La Quête de l'Orphanus

"Un homme m'a trouvé, gardé, porté sur lui. Il vivait en paix et entendait ma voix. Mais le temps de la violence est revenu. Le temps de la peur. Les hommes en noir m'ont découvert. Ils m'ont enveloppé d'un foulard et enfermé dans une caisse de bois qu'ils ont posée dans les entrailles d'un oiseau de fer...
..... La caisse de bois dans laquelle j'étais prisonnier a explosé en touchant le sol. Moi, l'Orphelin, je suis maintenant au sommet du monde, au plus près du ciel, au plus près de la vibration des étoiles. Le nuit, je brille de la clarté lunaire. Le jour, j'irradie de celle du soleil. Au plus près de la voie des aigles."

Le chatoiement de l'Orphanus était tout à la fois le feu dansant dans l'âtre familial, la lumière du soleil, la clarté des étoiles.

Viviane Moore nous raconte dans la première partie - très historique, documentée, passionnante - de ce roman, la découverte de la pierre "Orphanus" (l'Orphelin) en l'an 960 (quelque part en Bohême) jusqu'à sa disparition en 1944 dans le crash d'un avion nazi (quelque part au-dessus des Alpes).

La seconde partie nous emmène de nos jours, dans un hameau perdu au coeur des Alpes. Le corps d'un homme, Bartolomeo, disparu depuis 1965, vient d'être retrouvé. La légiste constate qu'il a été assassiné à l'aide d'une arme allemande fabriquée pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sixtine, sa petite-fille, décide de se lancer à la recherche du meurtrier. Elle va être aidée par Frederico, un historien italien.

Le lapidaire resta un moment sans bouger. Avait-il quelque pressentiment de ce qu'il allait trouver ? Enfin, avec une extrême délicatesse, il écarta les pans de tissu et découvrit une pierre brute, aussi grosse que son poing, une pierre couleur de braise comme un coeur qui palpite....
Il referma le linge puis se tourna vers Josef.
- Il y en avait d'autres comme ça ? demanda-t-il tout en connaissant d'avance la réponse que le mineur allait lui faire.
- Non maître. Il était seul. Le reste n'était qu'un essaim de minuscules escarboucles au milieu desquelles il trônait. Comme le duc Boleslav et nous autres.
- Orphanus, murmura le lapidaire. L'Orphelin.

Et puis son regard s'était arrêté sur l'Orphanus. Et quelque chose s'était passé...
Il n'aurait su dire quoi.
Une forme de paix l'avait envahi, le sentiment aussi d'être baigné de lumière.
Comme si la gemme lui avait apporté une réponse.

Federico posa un genou à terre pour baiser l'anneau pastoral de l'évêque romain.

Un bruit sur le sable fin et doux de la grotte, ni le pas du loup ni celui de l'ours. Puis une lumière hésitante, dansante apparut. Une lumière qui escalada la voûte avant de s'arrêter sur moi. Je l'absorbai comme j'avais absorbé le feu. Et l'homme me vit et je vis l'homme

Pour prévoir l’avenir, il faut connaitre le passé, car les évènements de ce monde ont, en tout temps, des liens aux temps qui les ont précédés. – Nicolas Machiavel

Les pierres possèdent on ne sait quoi de grave, de fixe et d’extrême, d’impérissable ou de déjà péri. Elles séduisent par une beauté propre, infaillible, immédiate, qui ne doit de compte à personne. – Roger Caillois

Comme un amant se souvient de la première fois où il a aimé, jamais Leopardi n’avait oublié.