"Comment sauver son enfant d'une mort certaine ? Faut-il, comme le croit le père de l'auteur, faire confiance à l'école afin qu'elle obtienne un «beau diplôme»? Ainsi elle ne serait plus ni hutu ni tutsi : elle atteindrait le
statut inviolable des «évolués».
Cette petite phrase introductive dit l'essentiel de ce texte autobiographique d'une dame , qui reçut le prix Renaudot, en 2012... avec "Notre-Dame du Nil"... [qu'il me restera à découvrir ! ]
Un texte aux sujets douloureux, rappelant les horreurs survenues au Rwanda... dans les années 1990. le père de l'auteur se battra pour tenter de sauver ses enfants par l'école, les filles y compris !
Mais le talent suprême de Scholastique Mukasonga... est de ne jamais être dans les pleurs, le drame... de rester dans la vie , en dépit des pertes insupportables [ le massacre de sa famille], elle se bat pour ce fameux diplôme d'"assistante sociale", qu'elle veut obtenir envers et contre tout; Elle affronte toutes les difficultés, les exils, les adaptations aux différents pays où elle doit vivre...et travailler !
Beaucoup de mal à parler de cette lecture, qui m'a très fortement émue !...
"Cosmas, mon père, je peux dire que je lui dois deux fois la vie. D'abord, c'est mon père, mais c'est lui aussi qui m'a encouragée à aller à l'école, moi qui, petite fille, préférais trottiner accrochée au pagne de ma mère (...)
C'est grâce à lui que le français, qu'il ne connaissait pas, est devenu pour moi cette seconde langue qui fut mon passeport et mon sauveur. Mon père s'était juré de sauver au moins un de ses enfants par l'école, et il ne s'est pas trompé. "(p. 174-175)
Un très beau récit ainsi qu' un hommage infini à son père et sa mère...aux siens. Les mots, l'instruction, les livres ...les études pour tous les enfants, les garçons comme les filles.. .pour lutter contre toute BARBARIE !
Le récit, la mise en valeur également de l'Afrique, des coutumes, des traditions...Un livre qui de façon incroyable déborde de Vie, d'enthousiasme, de détermination... des plus communicatives... des plus exemplaires... !
Voici le beau récit autobiographique de l'auteur de retour au Rwanda, des années aprés le génocide de 1994, qui explore entre joie et tragédie, humanité , force et modestie cette quête obstinée surtout ," d'école en école" , du fameux diplôme "d'assistante sociale "qui selon son père, Tutsi, pour qui faire confiance à cette institution était primordial, afin que celui - ci lui ouvre des portes prometteuses . ......
Devenir "assistante sociale "la hisserait , elle, de condition modeste, au dessus du statut --ni Hutu ni tutsi----: "elle atteindrait le niveau inviolable des évolués", elle , si courageuse et si forte...
La romancière évoque , à l'aide de son écriture imagée , enjouée, ses mots et ses images , maniant la langue comme personne , les exils , les déplacements successifs, les humiliations de sa communauté méprisée comme de sa famille .....du Rwanda jusqu'au Burundi ....
Avant que le massacre de huit cent mille Tustis d'avril à juillet 1994, n'élimine tous les siens .
Mariée à un français , elle vivait alors en Normandie ......
Ce qui est remarquable dans ce récit solaire , infiniment émouvant ,c'est sa volonté inébranlable de devenir une femme "libre" et éduquée, sa fierté d'être Africaine, riche des coutumes ancestrales et du savoir - faire de son peuple, sa capacité d'accueil, sa dignité , sa pudeur , sa politesse, ses traditions immuables .
Sa lutte opiniâtre grâce à son beau diplôme ce " talisman" , cette source d'énergie inépuisable qui lui permettront de surmonter désillusions, humiliations , mises à l'écart, désespérances et déconvenues donnent une force incroyable aux savoureuses anecdotes de sa jeunesse.....
Elle fait revivre à sa manière positive, enthousiasmante, déterminée, jamais négative la culture de son peuple , les subtilités de sa langue , en forme d'hommage à ses parents disparus , une communauté dévastée et sacrifiée .
Un récit pétri d'humour et de fantaisie qui rend passionnant le récit des ses souvenirs , si douloureux --- soient-ils !
J'ai lu plusieurs livres sur le drame du Rwanda mais jamais vu du côté positif et déterminé , une force de vie et une générosité telles malgré un parcours si difficile et chaotique !
C'est la grâce de l'entreprise littéraire !
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !
Elle a passé la moitié de sa vie à courir après un modeste diplôme d’assistante sociale. Son père croit que l’école sauvera ses enfants, un beau diplôme c’est un passeport pour l’avenir, la seule preuve au monde que l’on existe, un véritable sauf-conduit, qui permet de préserver sa dignité, son indépendance, d’assurer la protection de ses enfants. Sa carte d’identité porte, comme une marque infamante, la mention TUTSI. Chassée de son pays, réfugiée au Burundi frontalier. Mais hélas ce diplôme, quand on est réfugié ne lui donne pas les mêmes chances que ses camarades, commence le long chemin chaotique et difficile pour trouver du travail.
