Snow Crystal, tome 3 : La douce caresse d'un vent d'hiver

Vous me rendez folle tous les deux, quand je vous vois faire ! "Car il n’y eut jamais d’histoire plus douloureuse que celle de Juliette et de son Roméo." C’est clair que Shakespeare ne vous avait jamais rencontrés, Brenna et toi !

Don’t live your life worrying about what someone else is thinking about you. Firstly because most of the time people are thinking about themselves, not you, and secondly and most importantly, because how you choose to live your life is no one else’s business. You get on with your life and let them get on with theirs.

- Je t'aime, déclara-t-il tout contre ses lèvres. Depuis toujours et à jamais.
En cet instant, ses derniers doutes s'évanouirent enfin.
- Je t'aime aussi, Tyler. Je t'ai toujours aimé, et je t'aimerai pour l'éternité et au-delà.

— Ce n’est pas de moi qu’il est question.
— Eh bien, parlons de toi, justement. C’est une conversation que nous aurions dû avoir il y a déjà un siècle. Viens ici.
L’invite était caressante. Lorsqu’elle jeta un coup d’œil dans sa direction, sa libido s’éveilla sous la faim sensuelle qu’elle lut dans son regard.
— Je ne crois pas que ce serait une bonne idée, Ty.
— Si tu ne rappliques pas ici tout de suite, je viens te chercher. A toi de choisir.
— Jess peut se réveiller à tout moment.
— Je sais bien qu’elle risque de se réveiller. Je ne te propose pas une partie de jambes en l’air échevelée sous le sapin. C’est juste un câlin qu’il me faut. J’en ai sérieusement besoin, même si ce n’est pas ton cas. Viens t’asseoir avec moi.
Elle le rejoignit et se sentit presque rassérénée dans le cercle protecteur de ses bras. Étroitement pelotonnée contre lui, elle réussit à se détendre un peu.

— Il m’a échappé deux fois dans la forêt. Ce chien est ingérable !
Jess était déjà tombée à genoux par terre, les bras passés autour d’Ash qui recevait mille baisers et caresses.
— Tu es un méchant, méchant garçon. Personne ne te comprend.
— Oh ! je le comprends parfaitement, ce clebs ! marmonna Tyler en se débarrassant de sa parka. C’est juste un gangster.
— Il est adorable.
— Si c’est ça, pour toi, être adorable, je ne veux même pas penser à ce que tu vas me ramener quand tu commenceras à sortir avec des garçons.

Et il ne ferait rien qui puisse abîmer cette amitié-là. Rien du tout. Chacune de ses histoires avec une femme s’était soldée soit pas un non-lieu, soit par un désastre. Sa solide amitié avec Brenna était la seule relation qu’il avait réussi à préserver au fil des ans. Et il avait la ferme intention de la garder intacte sur le long terme.

— Papa, je ne suis pas idiote. Dans le temps, tu avais plein de nanas. Je le sais. J’ai lu un tas d’articles là-dessus sur Internet. Il y en avait un qui disait qu’il te fallait moins de temps pour avoir une fille nue dans ton lit que pour arriver au bas de la piste après une course de descente.

Et vlan ! Encore une mégadose de malaise dans les dents. Tyler réduisit de nouveau sa vitesse avant d’entrer dans le village. Des lumières clignotaient dans les vitrines et un immense sapin de Noël se dressait fièrement sur Main Street.

— On ne t’a jamais dit qu’il ne faut pas croire tout ce que tu lis sur Internet ?

— Ce que je veux dire, c’est que tu n’es pas obligé de renoncer au sexe parce que je vis dans la même maison que toi. Il faut que tu t’y remettes.

Tyler resta sans voix le temps de se garer près de la supérette du village.

— C’est une conversation normale, ça, pour une fille de treize ans ? finit-il par balbutier.

— Bientôt quatorze. Essaie de suivre, p’pa.

— Treize ou quatorze, ce n’est pas la question. Ma vie sexuelle n’entre pas dans la liste des sujets abordables entre ma fille et moi.

— Tu as déjà fait l’amour avec Brenna ? Elle fait partie de tes amoureuses ?

— Quoi ?

Etait-il techniquement possible de transpirer sans rien faire et lorsque la température extérieure avait plongé en dessous de zéro ?

— C’est une question très personnelle, Jess !

— Ça veut dire que tu as couché avec elle, alors.

— Non ! Il n’y a jamais rien eu de sexuel entre Brenna et moi.

Le sexe avec Brenna, c’était quelque chose à quoi il ne s’autorisait même pas à penser. Brenna, c’était pas touche. Territoire interdit. Il ne s’intéressait ni aux « abdos de dingue », ni aux jambes incroyables, ni à rien d’autre.

- Je n'ai pas envie de te voir souffrir, Brenna.
- C'est marrant. Ce sont ceux qui veulent le moins me faire souffrir qui en mettent parfois la plus grosse couche. S'il me prend l'envie d'avoir des relations sexuelles avec Josh, je le ferai. Et ce sera ma décision. Si c'est à cause de Jess que tu t'inquiètes, sois tout à fait rassuré. Nous ferons l'amour chez lui.
Elle se leva.
- Merci pour le café. Je suis contente que nous ayons eu cette conversation. J'ai le sentiment de mieux te connaitre. Il est temps que j'aille me coucher, maintenant.
- Je vais t'aider à monter au premier.
- Inutile. Je trouverais mon chemin.
Elle réussit à se diriger en ligne à peu près droite jusqu'au pied de l'escalier.
- Tu veux bien me rendre un service, Ty ?
- Quoi ?
- Ne prends pas de douche ce soir. Je n'ai pas envie de penser à toi nu de l'autre côté de la cloison.

Je n'ai jamais eu la prétention de comprendre comment fonctionne le cerveau masculin. D'autres aspects de l'anatomie des hommes, oui. Mais le cerveau, sûrement pas.

C'est bien ce qu'aimer veut dire, non ? On aime quelqu'un dans sa totalité ou pas du tout. Si on veut transformer l'autre, est-ce encore de l'amour ?