>
Critique de Merik
Dans la famille "L'incroyable histoire de... " chez Les Arènes, demander la littérature française ne suffira plus, il faudra désormais préciser la version. Première ou deuxième ? Voici en effet la nouvelle édition, enrichie au passage de quatre auteurs : de Gouges, Céline, Aragon, Duras. Ils complètent la panoplie déjà riche de la première mouture, qui du XVIe au XXe siècles, de Rabelais à Camus, présentait de manière chronologique les biographies des principaux auteurs classiques dans le contexte artistique et littéraire de leur siècle.
Avec pour chacun d'eux leur vie déclinée dans les grandes lignes, des petites anecdotes, parfois des démentis, des citations intégrées, des résumés de leur oeuvre majeure ou un aperçu de leur poésie, bref, largement de quoi susciter l'envie de découvrir ou d'approfondir leur production sous l'effet de désacralisation caché derrière les traits d'un dessin détaillé, nous les présentant familièrement dans des situations communes et humoristiques. Car s'il y a bien une constante, c'est la drôlerie qui peut surgir du décalage entre le récit officiel en commentaire et le dessin libéré, parfois anachronique dans les paroles, à contre-pied du récit, en redresseur de vérité ou en dérision, même s'il accompagne le récit la majorité du temps. Au final, la densité des planches se révèle bien digeste grâce au ton précis de l'ensemble, amené à nous distraire tout en nous instruisant.
Les « petits » nouveaux s'insèrent ainsi dans le XIXe et le XXe (et surtout une équipe foisonnante qui cartonne), avec une connotation plus engagée et une parité rigoureuse. Olympe de Gouges nous rappellera d'où proviennent les premières actions du féminisme en littérature, du XIXème. le cas Céline fait quant à lui un peu office de rabat-joie de service, son personnage aux relents misogynes et antisémites n'y étant pas pour rien. En suivant mais à l'opposé, Louis Aragon le militant communiste chante l'amour des femmes (enfin surtout celui d'Elsa), et triomphe en sortie de guerre, du côté des communistes. Enfin Marguerite Duras représentera quant à elle le Nouveau Roman.
Mais plus on se rapproche de l'ère contemporaine, moins le temps a fait office de régulateur historique, rangeant les uns et pas les autres dans la catégorie des auteurs classiques indéboulonnables. On pourra ainsi chipoter, en s'étonnant de l'absence de certains. Pourquoi le Nouveau Roman est représenté quand l'Oulipo est oublié ? Et l'écologie ? Perec aurait peut-être pu avoir sa place, Gary et sa riche bio auraient pu apporter une touche écologique avec l'avant-gardiste Les racines du ciel. Bref, le lecteur déjà bien gâté pourrait en réclamer un peu plus encore... Ce qui est plutôt bon signe.
Voilà en tous les cas une BD réjouissante, à offrir à son gamin candidat au bac de français. Mais pas seulement. Tout le monde pourra en effet y trouver son compte, de l'expert en littérature au novice, tous pourront découvrir ces auteurs ou enrichir leurs connaissances avec pour compagnie le rire, sous les traits humoristiques du dessin, sous l'égide d'un texte rigoureux dans les faits et régulièrement décalé dans les bulles.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
Avec pour chacun d'eux leur vie déclinée dans les grandes lignes, des petites anecdotes, parfois des démentis, des citations intégrées, des résumés de leur oeuvre majeure ou un aperçu de leur poésie, bref, largement de quoi susciter l'envie de découvrir ou d'approfondir leur production sous l'effet de désacralisation caché derrière les traits d'un dessin détaillé, nous les présentant familièrement dans des situations communes et humoristiques. Car s'il y a bien une constante, c'est la drôlerie qui peut surgir du décalage entre le récit officiel en commentaire et le dessin libéré, parfois anachronique dans les paroles, à contre-pied du récit, en redresseur de vérité ou en dérision, même s'il accompagne le récit la majorité du temps. Au final, la densité des planches se révèle bien digeste grâce au ton précis de l'ensemble, amené à nous distraire tout en nous instruisant.
Les « petits » nouveaux s'insèrent ainsi dans le XIXe et le XXe (et surtout une équipe foisonnante qui cartonne), avec une connotation plus engagée et une parité rigoureuse. Olympe de Gouges nous rappellera d'où proviennent les premières actions du féminisme en littérature, du XIXème. le cas Céline fait quant à lui un peu office de rabat-joie de service, son personnage aux relents misogynes et antisémites n'y étant pas pour rien. En suivant mais à l'opposé, Louis Aragon le militant communiste chante l'amour des femmes (enfin surtout celui d'Elsa), et triomphe en sortie de guerre, du côté des communistes. Enfin Marguerite Duras représentera quant à elle le Nouveau Roman.
Mais plus on se rapproche de l'ère contemporaine, moins le temps a fait office de régulateur historique, rangeant les uns et pas les autres dans la catégorie des auteurs classiques indéboulonnables. On pourra ainsi chipoter, en s'étonnant de l'absence de certains. Pourquoi le Nouveau Roman est représenté quand l'Oulipo est oublié ? Et l'écologie ? Perec aurait peut-être pu avoir sa place, Gary et sa riche bio auraient pu apporter une touche écologique avec l'avant-gardiste Les racines du ciel. Bref, le lecteur déjà bien gâté pourrait en réclamer un peu plus encore... Ce qui est plutôt bon signe.
Voilà en tous les cas une BD réjouissante, à offrir à son gamin candidat au bac de français. Mais pas seulement. Tout le monde pourra en effet y trouver son compte, de l'expert en littérature au novice, tous pourront découvrir ces auteurs ou enrichir leurs connaissances avec pour compagnie le rire, sous les traits humoristiques du dessin, sous l'égide d'un texte rigoureux dans les faits et régulièrement décalé dans les bulles.
Lien : https://www.benzinemag.net/2..
