Citations sur Dans la ville d'or et d'argent (26)
- Ce monstre aurait-il voulu que je laisse tuer des innocents ? Ne sait-il pas que l'islam interdit de s'attaquer aux non-combattants ? Tous ces religieux qui interprètent le saint Coran à leur façon pour lui faire dire ce qui les arrange sont nos pires ennemis ! Plus dangereux que les étrangers qui nous combattent car ils caricaturent à tel point notre religion qu'un jour on finira par considérer les musulmans comme des fanatiques qu'il faut écraser! "
De ce point de vue je trouve les animaux bien supérieurs, remarque un vieux taluqdar : ils tuent pour satisfaire leurs besoins vitaux mais ensuite laissent les autres vivres. Les hommes, eux, n'ont aucune limite à leur avidité, ils accumulent des richesses à ne plus savoir qu'en faire et tant pis pour ceux qu'ils jettent dans la misère!
Ces hommes ne meurent pas pour rien, ils meurent pour gagner leur liberté, leur dignité. En participant au combat ils ne sont plus de pauvres hères écrasés par le quotidien, pour la première fois ils trouvent un sens à leur existence misérable. Peu leur importe de perdre la vie, pour l'éternité ils seront des héros. Cette indifférence à la mort est la force mais aussi la faiblesse de notre armée, car les soldats négligent toute prudence. Contrairement aux Anglais, ils se battent moins pour gagner que pour se sublimer et accéder à la gloire.
La petite Muhammadi, la poétesse du Chowq, l'épouse éblouie de Wajid Ali Shah, la jeune régente, l'amante passionnée, la souveraine éclairée, le chef de guerre intrépide enfin, Hazrat Mahal fut comme une apparition fulgurante dans l'histoire.
elle a tracé la voie de la libération des Indes.
"Je les ai vus coudre des musulmans dans des peaux de porc et malgré leurs hurlements et leurs supplications les obliger à en avaler la graisse, raconte un vieux paysan. Quant aux hindous ils les cousaient également, mais dans des peaux de vache, et introduisaient de force dans leur gorge des morceaux de l'animal sacré. Je n'oublierai jamais les cris déchirants de ces hommes habituellement si stoïques devant les souffrances et la mort. Souillés, ils se savaient damnés à jamais. Les Anglais riaient et les insultaient puis, quand ils étaient fatigués de leurs cris, ils fermaient les sacs et les laissaient mourir étouffés. Enfin ils les faisaient inhumer contrairement aux principes de leur religion, incinérant les musulmans et enterrant les hindous."
Et j’en suis fière ! Ce monstre aurait-il voulu que je laisse tuer des innocents? Ne sait-il pas que l’islam interdit de s’attaquer aux non-combattants? Tous ces religieux qui interprètent le saint Coran à leur façon pour lui faire dire ce qui les arrange sont nos pires ennemis ! Plus dangereux que les étrangers qui nous combattent car ils caricaturent à tel point notre religion qu’un jours on finira par considérer les musulmans comme des fanatiques qu’il faut écraser !
D'un geste sec, la Rajmata signifie à Sir James que l'entrevue est terminée.
Tandis que la garde turque entoure le Résident pour le raccompagner, la mince silhouette noire, assises près de la Rajmata, et qui n'est autre que'Hazrat Mahal, se penche vers elle.
Il est blanc de rage, Houzour, il va se venger.
Voyons, ma fille, ils nous volent notre pays, que peuvent-ils faire de plus ? Je n'ai été que trop patiente ; lorsque ce malotru m'a insultée, je me suis retenue d'ordonner à mes amazones de le fouetter ! Quand je pense qu'il y a cent ans la Rajmata d'Awadh, la bégum Sadr i Jahan, se promenait en palanquin porté par une douzaine de prisonniers britanniques ... Hélas ! Les temps ont bien changé...
Le véritable chef n'est pas celui qui donne des ordres, c'est celui qui révèle un désir profond, sait le mettre en forme, le concrétiser, et pour cela il doit être au plus près du peuple.
La plaisanterie d'un de ses compagnons tire soudain le colonel de ses reflexions moroses :
"Avez-vous entendu la rumeur selon laquelle le superintendant de la Cour, l'eunuque Mammoo, serait l'amant de la régente, et sans doute le père du petit roi ?
- Un eunuque, comment serait-ce possible ?
- Il arrive, dit-on, que la castration ne soit pas complète, ou que le bourreau ait pitié. On a déjà vu de prétendus eunuques procréer. En tout cas cela expliquerait le singulier attachement de la bégum pour son serviteur et son incroyable élévation au poste de chef de la maison royale.
- Mais alors Birjis Qadar ne serait qu'un bâtard, sans aucun droit au trône ? S'exclame le colonel. Comprenez-vous, messieurs, ce que cela signifie ? "
Et, devant l'air perplexe de ses officiers :
"C'est une occasion inespérée de semer la division dans le camp ennemi. Déjà la cavalerie avait mal accepté l'intronisation d'un si jeune enfant. Si on accrédite le bruit qu'il n'est pas le fils de Wajid Ali Shah, lui et sa mère perdent toute légitimité. Les taluqdars, les rajahs et les cipayes vont s'entredéchirer sur le nom d'un nouveau candidat et, pendant ce temps-là, ils ne penseront pas à monter des opérations contre nous.
- Mais si c'était une calomnie ?
- Aucune importance ! Il faut en faire courir le bruit, déconsidérer la régente, faire douter de ce Birjis, fils de roi ou fils d'esclave ! Les fausses rumeurs ont toujours été l'une des plus puissantes armes de guerre, souvent plus efficaces que les canons. Envoyez immédiatement nos espions en ville et qu'ils s'emploient à insinuer le doute dans les esprits."
Ces hommes écrasés ont longtemps essayé de se faire comprendre, ils ont demandé un peu de justice, ils se sont heurtés à un mur. Et si dans ce mur aucune porte jamais ne s'ouvre, un jour, ils devront l'abattre. C'est le fondement de toutes les insurrections, de toutes les violences: l'impossibilité, quoi qu'on tente, de se faire entendre autrement.