour entamer un second cycle de quatre volumes, toujours respectueusement adapté – avec quelques aménagements – de l'oeuvre culte de Michael Moorcock avec la bénédiction de celui-ci. Plébiscitée par le public et la critique, LA référence de la bande dessinée de fantasy !
Découvrez Elric Tome 5 par Julien Blondel, Jean-Luc Cano et Valentin Sécher : https://www.glenat.com/24x32-glenat-bd/elric-tome-05-9782344057230
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