Ce manga autobiographique débute en 2005,
Shin Morimura mangaka d'une cinquantaine d'années vient de terminer une série. Son éditeur lui demande de travailler sur une nouvelle idée ; et pour l'homme de Tokyo, épuisé, c'est le déclic. Il propose à son épouse Miki de changer de vie de manière radicale : quitter la ville, acheter une parcelle de terrain près de Fukushima, l'aménager et de construire une maison écoresponsable. Ils tourneront le dos à la société de consommation et vivront en autonomie. Et
Shin Morimura se propose de raconter, en manga, pas à pas, sa nouvelle vie.
C'est le début d'une grande aventure ; les débuts sont difficiles car
Shin Morimura manque cruellement d'expérience. Il est difficile de s'improviser bûcheron et les difficultés s'accumulent. Mais le mangaka fait preuve de patience, et ténacité. Lorsqu'il ne sait pas, il se renseigne, il apprend, achète du matériel professionnel d'occasion. Ses efforts sont récompensés, son terrain est défriché et il peut s'attaquer à la construction de sa maison en rondins.
Sa femme, qui suit son expérience avec beaucoup de réserve, continue à vivre à Tokyo et vient lui rendre visite toutes les semaines. Elle observe l'avancée des travaux, mais refuse absolument de vivre dans la maison passive, sans électricité, et sans le confort minimal de toilettes. Pour financer leur projet, Shin et Miki doivent vendre ce qu'ils possèdent, la collection de motos de Shin, et même leur maison.
Shin Morimura construira deux petites maisons côte à côte, une petite maison complètement déselectrifiée, sans toilettes, avec bains à l'ancienne, et celle de Miki, avec toilettes, salle de bains, gaz et électricité. Leur nouvelle vie en autonomie va débuter.
J'ai beaucoup aimé ce manga autobiographique qui fait la part belle à l'écologie. En toute transparence,
Shin Morimura nous présente son projet et sa réalisation avec un grand sens du détail. Avec humour il se met en scène, se représente comme un petit homme au bandeau noué sur les cheveux, un sabre en bandoulière, mini-samourai aux mains pleines d'ampoules et de pansements, aux baskets trouées. Sa chienne Hime, qui partage sa vie dans la forêt, est particulièrement attachante.
A noter pour ceux que le japonais passionne : si le nom de famille "Morimura" écrit en kanji signifie : Gardien de Village, "Mori" phonétiquement, désigne une forêt...
Faut-il y voir un signe ?
Cette quête solitaire du sens de sa vie, une vie en autonomie loin de la consommation de masse m'a paru un thème de manga très original : en effet, les mangas japonais, de manière générale, mettent l'accent sur des valeurs plus traditionnelles, comme esprit d'équipe et la solidarité, l'intérêt collectif passant toujours avant l'intérêt individuel.
Un grand merci à mon collègue DM, japonisant, pour sa traduction du nom du mangaka, ainsi que pour son regard attentif aux détails de la vie japonaise et à leur explication.