On est tellement seule, on a tellement envie de bavarder, qu’on parle pour parler. On ne s’écoute plus…
Tu ne sais pas tout ! Mais t’as le droit de savoir, c’est ta vie, tout de même !
Alors, faut que je te raconte une histoire …
Mais on va faire un tour. On raconte mieux quand on marche …
Messieurs ! Pour la patrie, que vous soyez pecheurs ou paysans- vous devenez tous des soldats... pour une France qui, d'ordinaire, oublie ses "finis terrae"
Le conseil n'a rien voulu entendre. Ce monde n'entend plus rien. Nous serons fusillés, demain matin au Chemin des Dames, pour insubordination... J'envie en cet instant ceux qui croient en Dieu et qui prient pour le salut de leur âme. Moi je ne crois plus en rien. J'aurais tant voulu bien faire, bien vivre, bien aimer...
Dites aux enfants que je n'ai pas démérité, dites leur de continuer à bien travailler, dîtes le aux filles, surtout, c'est sur elles qu'il faut compter désormais pour contrer la violence des hommes et leur aveuglement. Il n'y a que les hommes pour pousser au combat et, ô comble !, éliminer ses propres soldats. Il n'y a que les mâles pour faire tant de dommages à la vie. J'ai honte de mourir pour ces chefs bornés, et de mourir injustement au Chemin des Dames, le mal nommé...
J'ai honte, je souffre et vous dis adieu.
Eté 1915
Ce qui a le plus amusé Maël dans ces rocambolesques confessions, c'est cette histoire de cimetière aux tombes retournées par les bombes, où des soldats égarés pris au piège sous les feux ennemis ont mêlé leurs cadavres aux squelettes dans une danse macabre pittoresque...
Alors, c'est toi l'éclopé qui est en charge de ça* ? Ben oui !
Remarque, mon fils est parti sur le front, s'il ne revient que le pied-bot, je serai déjà bien content !
*du courrier
Messieurs !
Pour la patrie, que vous soyez pêcheurs ou paysans, vous devenez tous des soldats...
... pour une France qui, d'ordinaire, oublié ses "Finis Terrae".
Ne cherchez pas cette île sur une carte, vous ne la trouverez pas.
Pourtant elle existe bel et bien.
Elle est dans ma tête, dans mes souvenirs.
Elles lui apportent tout ce dont il a besoin, des caresses enfiévrées, des petits plats mitonnés, des corps endiablés, de bonnes bouteilles, des siestes encanaillées et des repos mérités...
- Tu déchanteras peut-être !
- Ici, j'ai jamais chanté !