Citations sur La planète Arcania, tome 1 : La prédiction (43)
Et tous les êtres que nous rencontrerons au cours de notre vie, ce ne sera jamais le hasard qui les placera sur notre chemin. Car ils auront sur nous, sur nos idées, sur nos actions, des effets souvent imperceptibles ; parfois étonnants et inexplicables, mais toujours véritables ; comme les nôtres auront tout autant d’effets sur eux.
Car pour avoir le pouvoir sur un corps il faut avoir le pouvoir sur son esprit.
Un cri long, aigu, lugubre, déchira le silence de la nuit ; et ramena Sinat à la réalité. Il était un mélange de chuintement et d’hululement propre à certains oiseaux de nuit. L’enfant se mit à trembler. Il avait entendu dire que ces créatures nocturnes étaient de mauvais augure, qu’elles avaient fait un pacte avec les esprits malins et étaient des suppôts des sorcières et de démons ; et que leur cri était un présage de mort ou de malheur.
Une seconde d’attente ou de souffrance pouvait parfois paraître durer une éternité, alors qu’une seconde de joie semblait si éphémère. Le temps était élastique suivant la seconde ! Oui, tout dépendait du type de seconde ! Même dans un cauchemar ? Surtout dans un cauchemar !
Depuis de nombreuses années en matière de découvertes scientifiques il y a un fait acquis : le cerveau d’un adolescent est physiologiquement beaucoup plus fragile, et de nombreuses aires cérébrales sont encore en friche ; notamment celles qui traitent des fonctions complexes comme le cortex préfrontal, siège du raisonnement et de la prise de décision. Il y a également une certitude : l’absorption de certaines drogues durant cette phase de « finition » aura des conséquences irréversibles sur le quotient intellectuel de l’individu. Cela se manifestera par des capacités de mémorisation et de raisonnement altérées, avec notamment une déformation de la perception du réel.
La seule récompense qu’ils puissent prétendre d’une vie exemplaire en ce bas monde c’est la promesse d’une vie meilleure dans l’au-delà. N’est-ce-pas là une excellente idée ? Car je n’ai que faire d’eux après leur mort, seule m’intéresse leur obéissance de leur vivant. Mieux vaut donc les laisser mourir avec l’espérance qu’ils s’éveilleront au ciel. Oui, qu’ils se contentent d’espérer. Les promesses n’engagent-elles pas que ceux qui y croient ?
- Je vois en vous une grande tristesse qui vous rend amer. vous avez connu la misère. Certes, vous vous êtes extrait de votre condition d'homme du peuple, mais pour arriver à vos fin vous n'avez pas hésité à semer le malheur et la mort sur votre route; et cela sans le moindre remord. Oui, vous appartenez désormais à la caste supérieure mais vous ne pouvez faire que cela ait toujours été. Alors, vous vous sentez condamné à la conquête. Vous avez soif de pouvoir, soif de revanche, soif de reconnaissance. Méfiez-vous, Dranoc, vous ne récolterez en retour que haine et volonté de vengeance; et tout cela ne vous conduira qu'à votre perte. Oui, vous finirez là où vous avez commencé, en bas des marches.
Mais la foule n'écoutait déjà plus, car à l'annonce de la récompense ce fut l'acclamation générale [...]. Elle avait fait taire toute les interrogations et recouvert d'un épais vernis tous les scrupules religieux.[...] Au fond, L'Être Suprême devait avoir ses raisons pour imposer de telles choses [...] Et puis de toute façon tout cela était bien trop compliqué pour eux. Seules les choses simples et concrètes les intéressaient ; comme cette idée de pièces sonnantes et trébuchantes qui parlaient à leur poche, à leur estomac, à leur misère, à leurs peurs du lendemain.
parmi ce flot de gens ordinaires, il remarqua que la misère s'était invitée en ce lieu. Elle avait pris plusieurs formes. Celle d'un vieillard assis sur un trottoir, immobile, dont les yeux mornes et éteints semblaient dépourvus de pensées. Il n'avait l'air ni tout à fait vivant, ni tout à fait mort. On aurait dit une statue oubliée. Une main tendue en avant, il attendait. Une main secourable ? Une main charitable ? Mais les passants lui refusaient jusqu'à la consolation de le plaindre et passaient sans un regard pour lui.
Oui, il serait bientôt le maître de ce monde. Et la prédiction qu'avait faite la prophétesse à son sujet ne le concernait plus. Un autre destin l'attendait ! A cette idée son âme noire s'emplit d'une joie sournoise. Et si quelque neutrale avait pu ou su la disséquer à ce moment, il l'aurait trouvée plus que jamais gangrénée par le vice et pourrie par l'orgueil. Une âme où le Mal avait fait depuis longtemps son lit.