Mariée à un Français la voilà à Djibouti où on n’a pas l’utilité d’une assistante sociale puis en France où son diplôme n’a aucune valeur, il faut un diplôme français. À la veille de ses quarante ans, elle reprend donc ses cahiers, retrouve les bancs de l’école où les élèves ont l’âge de ses enfants.
Dans ce récit autobiographique, Scholastique Mukasonga nous raconte le parcours d’une jeune fille, devenue femme qui s’obstine à obtenir un diplôme. Une écriture enjouée, remplie d’anecdotes, de traditions, de coutumes pour nous conter son histoire et à travers elle, celle de son peuple condamné à s’exiler jusqu’au génocide des Tutsis, où trente-sept membres de sa famille sont assassinés. Un hommage à son père, considéré comme un sage, devenu modeste commerçant, car un homme se déshonore s’il reste à la maison comme une femme, un père qui est persuadé que l’éducation est un laissez-passer vers la liberté.
Le parcours d’une jeune fille qui ne possède qu’un seul livre et qui va découvrir émerveillée, une bibliothèque dont les murs sont tapissés de livres. Ce récit se termine par le retour à Kigali, au Rwanda aujourd’hui, sur les traces de la terre de ses parents, un pèlerinage douloureux, même le lac où elle allait chercher de l’eau a disparu comme mort de chagrin. Hôtels, restaurants, entreprises ont poussé comme des champignons, aujourd’hui les femmes sont partout, elles sont députés, médecins, militaires, femmes d’affaires. Ce sont les femmes qui choisissent leur mari, c’est le Rwanda nouveau !
Le récit émouvant d’une femme généreuse fière de ses origines, de la richesse de son peuple sacrifié.
Scholastique Mukasonga n'a que 4 ans quand sa famille Tutsi est déportée à Nyamata. Quand le père de famille comprend que ses enfants devront toujours lutter pour se faire une place dans ce Rwanda où les Hutus les haïssent, il s'obstine à leur faire prendre le chemin de l'école, persuadé qu'un beau diplôme les sauvera.
La jeune Scholastique réussit l'examen d'entrée au secondaire puis celui de l'école d'assistante sociale de Butare. Mais les raids contre les Tutsis se multiplient, elle doit fuir au Burundi où elle compte bien finir son cursus…
A travers ces « péripéties d'une jeune diplômée », c'est son histoire de réfugiée puis d'exilée, avec son cortège de galères, de colère et d'injustices que Mukasonga donne à voir. Pourtant, le ton n'est pas dramatique, il y a de l'humour et de la poésie dans cette écriture vive, et une certaine tendresse dans le regard que porte Scholastique Mukasonga sur les habitants de cette région d'Afrique; Beaucoup de passages m'ont fait sourire, d'autres sont touchants d'humanité.
Tout est en contraste dans ce récit autobiographique, peut-être à l'image de ce que ressent l'autrice pour cette terre qui est la sienne et qui lui a pourtant tout pris.
C'est de ce contraste que vient la force du récit, montrer la douleur de l'exil à hauteur de jeune fille, qui voit le monde avec l'espoir et la naïveté sincère des jeunes gens.
Finalement ce n'est pas le beau diplôme de Mukasonga qui la sauvera, mais bien cette confiance qu'elle place dans l'injonction de son père à réussir, cette vivacité d'esprit et cette détermination, qui force l'admiration.
Scholastique Mukasonga rend un vibrant hommage à son père Cosmas à qui elle dédie ce roman pour lui avoir inculqué la valeur du travail et l'avoir encouragée à persévérer.
Elle revient sur son parcours scolaire atypique, avec en toile de fond le génocide de 1994 ( décimant les Tutsi). La situation l'oblige à quitter le Rwanda pour le Burundi. Son Graal : obtenir le diplôme d'assistante sociale, ce qui lui assurait un « passeport pour la vie ». Que d'efforts et de sacrifices ( son seul bagage:une valise en carton, conditions spartiates) pour décrocher ce sésame ! Mais que de désillusions ensuite, car l'étudiante fraîchement diplômée, avait pensé que ce « talisman », lui ouvrirait les portes du monde du travail. Elle galère jusqu'à ce qu'elle travaille pour l'UNICEF, puis rencontre son mari. Son parcours du combattante se poursuit à Djibouti(où elle se sent apatride), en France ( en 1992) où elle réalise que ce fameux papier est sans valeur! Elle va de Charybde en Scylla et nous émeut.
La romancière nous dépayse d'abord avec tous ces lieux peu familiers, puis nous plonge dans les traditions du Rwanda ( hospitalité, tenues vestimentaires, nourriture) et en constellant le récit de termes locaux ( imvutano, imbabura, impundu, barza...), de chants. Elle livre un témoignage édifiant de la condition féminine et de l'accès à l'éducation, aux livres en Afrique. Elle convoque un chapelet de souvenirs poignants lors de son retour au pays. On referme ce roman à la veine autobiographique, la gorge serrée. Toutefois, l'humour lui a permis de « digérer les drames », confie-t-elle.
L'auteure force l'admiration par son courage, son opiniâtreté,sa force de caractère, son audace, ayant eu à supporter l'exil, la solitude, tant de déboires et d'obstacles !
Son aisance à argumenter et à convaincre à l'oral est à l'égal de sa puissance à l'écrit
En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.