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Citations sur Cœur tambour (30)

"Une petite fille solitaire et rêveuse, cela n’existe pas au Rwanda. Je me demande même si les mots « solitaire et rêveuse », surtout pour qualifier une petite fille, existent bien en kinyarwanda. C’est dans la bibliothèque du lycée ou dans celle du centre culturel français et plus encore dans les romans que je me procurais auprès des revendeurs de livres du marché que j’ai découvert à quelle catégorie de petites filles inconnues au Rwanda j’appartenais : celle des petites filles solitaires et rêveuses."
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Je me doutais bien que l’étagère de la salle de réunion n’était pas une vraie bibliothèque, aussi quand, à la suite du père Martin, je pénétrai dans l’ancienne, j’eus l’impression intimidante et exaltante à la fois d’être introduite dans un lieu sacré, un sanctuaire, le saint des saints réservé à de rares initiés. Je m’y suis sentie toute petite. Je levais respectueusement les yeux jusqu’au haut des rayonnages qui couvraient les murs et tapissaient la pièce jusqu’au plafond. Je retenais ma respiration. C’étaient de vrais livres qui se tenaient bien droits les uns contre les autres, comme des militaires le jour de la fête nationale, les uns dans leur bel uniforme de cuir, certains aussi gros que le missel dans lequel le prêtre lisait, pour ne pas se tromper d’une syllabe, les prières de la messe, les autres, comme de simples soldats dans leur modeste tenue de carton bleu ou noir.
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Chaque année, papa inventait une nouvelle « bonne affaire » : certaines réussissaient, beaucoup échouaient, mais c’est ainsi que papa narguait le malheur.
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Un père est toujours le plus grand.
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Un « coin tranquille », encore une chose qui n’existe pas au Rwanda. Où que vous alliez, vous n’échapperez jamais à la fourmilière humaine qui s’agite sur les mille collines du Rwanda : sous la voûte épaisse de la bananeraie, sur la crête rocailleuse où personne ne cultive plus, à l’abri du reboisement d’eucalyptus, sur la rive incertaine du marais, il y aura toujours quelqu’un pour vous tirer de vos songes : un petit berger et sa vache, des femmes revenant des champs, un panier de patates douces sur la tête, un homme poussant son vélo surchargé d’une cargaison de régimes de bananes ou de tôles pour sa nouvelle maison… Et vos rêves où vous étiez la reine d’un pays vaporeux se défont et s’évanouissent comme une écharpe de brouillard sur le marais.
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Nous savons, par exemple, que tu es intel­li­gente, trop intel­li­gente même, la Répu­blique du peuple majo­ri­taire n’a pas besoin de Tutsi femmes savantes.
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D’où venaient-​ils, ces mots ? du kinyar­wanda, la langue mater­nelle de la chan­teuse, d’un anglais dans la version rasta-​jamaïcaine, du yoruba-​cubain, d’un fran­çais quelque peu créo­lisé, certains préten­daient y recon­naître les sono­rités de l’amharique, du swahili, du sango, du wolof, du ruhima, du lingala, du copte, du sans­krit, de l’araméen..
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Je finis par lui dire : " Cette nuit, j'irai au marais, j'irai rencontrer Nyabingui, je sais que c'est moi qu'elle veut. Il n'y a rien d'autre à faire. De toute façon, Nyabingui viendra me chercher, et ça tu le sais. "
Maman ne me répondit pas : elle savait bien, elle aussi, qu'il n'y avait rien d'autre à faire.
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Il lui avait été révélé que les trois tambours jamaïcains et les trois tambours ka de la Guadeloupe qui étaient battus en alternance (c'étaient, laissait-elle entendre, les tambours eux-mêmes qui lui en avaient fait confidence) étaient des tambours marrons qui avaient été fabriqués et battus par des esclaves en fuite. A propos du tambour rwandais, elle proclamait que lui aussi était un tambour marron car, au Rwanda, tous les tambours qui n'avaient pas été détruits ou dissimulés aux persécuteurs étaient tombés en esclavage. Ils étaient battus dans les missions à la gloire du dieu des Blancs ou pendant les meetings du parti unique pour acclamer le Président qui croyait ainsi usurper leur puissance. Les tambours du Rwanda étaient devenus des esclaves et les tambours qui, comme Ruguina, avaient échappé à l'embrigadement religieux ou politique étaient bien des tambours marrons.
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"Au lieu d’être courbée vers le sol, Nyabingui, si c’était elle, se tenait droite et son visage, qui se détachait avec une netteté étrange entre les tiges et les panaches des papyrus, semblait rayonner de tant de bienveillance qu’au lieu de m’enfuir comme j’aurais dû le faire, comme il m’avait été tant de fois recommandé, je me vis m’avancer pour l’approcher, pour la saluer comme on fait au Rwanda par une longue étreinte."
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